cuisine haïtienne

Cuisine haïtienne : Carte culinaire d’Haïti

jeune fille haïtienne écrasant un fruit à pain avec un grand mortier dans la cour
Jeune fille écrasant un fruit à pain avec un pilon pour préparer du tonmtonm
Photo: Jean Oscar Augustin

Cuisine haïtienne : Carte gastronomique d’Haïti

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Une carte gastronomique de la cuisine haïtienne

Accompagnez-nous dans un voyage gourmand à travers l’un des plus charmants petits pays des Caraïbes, alors que nous traçons les repères les plus emblématiques du manje peyi – la « cuisine du pays », ou cuisine haïtienne.

Réputé pour son climat caribéen, sa scène artistique florissante et sa vision positive, ce petit pays ne se laisse certainement pas distancer par sa culture culinaire. Fruit de siècles de syncrétisme culturel, la cuisine créole haïtienne est un mélange de styles culinaires caribéens autochtones, africains et coloniaux français, agrémenté d’une touche épicée d’influence espagnole venue de l’est de l’île (et renforcée par la superbe croissance des piments habanero ici !).

De nombreuses recettes haïtiennes « classiques » se sont cristallisées dès les débuts de l’histoire républicaine d’Haïti et ont traversé les époques, mais les Haïtiens sont fiers de leur esprit d’innovation, et la cuisine haïtienne ne fait pas exception.

table avec un bol d'akasan haïtien, du pain, des noix de cajou, de l'anis étoilé et un verre d'eau
Un bol d’akasan
Photo: Jean Oscar Augustin

Commençons par le commencement

Le petit-déjeuner en Haïti commence avec l’akasan, une bouillie épaisse à base de maïs, servie avec du sucre, de la cannelle et du lait de coco. Au fil des ans, des ingrédients comme le lait de vache ainsi que des extraits de vanille et d’amande y ont également été ajoutés. Le nom akasan fait partie de l’héritage linguistique laissé par les habitants indigènes d’Hispaniola – en particulier une tribu appelée les Arawaks, majoritaires sur l’île au moment de sa colonisation.

Les Arawaks nous ont également laissé la recette du kasav. Comparable à une galette, le kasav est préparé à base de manioc et se déguste généralement avec du beurre de cacahuète ou de l’avocat. Certains innovent et savourent leur kasav avec une omelette ou du fromage.

table avec du café haïtien, du manioc, des fruits et du beurre de cacahuète
Petit-déjeuner haïtien avec kasav
Photo: Jean Oscar Augustin

Aujourd’hui, chaque département a sa propre spécialité culinaire. Les villes côtières comme Jacmel, Les Cayes et Port-Salut sont réputées pour leurs plats à base de poisson frais – frit, bouilli, grillé ou en sauce – accompagné de riz, de bananes plantains ou d’autres tubercules comme l’igname, le taro ou les patates douces.

Grand’Anse

Le département de la Grand’Anse, dont le chef lieu est Jérémie, est célèbre pour son tonmtonm ; un plat d’origine africaine, importé dans les Caraïbes par le commerce des esclaves. Le tonmtonm est une préparation de fruit à pain pilé, servie avec une sauce gonbo — à base de gonbo — et se mange généralement avec les mains. La tradition veut que le tonmtonm soit avalé sans être mâché, pour vraiment en apprécier toutes les saveurs.

La Grand’Anse est également le berceau du konparèt : des biscuits épais, nourrissants et sucrés, préparés avec de la farine, du sucre et du lait, et aux saveurs délicieuses. Ils peuvent être consommés en apéritif, mais attention à ne pas en abuser ; ils sont assez rassasiants.

deux assiettes de fruit à pain écrasé et de tonmtonm haïtien
Tonmtonm haïtien
Photo: Jean Oscar Augustin

Ouest

La ville de Petit-Goâve est réputée pour son dous makòs : une douce friandise à base de lait qui fond lentement sur la langue. Si vous faites un arrêt à Petit-Goâve, un bon morceau de dous makòs fera un excellent dessert après une assiette de fruits de mer fraîchement cuisinés.

Nord

De l’autre côté de l’île, au nord, tout le monde s’accorde à dire que la ville de Cap-Haïtien regorge de cuisiniers talentueux. Espérant tirer parti de cette réputation, de nouveaux restaurants émergent régulièrement dans la ville, offrant ainsi toujours quelque chose de nouveau à découvrir (et de nouveaux entrepreneurs à soutenir) pour les visiteurs fidèles.

La cuisine de Cap-Haïtien est particulièrement réputée pour ses recettes à base de noix de cajou, alors ne manquez pas d’essayer quelques plats locaux aux noix de cajou pendant votre séjour ! Originaire du Brésil, le cajou est aujourd’hui une culture importante dans toute la Caraïbe, et la majorité de ceux d’Haïti sont cultivés ici même, dans le département du Nord.

Artibonite

L’Artibonite, juste au sud-ouest du département du Nord, est le centre de la production de riz et de lalo en Haïti, un ragoût d’origine africaine. Aussi appelé épinard égyptien ou oseille de l’Afrique de l’Ouest, le lalo est le nom local du jute. Aux États-Unis et en Europe, le jute est peut-être mieux connu comme source de fibre pour les cordages, mais ici en Haïti (et dans la plupart des régions d’Afrique et d’Asie), cette plante aux multiples talents est largement utilisée en cuisine.

Pour préparer le lalo, on cueille de fraîches feuilles de jute bien vertes, puis on les fait mijoter avec des épinards, des oignons, des poivrons et de l’ail, ainsi que des morceaux de poisson ou de viande assaisonnés à la créole. Ce qui distingue le lalo de Montrouis des plats de lalo que l’on trouve ailleurs dans la province de l’Artibonite – et qui en fait une spécialité à goûter absolument – c’est qu’il est préparé avec des crabes de mer fraîchement pêchés.

deux assiettes de lalo haïtien avec du riz
Lalo haïtien avec du riz
Photo: Jean Oscar Augustin

Et où que vous alliez, vous trouverez…

Des patates douces et du maïs.

Les patates douces sont présentes dans plusieurs recettes classiques haïtiennes, comme le patat ak lèt (patate au lait), préparé en faisant d’abord bouillir la patate, puis en la pelant et en la nappant de lait sucré, avec juste une pincée de sel pour en rehausser les saveurs naturelles.

Le maïs est consommé partout dans le pays et fait partie de nombreux repas. Dans sa forme la plus simple, cet aliment de base se présente sous forme de polenta chaude et crémeuse – appelée mayi moulen en Haïti. Le maïs peut également être bouilli (quel plaisir de croquer dans un épi juteux, imprégné de la sauce dans laquelle il a cuit !). Il est l’ingrédient principal du konsonmen, un ragoût composé de maïs, riz, haricots et d’autres délicieux ingrédients. Le maïs est aussi à l’honneur dans le tchaka, un ragoût épais et riche, composé de maïs, de viande (beaucoup de viande), de légumes et de purée de haricots. Vous trouverez également le maïs fumé, et dans le pèt-pèt. Le pèt-pèt n’est en fait que du popcorn, mais nous devons le mentionner, car son nom haïtien est un vrai plaisir à prononcer !

Partez pour un voyage culinaire à travers Haïti !

On ne peut pas dessiner une carte d’Haïti avec seulement des collines, des vallées, des montagnes et des plages. Plutôt que de se fier uniquement à un itinéraire physique, pourquoi ne pas utiliser votre voyage actuel — ou le prochain — pour découvrir Haïti à travers ses saveurs variées ? Audacieuse, mais toujours équilibrée, la cuisine haïtienne est aussi diversifiée et nuancée que le peuple de l’île.


Rédigé par Melissa Beralus et traduit par Kelly Paulemon.

Publié en janvier 2022


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old colonial houses on city street in jacmel