Histoire & Patrimoine

11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

Groupe Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

Copy LinkEmailFacebookShare

Si vous savez déjà un peu sur Haïti, vous avez probablement une idée de notre magnifique pays, situé sur l’île enchanteresse d’Hispaniola que nous partageons avec la République Dominicaine. Il est possible, cependant, que vous n’ayez pas encore entendu parler de certaines des traditions culturelles haïtiennes les plus uniques, connues uniquement des locaux.

Pour satisfaire votre curiosité, nous avons rassemblé une sélection de nos traditions les plus anciennes, allant de la vie quotidienne dans nos communautés rurales à l’effervescence de nos villes et à notre riche culture culinaire.

groupe d'Haïtiens assis sur des chaises et sur un porche dans une cour
Récit Krik-krak à Cayes Jacmel
Photo: Anton Lau

1. « Krik-Krak »

Tout vrai Haïtien sait que l’exclamation « krik ? » est toujours suivie d’un excellent « krak », ou histoire, car raconter des contes fait partie intégrante des traditions culturelles d’Haïti. Que ce soit sous une tonnelle en buvant du thé au citronnelle avec de la cannelle ou dans le confort d’une pièce chaude, les plus jeunes se rassemblent autour des plus âgés pour écouter leurs récits d’antan.

Si vous voulez attirer l’attention d’un ami haïtien, profitez de chaque occasion pour lancer un « krik ? » et il répondra inévitablement par un « krak ». Mais attention, votre histoire doit être à la hauteur!

Ça a l’air intéressant, n’est-ce pas ? Découvrez l’histoire de cette tradition unique et l’impact du krik-krak dans la culture haïtienne. De plus, pour une excellente lecture, le livre Krik? Krak! est une compilation de fascinants contes haïtiens d’Edwidge Danticat, l’une des auteures haïtiennes les plus célèbres à ce jour.

Travailleurs dans un konbit aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

2. Konbit

Si vous traversez certaines régions rurales d’Haïti pendant la saison de labour, ne soyez pas surpris de voir tous les villageois travailler ensemble ou sur les terres des uns et des autres. Cette forme d’organisation sociale dans nos sociétés rurales est une part essentielle de notre culture et l’une des plus anciennes traditions haïtiennes qui perdurent jusqu’à ce jour.

Tandis que les hommes manient joyeusement leurs kouto digo (hachettes) et machettes pour déterrer et travailler la terre avant le prochain semis, les femmes préparent les repas. De plus, le mot « konbit » en créole haïtien est devenu un terme utilisé pour désigner la vie en harmonie et les pratiques de voisinage uniques à la communauté haïtienne.

bâtiment peint de couleurs vives dans une communauté vaudou
Lakou Soukri aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

3. Lakou

Imaginez vivre dans une patrie au sein d’une autre, où chaque individu fait partie intégrante d’une société plus large dédiée à un bien commun. En Haïti, un tel lieu est connu sous le nom de lakou. Il est courant de voir des familles haïtiennes partager des espaces communs autour de leurs unités familiales centrales.

Le lakou sert de cocon éducatif dans lequel les plus jeunes membres peuvent apprendre à partager et à vivre en harmonie avec leurs voisins grâce à leurs aînés. Ceux qui grandissent dans la commune ont la responsabilité, un jour, de revenir honorer leur famille, chercher des conseils avisés et s’excuser publiquement auprès des esprits vaudou ou des loas qui pourraient avoir été offensés.

De nombreuses communautés rurales haïtiennes dépendent de l’organisation sociale que les lakou offrent pour avancer dans la vie quotidienne. Elles ne se contentent pas de labourer la terre ensemble, mais partagent aussi et pratiquent leur croyance en le vaudou haïtien. Le culte des esprits est profondément ancré dans le lakou, et des lakou bien connus comme Souvans, Soukri et Badio perpétuent cette tradition culturelle unique à Haïti.

Préparations de Beny Chans à Kabik
Photo: Anton Lau

4. Beny chans

Cela pourrait sembler étrange au premier abord, mais si vous tombez sur un grand bol d’eau rempli d’herbes et de feuilles en voyageant à travers Haïti, alors vous avez rencontré un « beny chans« . Traditionnellement utilisé comme douche d’herbes pour les femmes après l’accouchement, il est également considéré comme une potion pour la chance, pour trouver une âme sœur, voire pour la protection lors d’un voyage qui changera la vie.

Si vous n’avez pas grandi en Haïti, vous pourriez être réticent à plonger vos mains dans ce mélange inhabituel. Pourtant, pour les locaux, cela fait partie intégrante de la culture haïtienne unique – à tel point qu’il ne serait pas surprenant qu’un Haïtien vivant à l’étranger revienne en Haïti pour recevoir cette onction sacrée la veille du Nouvel An.

Vous vous sentez aventureux ? Allez-y, essayez-le. Mais n’oubliez pas de puiser dans vos racines afro-caribéennes avec notre guide pour un retour aux sources.

un prêtre vaudou et un praticien effectuant une danse
Rituel lors d’une cérémonie vaudou
Photo: Pierre Michel Jean

5. Cérémonie vaudou et danse

Voici l’une des traditions culturelles haïtiennes qui éveillera sans doute votre curiosité. Oubliez le concept mainstream d’un groupe de satanistes assoiffés de sang se rassemblant dans une église gothique délabrée – il s’agit là du stéréotype hollywoodien par excellence. Pensez plutôt à une véritable expérience spirituelle où les participants entrent dans un état de transe, en harmonie avec des entités spirituelles puissantes.

La culture haïtienne n’est pas la seule à avoir le vaudou comme pratique religieuse, des rituels similaires sont activement pratiqués dans des endroits comme le « Deep South » en Louisiane ou le pays insulaire africain du Bénin. Dans des pays comme le Brésil et Cuba, la pratique de la santería est encore courante dans de nombreuses communautés. La tradition vaudou haïtienne, cependant, comporte des éléments issus de siècles de syncrétisme, résultant en un mélange des traditions spirituelles africaines, chrétiennes et taïnos.

Le vaudou est une forte tradition culturelle dans l’imaginaire collectif haïtien—et il est présent dans les peintures, la musique, les danses et la littérature haïtiennes. Plus qu’une simple religion ou spiritualité, le vaudou est un patrimoine immatériel que tous les Haïtiens partagent, qu’ils se considèrent comme de véritables pratiquants ou non.

Prêt pour une expérience unique ? Découvrez comment assister à une cérémonie vaudou en Haïti.

homme haïtien vêtu d'une chemise violette avec des os humains célébrant le Fèt Gede
Fèt Gede à Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

6. Fèt Gede

Les morts occupent une place de grande importance dans la vie quotidienne haïtienne, et les honorer constitue l’une des traditions culturelles les plus sacrées. Pour ce faire, tout le mois de novembre est consacré chaque année à des cérémonies visant à apaiser les morts et à communiquer avec eux. Les esprits qui règnent sur le monde des morts dans le panthéon vaudou haïtien sont Bawon Samdi et Grann Brigitte.

Les Gédé symbolisent les esprits de ceux qui sont passés dans l’autre monde. Lors des cérémonies organisées en leur honneur, ils reviennent pour apporter de la joie au peuple avec leurs danses frénétiques et leurs paroles osées.

Chaque célébration haïtienne du jour des morts est remplie d’une aura d’excitation et de mysticisme, que vous pouvez découvrir par vous-même dans ce journal photo d’une célébration de la Fèt Gede aux Gonaïves.

groupe d'Haïtiens marchant en jouant des trompettes lors des festivités de rara
Orchestre rara défilant à Bois Moquette
Photo: Franck Fontain

7. Rara

Toutes les traditions culturelles haïtiennes n’ont pas des origines aussi sombres que celles liées à la mort. En fait, certaines d’entre elles sont plutôt joyeuses, et le Rara en est un parfait exemple. Ces groupes qui défilent à pied dans les rues pendant les week-ends précédant le Carnaval et la période de Pâques constituent l’une des pratiques culturelles les plus connues d’Haïti.

Ces groupes animés de bons vivants jouent divers instruments, tels que le bambou, le vaccin, les cymbales, et parfois même des trompettes et d’autres instruments à vent. Leur répertoire va des parodies de chansons populaires aux chansons originales et celles écrites pour des occasions spéciales.

Chaque groupe est précédé par un homme portant un drapeau, une femme vêtue des couleurs du groupe, et de jeunes filles qui lancent la procession. Suivent les musiciens et le reste du groupe joyeux qui danse au rythme de la musique.

Aujourd’hui, la pratique du Rara n’est pas uniquement propre à Haïti ; d’autres pays des Caraïbes comme Cuba et la République Dominicaine, où elle est connue sous le nom de Gaga, ont adopté cette tradition culturelle en provenance d’Haïti.

Découvrez les véritables origines de la tradition Rara d’Haïti et rejoignez la célébration!

Un groupe de Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augus

8. Lansèt kòd

Si vous visitez Haïti pendant la période du Carnaval, vous aurez sans aucun doute l’occasion d’être témoin de l’une des traditions culturelles les plus inoubliables : la célèbre procession des Lansèt Kòd. Certains Haïtiens vous diront qu’ils en ont été traumatisés lorsqu’ils étaient enfants. Ces groupes qui envahissent les rues de villes comme Jacmel, Jérémie ou Cap-Haïtien lors des dimanches précédant le Carnaval ont plus que ce qu’il faut pour impressionner.

Vêtus de cornes de taureau sur la tête et de fouets à la main, ces hommes aux muscles saillants et torse nu envahissent les rues, entièrement recouverts de peinture noire. Oui, vous avez bien lu : ils sont totalement couverts d’une substance noire comme du pétrole brut. Tout au long de la procession du Carnaval, ils offriront une performance qui restera gravée dans votre mémoire pendant un certain temps.

Découvrez-en plus sur la tradition des Lansèt Kòd ici!

Une ligne de danseurs se produisant lors du carnaval à Jacmel, Haïti
Carnaval à Jacmel
Photo: Franck Fontain

9. Carnaval

Le carnaval haïtien est l’un des plus largement reconnus des Caraïbes. Celui organisé à Jacmel a été décrété fête nationale en raison de son attrait artistique, attirant de nombreux touristes chaque année. C’est une manifestation culturelle aux couleurs vives où vous pourrez admirer le talent des artisans haïtiens à travers des thèmes rappelant la flore et la faune du pays.

Cette célébration populaire n’est pas seulement l’occasion pour les artistes et artisans de montrer leurs talents ou d’attirer les visiteurs, mais c’est aussi un moyen pour la population d’exprimer ses problèmes avec les autorités en place. C’est une fête où tous les niveaux de la société se rassemblent sans honte, sans se soucier des barrières sociales.

Si vous souhaitez faire partie des festivités ce février, alors vous feriez bien de vous préparer à faire la fête comme un Haïtien lors du Carnaval de Jacmel.

Un bol de soupe joumou
Soupe Joumou
Photo: Franck Fontain

10. Soup Joumou

Si vous rendez visite à une famille haïtienne le jour du Nouvel An, vous serez agréablement surpris par une pratique culinaire aussi ancienne qu’Haïti : la préparation traditionnelle de la Soupe Joumou. Alors oubliez votre envie de manger autre chose et laissez notre succulente soupe séduire vos papilles.

Préparée à partir d’une base de giraumont (courge turban), d’où la soupe tire son nom, ainsi que de légumes et de tubercules, ce plat est un incontournable dans tous les foyers haïtiens le jour du Nouvel An. Ne soyez pas surpris de voir des gens intégrer la Soupe Joumou à chaque repas servi pendant toute la célébration. C’est tout simplement délicieux.

Cette tradition remonte au 1er janvier 1804, lorsque la jeune nation choisit ce délicieux plat – jusqu’alors réservé aux colonisateurs et invités spéciaux – pour célébrer leur liberté fraîchement acquise.

Vous voulez découvrir ce qui rend la Soupe Joumou si unique ? Plongez dans l’histoire de ce plat et apprenez les bases pour préparer la meilleure Soupe Joumou.

Fête champêtre à Saut d’Eau
Photo: Franck Fontain

11. Fête champêtre

Chaque ville en Haïti a son propre saint patron vers lequel les habitants se tournent pour confesser leurs peines et leurs joies ou formuler des pétitions spéciales. Ces célébrations culturelles des saints patrons, également appelées fêtes champêtres, sont d’un autre niveau.

Indépendamment de leurs croyances religieuses, les habitants d’autres villes provinciales, ainsi qu’une foule de curieux et de touristes, se dirigent vers les villes principales de chaque village pour célébrer la fête dédiée au saint patron.

Aux côtés des pèlerins religieux, il y a aussi les fêtards qui sont là uniquement pour profiter du festival après la Grande Messe de la paroisse locale. Parmi les fêtes champêtres les plus populaires en Haïti figurent les célébrations de Notre-Dame du Mont-Carmel à Saut d’Eau et de Notre-Dame à Petit-Goâve.

Rassemblez-vous avec les locaux et partez en pèlerinage à Saut d’Eau, que ce soit pour des raisons spirituelles ou simplement pour célébrer et faire la fête avec la foule.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en décembre 2022.


15 faits amusants sur Haïti

Voilier à Labadee
Photo: Jean Oscar Augustin

Faits amusants sur Haïti

Copy LinkEmailFacebookShare

Vous avez probablement déjà entendu parler d’Haïti, que ce soit dans les actualités, en cours d’histoire ou ailleurs. Mais qu’est-ce que vous savez exactement de ce magnifique pays ?

Nous avons rassemblé certains des faits les plus surprenants et intéressants sur notre pays et les personnes formidables qui y vivent. Des célébrations culturelles et des vieux drapeaux aux traditions culinaires insolites et des faits pratiques pour les voyageurs. Alors, continuez à lire et apprenez à mieux connaître Haïti avec ces 15 faits amusants !

Île de Petite Cayemite près de Pestel
Photo: Anton Lau

1. Haïti est (une partie de) une île

Si vous prévoyez de visiter la République d’Haïti, gardez à l’esprit qu’elle constitue en réalité la partie occidentale d’une île qu’elle partage avec une autre république, la République Dominicaine. Le nom de cette île est Hispaniola. La République Dominicaine se trouve à l’est, et sa capitale est Saint-Domingue. Haïti se trouve à l’ouest, et sa capitale est Port-au-Prince. Les deux nations partagent, en plus de l’île, une histoire mouvementée, chacune possédant une identité culturelle unique malgré quelques similitudes qu’elles ont en commun.

Forêt montagneuse à Seguin, Parc National La Visite
Photo: Alamy

2. Haïti est montagneuse.

Peu importe où vous vous trouvez en Haïti, vous serez soit sur une chaîne de montagnes, soit vous en aurez une en vue. Le pays est composé d’une série de paysages montagneux à couper le souffle. En fait, le nom même d’Haïti signifie « terre montagneuse » dans la langue taïno, parlée par les habitants indigènes de l’île.

Donc, si vous aimez la randonnée en montagne, Haïti est la destination touristique idéale pour vous. Deux principales chaînes de montagnes dominent la topographie du pays, s’étendant du nord au sud. Alors, enfilez vos chaussures de randonnée et prenez votre appareil photo, et venez profiter de nos paysages montagneux et de l’air frais de la campagne !

Lever du soleil sur une plage avec des palmiers et un poste de sauveteur
Lever du soleil sur la plage de Ti Mouillage, Jacmel
Photo: Anton Lau

3. C’est l’été toute l’année

En Haïti, il y a du soleil, et encore du soleil ! Dans notre pays, le temps est agréable tout au long de l’année. Le climat tropical signifie généralement une saison chaude et une autre un peu plus douce. Donc, quelle que soit la période de l’année, les plages de sable blanc d’Haïti vous attendent pour vous accueillir. N’oubliez pas d’emporter votre maillot de bain pour vous baigner dans l’océan, car l’été ici ne se termine vraiment jamais – et c’est un fait !

Plage de Labadee
Photo: Shutterstock

4. Nous avons des côtes à couper le souffle

Les Caraïbes sont bien connues pour leurs plages magnifiques, et nos plages figurent parmi les plus belles de la région. Vous pouvez visiter l’île aux Amoureux à l’Île-à-Vache, Labadee à Cap-Haïtien, la côte des Arcadins, la plage d’Anse Blanche près de Pestel, ou Boukanye à Petit-Goâve. Où que vous alliez en Haïti, il y a une magnifique plage de sable blanc à découvrir !

Grotte Marie Jeanne
Photo: CavesOfHaiti.org

5. Haïti possède la plus profonde grotte des Caraïbes

Êtes-vous un fan de spéléologie et d’exploration de grottes profondes ? Si oui, plongez dans l’une des aventures souterraines les plus spectaculaires des Caraïbes. Avec un vaste système de grottes de plus de quatre kilomètres (deux miles et demi), la Grotte Marie Jeanne est la plus profonde des Caraïbes ! Située dans le sud d’Haïti, près de la ville de Port-à-Piment, cette grotte impressionnante et ses cinq niveaux de galeries naturelles et de stalactites vous laisseront, sans aucun doute, sans voix.

Un bol de soupe joumou sur un plateau de service
Soup Joumou
Photo: Anton Lau

6. Une cuisine mondialement reconnue

Lorsque vous découvrez la cuisine haïtienne, nous sommes sûrs que vous voudrez le dire à tout le monde ! En fait, nous avons un plat que l’UNESCO reconnaît comme faisant partie du « Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité ». Le plat qui a obtenu cet honneur est une soupe comme aucune autre, la Soupe Joumou. Cette soupe est un véritable délice pour les papilles, préparée avec du giraumont (courge turban), d’autres légumes, des tubercules et de la viande. Bien qu’elle soit traditionnellement mangée le jour du Nouvel An parmi les familles, tout comme les Américains avec la dinde de Thanksgiving, n’hésitez pas à vous régaler de cette soupe célèbre à n’importe quel moment de l’année ! Ce sera notre plaisir.

En savoir plus sur la Soupe Joumou – Le goût de la liberté !

Piments haïtiens
Photo: Anton Lau

7. Les Haïtiens aiment la nourriture épicée

Puisque nous parlons de la cuisine haïtienne, il est peut-être temps de vous faire savoir que les Haïtiens aiment particulièrement les plats épicés, comme c’est le cas pour beaucoup de nos voisins caribéens. Notre cuisine est épicée avec du piment de chèvre, du vinaigre et toutes les épices cultivées localement sur l’île. Avant de goûter un plat haïtien, vous voudrez peut-être vous préparer, car le goût exceptionnellement épicé de notre cuisine pourrait vous surprendre !

Explorez les saveurs de la cuisine haïtienne à travers cette carte culinaire !

Petit-déjeuner de spaghetti haïtien
Photo: Jean Oscar Augustin

8. Les Haïtiens mangent des spaghetti au petit-déjeuner

Continuons sur le thème de la cuisine haïtienne. Ne soyez pas trop déconcerté par nos habitudes alimentaires, qui peuvent être différentes des vôtres. Par exemple, les Haïtiens adhèrent vraiment au vieil adage selon lequel le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée, mangeant souvent des plats assez copieux dès leur réveil. Alors, ne soyez pas surpris si un Haïtien vous propose une grande assiette de spaghetti pour le petit-déjeuner !

Découvrez la street food haïtienne à absolument essayer !

Vendeurs ambulants entourés de paniers de produits frais et colorés sur un marché à Fermathe, Haïti
Vendeurs ambulants, Fermathe
Photo: Franck Fontain

9. Degi

Nous avons un mot pour ce que vous obtenez gratuitement lorsque vous faites vos courses dans nos marchés locaux. Alors, n’oubliez pas de réclamer votre degi lors de votre prochaine visite sur un marché haïtien. Le vendeur l’ajoutera volontiers à vos courses si vous avez effectué un bel achat ou pour vous encourager à revenir !

Deux écolières riant à Corail, Haïti
Écolières à Corail
Photo: Franck Fontain

10. Salutations

Vous serez peut-être surpris par le nombre de salutations différentes que vous entendrez en Haïti. Grâce à la richesse du créole haïtien, vous entendrez bien plus que simplement bonjou. Soyez à l’écoute de salutations comme sak pase(comment ça va ?) ou onè respè (à votre santé !).

homme haïtien vêtu d'une chemise violette avec des os humains célébrant le Fèt Gede
Fèt Gede à Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

11. Les Haïtiens ne célèbrent pas Halloween

Si vous êtes un grand fan des costumes d’Halloween et des enfants allant de porte en porte pour des bonbons, oubliez cela en Haïti. Beaucoup d’Haïtiens n’ont même jamais entendu parler de cette fête, encore moins la célèbrent.

Au lieu de cela, les Haïtiens célèbrent la Fèt Gede, une tradition culturelle semblable à la Toussaint et au Jour des Morts pratiqués au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine. Des cérémonies sont organisées tout au long du mois de novembre pour apaiser les défunts, les cimetières sont nettoyés et les tombes sont peintes pour accueillir les loa (esprits) de ceux qui reviennent dans le royaume terrestre pendant cette période.

En savoir plus sur cette tradition culturelle unique et découvrir des photos d’une célébration de la Fèt Gede à Gonaïves !

Groupe de pêcheurs à Dame-Marie, Haïti
Pêcheurs à Dame-Marie
Photo: Mikkel Ulriksen

12. Le créole haïtien est la langue créole la plus parlée au monde

Lorsque nous parlons de « langue créole », nous faisons référence à une langue qui s’est développée à partir de la rencontre des langues latines, africaines et amérindiennes durant la colonisation et ses suites. Ces langues sont aujourd’hui parlées dans de nombreuses communautés à travers le monde.

Le créole haïtien, cependant, est la langue créole la plus parlée au monde et c’est également la langue la plus utilisée en Haïti. Il existe même un proverbe haïtien qui témoigne de la simplicité de la langue et du fait que le créole haïtien est aussi facilement compris qu’il est parlé : kreyol pale, kreyol konprann.

Un pot de manba haïtien (beurre de cacahuète épicé)
Photo: Anton Lau

13. Dans notre pays, le beurre de cacahuète est un peu… spécial

Nous parions que vous avez probablement déjà goûté du beurre de cacahuète. Ici, en Haïti, cette délicieuse pâte est connue sous le nom de manba, et elle est souvent utilisée comme tartinade sur du pain ou de la cassave, un pain plat fait à partir de la racine de manioc. Mais ce qui pourrait vous surprendre — bien que cela soit peut-être moins étonnant après avoir lu cet article — c’est que notre beurre de cacahuète est particulièrement épicé, car il est mélangé avec des piments forts, du gingembre et d’autres épices locales. Cela lui donne une saveur puissante qui est unique à Haïti !

14. Le célèbre romancier Alexandre Dumas est d’origine haïtienne

Haïti est connue pour ses nombreux poètes et romanciers qui ont remporté des prix internationaux, notamment des auteurs tels que Jacques Roumain, Frankétienne, Jean-Stephen Alexis, Marie Chauvet, Dany Laferrière, Edwidge Danticat et Yanick Lahens. Mais parmi les romanciers les plus célèbres du monde figurent Alexandre Dumas fils et père, qui sont d’origine haïtienne. L’auteur du roman classique Les Trois Mousquetaires (Dumas père) est en réalité le fils d’un général mulâtre né à Jérémie, lorsque Haïti était encore une colonie française.

15. Que diriez-vous de ce fait amusant ? Le drapeau du Venezuela a été créé en Haïti

Vous connaissez probablement le drapeau du Venezuela avec ses bandes jaunes, bleues et rouges. Mais saviez-vous que ce drapeau a été hissé pour la première fois non pas au Venezuela, mais dans la ville côtière haïtienne de Jacmel ? Plus précisément, le 12 mars 1806. Le drapeau a été conçu à Jacmel par le général Francisco de Miranda, un Vénézuélien qui a commencé la lutte pour la libération du Venezuela, de l’Équateur et de la Colombie. Cette lutte a été reprise par Simón Bolívar avec l’aide du président haïtien de l’époque, Alexandre Pétion.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en octobre 2022.


Journal photo: Fèt Gede – Une célébration de la vie lors du Jour des Morts

Foule rassemblée dans un cimetière haïtien avec une grande croix pour le rituel de Fèt Gede
Foule rassemblée pour la Fèt Gede aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Fèt Gede : Une célébration de la Vie le Jour des Morts

Copy LinkEmailFacebookShare

Tous les ans, se déroulent en Haïti, tout au long du mois de Novembre, des festivités qui, pour un outsider, peuvent sembler, eh bien, assez étranges ! En particulier, la Fête Gédé (Jour des Morts) et la Toussaint, qui impliquent des processions troublantes vers le cimetière de chaque ville à travers le pays.

La foule qui se rassemble est un groupe varié, composé de personnes simplement curieuses ainsi que de personnes de toutes les différentes confessions, y compris le vodou haïtien. Ils se réunissent pour marcher vers le cimetière principal de chaque ville, tout en suivant le spectacle unique que propose la procession. Et quel est ce spectacle, exactement ? Des pratiquants du vodou pris en possession par les Gede, les esprits pour lesquels ces célébrations éblouissantes en Haïti sont organisées.

Vodouisant tenant une machette et des mouchoirs colorés
Un vodouisant célébrant la Fête Gédé, cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Dans la spiritualité vodou, les Gede sont les esprits des morts. Ils sont responsables d’accompagner les défunts sur le chemin vers l’autre monde, mais aussi de veiller sur les vivants. Ils constituent ainsi le pont entre le monde des vivants et celui des morts. Deux grandes divinités Gede du panthéon vodou haïtien sont Baron Samedi et Grann Brigitte.

pierre tombale dans un cimetière haïtien pendant le rituel de la Fête Gédé
Rituels de la Fête Gédé au cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Ceux qui sont possédés par les esprits gédé donnent le ton à la fête, qui est véritablement carnavalesque. Vous pourriez entendre des mots crus, voir des danses osées et assister à d’autres performances extravagantes. Tout cela offre un grand divertissement pour la foule plus docile qui suit le mouvement.

vodouisant haïtien vêtus de blanc remplissant une bouteille transparente avec un liquide
Un temple vaudou à l’intérieur du cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Enjayée par de l’alcool, ainsi que par des infusions à base de piments forts qu’ils aspergent sur leur corps, la procession se dirige vers le cimetière principal. Saisis par les esprits des morts, les possédés jurent et réalisent une performance tout à fait remarquable.

pierre tombale dans un cimetière haïtien avec deux bouteilles de soda et des fleurs
Offrandes sur une pierre tombale pendant la Fèt Gede, Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Le spectacle de la procession attire une foule considérable, et les possédés se distinguent facilement grâce aux couleurs rituelles de Baron Samedi qu’ils portent (blanc, noir et violet). Certains se couvrent même entièrement de poudre blanche ou dessinent des scènes lugubres sur leur corps. D’autres choisissent de revêtir l’habit préféré de Baron Samedi, qui comprend un chapeau noir, un monocle et une canne. Ensemble, cela crée un véritable Carnaval des Morts qui a lieu chaque année dans les cimetières haïtiens.

vodouisant haïtien vêtus de blanc remplissant une bouteille transparente avec un liquide
Préparation pendant la Fèt Gede aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Ce Festival des Morts, qui comprend des rituels et des danses tout au long du mois de novembre, témoigne du lien intime qui existe entre le monde des vivants et le monde des morts dans la spiritualité vodou. Pour les pratiquants du vodou, la Fête Gédé est en réalité plus une célébration de la vie. Les esprits gede qui reviennent par l’intermédiaire de leurs hôtes lors de la possession peuvent attester de cette façon de penser. Ils sont animés par la joie et sont des esprits qui aiment rire, danser et s’amuser.

pratiquant du vodou haïtien dansant lors du rituel de Fête Gédé, avec une foule qui observe
Pratiquants du vodou pendant la Fête Gédé aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Toutes ces performances extravagantes ont un seul objectif : divertir. Le festival n’est pas un moment de larmes ou de regrets, mais plutôt un temps pour honorer la mémoire des défunts. Cela implique notamment de préparer le festival en nettoyant les cimetières et en rénovant les tombes.

Ceux qui ont navigué vers « le pays sans chapeau » — une expression haïtienne qui signifie « l’au-delà », car personne n’est enterré avec son chapeau — demeurent présents dans la vie quotidienne et sont néanmoins célébrés comme il se doit lors de ce festival qui leur est dédié. Dans la spiritualité vodou, ceux qui ont pris le large pour le monde des morts jouent un rôle important dans la vie de tous les jours. Les esprits de ceux qui ont disparu, portant le nom de Gede, sont respectés comme des gardiens, des conseillers ou des esprits vengeurs par ceux qui restent.

La Fête Gede en Haïti est quelque peu similaire au Jour des Morts tel qu’il est pratiqué dans d’autres régions du monde (par exemple, le Dia de los Muertos). La différence réside toutefois dans la place que les morts occupent dans la croyance vodou et dans le syncrétisme qui sous-tend les différentes croyances des Haïtiens.

cimetière haïtien avec sculpture et ciel bleu parsemé de nuages
Monument pour l’esprit Gede Brav, cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

En tant qu’héritage des traditions africaines ancestrales, le Vodou réserve une place importante à ceux qui ont quitté ce monde pour le suivant. Dans la procession des Gede, différentes personnes incarnent différentes divinités, notamment Baron Samedi, Baron Lacroix, Baron Criminel, Grann Brigitte et tous les autres esprits Gede. Bien plus que de simples gardiens de la mort et des cimetières, les Gede sont aussi des gardiens de la vie.

Ainsi, la célébration de la Fête Gédé n’est pas seulement une commémoration des morts, mais une célébration où les défunts peuvent participer par le biais de la possession sous la forme des esprits Gédé.

haïtiens rassemblés au cimetière pour le rituel vaudou de la Fête Gédé
Une prêtresse vaudou dirigeant une cérémonie pour l’esprit Brav Gédé, au cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Au cimetière principal de Port-au-Prince, où se tient chaque année la plus grande itération de ce festival, les catholiques viennent prier pour les âmes de leurs défunts à la petite chapelle de Notre-Dame des Douleurs, les protestants se rassemblent sur les tombes de leurs proches disparus, et les pratiquants du vaudou viennent pour la plus grande célébration de la Fête Gédé dans tout Haïti.

pratiquants vaudous haïtiens allumant une bougie pendant la Fèt Gédé
Un rituel vaudou lors d’une cérémonie durant la Fèt Gédé aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Le festival se situe à la croisée des syncrétismes religieux en Haïti, avec des catholiques et des protestants rejoignant la procession vers les cimetières, chacun adorant à sa manière mais partageant tous les mêmes pensées pour les défunts, pensées teintées des croyances sur lesquelles reposent ces célébrations extraordinaires.

pratiquante vaudou haïtienne au cimetière portant une robe noire et violette
Une cérémonie vaudou pour l’esprit Brav Gede lors de la Fèt Gede, Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Même si la Fête Gédé se déroule autour de la Toussaint et du Jour des Morts, c’est une célébration très différente de celles que l’on peut voir ailleurs. C’est un véritable moment de communion entre les morts et les vivants, ces derniers apportant du café, du maïs grillé, du manioc, du clairin (rhum) ou le plat préféré de l’être cher disparu.

homme haïtien tenant une partie de crâne humain pour la Fête gede
Fête Gédé aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

On pourrait même être tenté de dire que la Fête Gede est bien plus qu’un simple ensemble de pratiques fondées sur certaines croyances au sujet de la mort : elle constitue plutôt une véritable philosophie de la vie, une vie qui doit être vécue comme un carnaval. Si nous profitons de chaque instant, ce ne sont pas les Gede qui nous contrediront !


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en octobre 2022.


La maison Cordasco (Villa Miramar)

vue extérieure d'un vieux manoir gothique gingerbread avec un balcon et des arbres verts
La Maison Cordasco (Villa Miramar) à Pacot
Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / Wikimedia Commons

La maison Cordasco (Villa Miramar)

Copy LinkEmailFacebookShare

Premières impressions

Si vous arrivez à Port-au-Prince depuis le sud-est (peut-être après un week-end à Jacmel), vous ne pouvez pas manquer la charismatique Maison Cordasco. À une bifurcation où il faut tourner à droite pour entrer dans le cœur de Port-au-Prince, s’élèvent devant vous les hauteurs jaune, orange et brun crème de l’une des plus photogéniques demeures en pain d’épice d’Haïti. Il s’agit de la Maison Cordasco, également connue sous les noms de Villa Miramar et « Le Petit Trianon », en hommage au palais du même nom à Versailles. En créole haïtien, la Maison Cordasco est affectueusement surnommée Ti Trianon.

Enfant, je me souviens d’être assis à l’arrière d’un pick-up en revenant de Jacmel, levant les yeux avec émerveillement vers les dentelles de bois, les tourelles et les hautes tours arrondies. Les jardins aux murs élevés débordaient des cimes des frangipaniers, leurs fleurs parfumées et cireuses lourdes de beauté. La maison était aussi imposante que n’importe quel château de conte de fées que je pouvais imaginer, et mon moi d’enfant se demandait si la Raiponce d’Haïti habitait là-haut dans ces tours.

Les maisons Gingerbread sont des bâtiments ornés de style tournant du siècle, uniques à Haïti. À l’image de leur homonyme comestible, elles sont célèbres pour leurs toits pentus et leurs détails décoratifs, rehaussés de couleurs vives et contrastantes. Elles sont fascinantes sur le plan architectural pour plusieurs raisons, notamment parce qu’elles se sont révélées étonnamment résistantes aux tremblements de terre.

En 2020, un collègue du milieu artistique m’a invité à une visite privée de la Maison Cordasco, et j’ai enfin pu franchir les hautes grilles que j’admirais avec émerveillement depuis mon enfance.

escalier menant à la grande porte d’entrée de la maison, ornée de détails décoratifs en métal
Panneau Villa Miramar au-dessus de l’entrée principale de la Maison Cordasco (Villa Miramar) Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / Wikimedia Commons

Jetez un coup d’œil à l’intérieur de la Maison Cordasco

Aux grilles, un gardien à l’air impassible me salue d’un regard pétillant – mi-artisan, mi-soldat, comme je le découvre rapidement – et ouvre grand la porte. Une longue et large allée, bordée d’arbres en fleurs, serpente jusqu’à la demeure à tourelles de quatre étages. De grands et lourds vases en pierre sont intégrés à la maçonnerie de l’entrée, encadrant le double escalier qui mène à la porte principale.

La Maison Cordasco et de nombreuses autres comme elle ont été construites rapidement à Port-au-Prince à partir des années 1860, lorsque la croissance économique et industrielle de la ville a connu un essor fulgurant. À cette époque, en tant que seul port d’Haïti ouvert au commerce extérieur, Port-au-Prince était l’épicentre du commerce de l’île. Une nouvelle classe bourgeoise composée de commerçants aisés, d’entrepreneurs et de professionnels instruits a prospéré. Les opportunités abondaient, et alors que la population de la ville augmentait en parallèle avec son économie, cette classe nouvellement enrichie a quitté le centre-ville chaotique pour s’installer sur les collines verdoyantes de Turgeau, Bois Verna et Pacot, offrant de magnifiques vues sur la baie. C’est dans ce quartier que vous trouverez de nombreuses attractions de notre visite autoguidée des maisons en pain d’épice.

Villa Miramar, le nom donné à la maison par ses propriétaires d’origine, est encore visible en filigrane de fer forgé au-dessus de l’entrée principale qui surplombe le grand escalier. À mesure que l’appréciation pour le style gingerbread s’est accrue, la maison est de plus en plus devenue connue sous le nom de Maison Cordasco, en hommage à l’un des architectes les plus célèbres de ce style.

Deux théories s’affrontent quant à l’identité de l’architecte ayant conçu et construit la Maison Cordasco. Selon la première, la maison aurait été bâtie par Fioravante Cordasco, un architecte d’origine italienne actif en Haïti jusqu’au milieu du XXᵉ siècle et figure clé du mouvement gingerbread. Bien que le surnom de « Maison Cordasco » semble appuyer cette hypothèse, un projet conjoint du collectif artistique haïtien FOKAL et de l’Université Columbia affirme que la maison aurait en réalité été construite par l’architecte haïtien Joseph-Eugène Maximilien, formé à Paris. D’après FOKAL, Maximilien aurait édifié la maison en 1914 pour Madame Ewald Clara Gauthier.

façade d'une ancienne demeure néogothique en style gingerbread, ornée de frises décoratives et de dentelles de bois
Façade de la Maison Cordasco (Villa Miramar) à Pacot
Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / Wikimedia Commons

Le gardien me fait signe de conduire ma voiture au-delà de la maison principale, jusqu’à un second bâtiment indépendant. Une série de petites maisons s’étire derrière le manoir, beaucoup d’entre elles arborant des balcons ornés et des décorations gingerbread. De grands arbres majestueux, des jardins soigneusement entretenus et des bassins complètent le tableau.

Le style architectural gingerbread dans lequel la Maison Cordasco est construite est véritablement créole, mêlant des influences étrangères à des matériaux locaux de manière ornementale. Par exemple, les maisons gingerbread haïtiennes adoptent des caractéristiques « pittoresques » victoriennes des années 1830, comme des frises complexes rappelant de la dentelle, mais les réalisent avec des matériaux locaux et abordables, tels que des bardages en bois à claire-voie. Les couleurs flamboyantes classiques des maisons victoriennes y sont intensifiées jusqu’à devenir néon.

Ici en Haïti, les plafonds voûtés parfois observés dans l’architecture victorienne sont un élément essentiel, améliorant la circulation de l’air dans l’éternel été étouffant des Caraïbes. Pour offrir de l’ombre contre le soleil haïtien et répondre au besoin d’un espace de rencontre quotidien, où une grande partie de la vie haïtienne se déroule, les maisons gingerbread sont dotées de larges galeries et vérandas, intégrées dans l’esthétique pseudo-victorienne avec des dentelles de bois richement décorées.

En gravissant les marches principales, j’entre dans une antichambre aux hauts plafonds qui s’ouvre sur un escalier en bois en colimaçon de trois étages, s’élevant, s’élevant, s’élevant jusqu’à la charpente. De chaque côté se trouvent les pièces principales du rez-de-chaussée, encadrées par des encadrements de porte finement sculptés.

Intérieur d'une demeure gingerbread avec un vieil escalier en bois
Escalier en bois de la Maison Cordasco (Villa Miramar)
Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / Wikimedia Commons

Dans les années 1970 et 1980, la Maison Cordasco accède à une nouvelle renommée dans la ville en tant que salon de thé et boutique à la mode sous le nom de Le Petit Trianon, et de nombreuses dames de la haute société haïtienne se remémorent des anecdotes de déjeuners dans ces pièces aérées.

Au début des années 1990, la maison gingerbread redevient un foyer, servant de résidence privée à des membres de la famille Hudicourt. Une ancienne résidente, Lorraine Hudicourt, aujourd’hui propriétaire et gestionnaire de La Lorraine Boutique Hôtel, se souvient avec tendresse de son enfance passée à grimper aux frangipaniers dans le jardin de devant et à jouer à cache-cache dans le grenier du quatrième étage avec ses nombreuses sœurs et sa tribu de cousins. À cette époque, les grilles restaient souvent ouvertes toute la journée, permettant aux enfants et aux cousins d’aller et venir, apportant vie, rires et espiègleries dans tous les recoins de cette vaste propriété. Les domestiques dormaient dans les vastes quartiers réservés au personnel situés en haut de la propriété, équivalents à eux seuls à trois maisons de la classe moyenne haïtienne.

M’indiquant où poser mes pas à cause des dommages causés par les tremblements de terre, le gardien me guide dans l’escalier jusqu’aux deuxième et troisième étages. Chaque encadrement de porte, chaque moulure, est finement sculpté. Des plans de travail en granit vert et des carreaux portugais ornent les salles de bains. Les sols inclinés trahissent l’âge de cette grande dame, mais n’enlèvent rien à sa dignité ni à sa grandeur.

Intérieur d'une ancienne demeure néogothique en style gingerbread avec un sol en carreaux et des dégâts structurels visibles
Rez-de-chaussée de la Maison Cordasco (Villa Miramar) à Pacot
Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / Wikimedia Commons

La Maison Cordasco a survécu au tremblement de terre de 2010, mais non sans quelques dommages. Les murs ont subi de larges fissures, et l’escalier en colimaçon de trois étages, qui s’élève au centre de la maison, a été déstabilisé. Heureusement, bien qu’une grande partie de la capitale haïtienne ait été rasée par le désastre, les fondations de la Maison Cordasco sont restées intactes.

La résilience de la Maison Cordasco s’inscrit dans une tendance surprenante. Des experts en conservation des États-Unis ont découvert que seulement cinq pour cent des quelque 300 000 maisons gingerbread d’Haïti avaient partiellement ou totalement été détruites par le tremblement de terre, contre quarante pour cent des autres structures, dont la plupart étaient pourtant considérées en meilleur état. Le Wall Street Journal suggère que l’architecture gingerbread d’Haïti pourrait servir de modèle pour des constructions résistantes aux séismes à l’avenir.

Dans l’immédiat après-séisme, les propriétaires ont ouvert le « Ti Trianon » en tant qu’hôpital improvisé pour les victimes du tremblement de terre, géré par Médecins Sans Frontières. Une partie de la maison a continué à être louée à des ONG pendant plusieurs années, avec l’installation de murs de fortune pour délimiter bureaux et cloisons. Cependant, d’ici 2018, de nombreuses organisations caritatives internationales s’étaient en grande partie retirées de Port-au-Prince, emportant leurs budgets, et les locations de bureaux dans la Maison Cordasco ont cessé. Pendant deux ans, seul le fidèle gardien occupait les dizaines de pièces, veillant sur cette propriété historique.

Début 2020, les propriétaires ont rouvert les volets à la lumière du jour, investissant dans des rénovations. Le quartier de Pacot s’est animé d’une agitation fébrile tandis que des gallons de peinture blanche fraîche recouvraient l’intérieur de la Maison Cordasco et qu’un nouvel échafaudage était érigé contre la célèbre façade, prêt à inaugurer une nouvelle ère dans la riche histoire de la maison.

Au moment où je mets le pied sur le balcon le plus haut, un coucher de soleil orange et rose se déploie au-dessus de la baie de Port-au-Prince.

balcon avec des détails décoratifs en dentelle de bois et frises sculptées
Balcon avec vue sur Port-au-Prince depuis la Maison Cordasco (Villa Miramar)
Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / Wikimedia Commons

La Maison Cordasco n’est actuellement pas ouverte au public, mais vous pouvez la voir depuis l’angle de la Rue Pacot et de l’Avenue N dans le quartier de Pacot, à Port-au-Prince.

Si vous souhaitez découvrir l’intérieur d’une maison gingerbread, voici deux de mes recommandations à proximité:

Gingerbread Restaurant : Pour ceux qui recherchent une magnifique maison gingerbread comme décor pour des photos ou un tournage vidéo, nous vous invitons à découvrir cette demeure gingerbread voisine d’une grandeur équivalente. Réputé pour ses excellents cocktails au bord de la piscine, le Gingerbread Restaurant propose également de délicieuses pizzas et salades, et les croquettes de hareng et de morue sont absolument exceptionnelles.

Ouvert au public, le Gingerbread Restaurant est situé au 22 Rue 3, Pacot. Cherchez le portail bleu clair. Ouvert de 11h à 22h du lundi au samedi. Fermé le dimanche.

Hôtel Villa Thérèse : Cette demeure gingerbread de trois étages se distingue nettement de la plupart des maisons gingerbread, mais ses tourelles roses et sa maçonnerie ornée, peintes dans des tons doux de jaune et de bleu vif, s’inspirent clairement de la même tradition. La Villa Thérèse fonctionne comme un hôtel-boutique, mais vous n’avez pas besoin de réserver un séjour pour en découvrir l’intérieur – tout le monde peut visiter le restaurant, ouvert de 6h30 à 21h30.

L’Hôtel Villa Thérèse est situé au 13 Rue Léon Nau Nerette, Pétion-Ville.

Pour une liste des maisons gingerbread ouvertes au public, consultez notre guide des maisons gingerbread en Haïti.

vue extérieure d'une ancienne demeure néogothique en style gingerbread
La Maison Cordasco (Villa Miramar) à Pacot
Photo: Lëa-Kim Châteauneuf / Wikimedia Commons

Rédigé par Emily Bauman.

Publié en décembre 2021


Visitez l’Hôtel Oloffson

façade de l'hôtel de style gingerbread gothique avec des palmiers
Hôtel Oloffson, Port-au-Prince
Photo: Jean Oscar Augustin

Visitez l’Hôtel Oloffson

Copy LinkEmailFacebookShare

L’emblématique Hôtel Oloffson, un manoir gothique de style Gingerbread entouré d’un jardin tropical luxuriant, est décrit comme le plus emblématique, non seulement d’Haïti, mais de toute la Caraïbe. Ce manoir branlant du XIXᵉ siècle est étonnamment intact, malgré son emplacement au centre d’une ville qui a connu tant de destructions.

Pendant que j’attends que les grilles en fer noir s’ouvrent, des passants serpentent autour de ma voiture. Je klaxonne à nouveau, et les grilles grincent en s’ouvrant juste assez pour me laisser passer. Un portier en casquette noire et T-shirt délavé me fait un signe de tête, puis referme aussitôt la grille dans un grincement.

Un chemin sinueux en pavés, bordé de feuillage vert, disparaît dans des jardins profonds. Aucun hôtel en vue. À la place, des sculptures en fer forgé aux visages diaboliques me regardent depuis les feuillages. De plus en plus de sculptures étranges apparaissent, certaines créées à partir de pièces de voiture, dans un style que je reconnais comme appartenant au mouvement Atis Resistance.

Alors que l’allée continue de serpenter vers le sommet de la colline, le treillis blanc du toit du manoir apparaît au-dessus des palmiers et des feuilles de manguier. Sur le côté gauche de l’allée, un mur en mosaïque étincelante de blanc et de miroirs se révèle. Au centre, la fresque représente un bateau rouge et bleu. Les yeux avertis savent que, plus qu’un simple voilier, il s’agit en réalité d’une dédicace à l’esprit vodou de la mer, Agwe. Près de l’ancre qui plonge dans les vagues blanches, des inscriptions sacrées suggèrent la magie et le folklore qui imprègnent l’Hôtel Oloffson.

Sculpture de Baron Samedi, Hôtel Oloffson
Photo: Jean Oscar Augustin

Je me gare sur une esplanade pavée, coupe le moteur et m’approche de la célèbre entrée principale de l’Hôtel Oloffson. Levant la tête, j’admire le nid-de-pie en hauteur et les nombreux balcons à tourelles des étages supérieurs. Cet exemple particulier d’architecture gingerbread a été décrit comme « une illustration tirée d’un livre de contes de fées » par l’écrivain américain Graham Greene, qui y a vécu et écrit. En tant qu’admirateur des films de Wes Anderson, j’imagine l’Hôtel Oloffson comme un cousin caribéen du Grand Budapest Hotel.

Un air de somnolence et de rêverie enveloppe les marches d’entrée qui bifurquent à gauche et à droite. Tout est peint en blanc – les briques, les étages supérieurs en bois, les panneaux finement sculptés qui délimitent les balcons. Dans une alcôve encastrée dans la base en pierre blanche d’un escalier, plusieurs sculptures montent la garde, dont un homme de près d’un mètre de haut qui représente la famille Gede des lwa vodou. Les Gede sont les dieux des carrefours entre la vie et la mort, célébrés chaque année lors du Jour des Morts haïtien.

véranda du restaurant de l'hôtel avec un sol en carreaux et des portes vertes
Véranda du restaurant à l’Hôtel Oloffson
Photo: Jean Oscar Augustin

Le restaurant de l’Hôtel Oloffson

En haut des escaliers, un majordome à l’apparence ancienne monte la garde à l’entrée du restaurant. Derrière lui, une vaste véranda mène à travers une série de salons jusqu’à une scène de concert. Je salue le majordome d’un signe de tête et choisis une table dans le coin le plus éloigné, avec vue sur la ville de Port-au-Prince et la bande de mer azur au-delà. Un siècle de politiciens, musiciens, artistes locaux et prêtres vodou se sont assis dans cette même chaise.

Le majordome prend ma commande – le célèbre cocktail punch au rhum de l’Oloffson et une portion d’accra – et se faufile sur les carreaux de mosaïque du XIXᵉ siècle pour disparaître derrière des portes de saloon peintes avec une scène vive de campagne haïtienne. L’art haïtien est éparpillé dans tout l’établissement. La table dans le coin de la véranda de l’Oloffson est un excellent point de vue pour admirer la collection d’art qui commence dans le jardin de sculptures en contrebas et grimpe jusqu’au manoir, couvrant presque tous les murs du hall de l’hôtel, du restaurant et des innombrables chambres.

Au-dessus de la table, un drapeau orné de sequins rose nacré et blanc attire mon regard. Il porte un cosmogramme lwa – un motif sacré qui agit comme un appel, invoquant l’esprit correspondant. La forme de cœur incurvée indique qu’il s’agit d’un drapeau créé pour Erzulie Freda, esprit de l’amour et protectrice des enfants.

intérieur du bar de l'hôtel avec des bouteilles d'alcool et un vieux miroir encadré
Bar de l’Hôtel Oloffson
Photo: Jean Oscar Augustin

Que commander

Pour commencer, essayez le célèbre cocktail punch au rhum de l’Oloffson, ou un rum sour si vous préférez quelque chose de plus simple. Le meilleur accompagnement est l’accra : cette pâte épicée et frite, faite à partir de racine de malanga, est préparée avec un soin particulier dans la cuisine de l’hôtel en dessous, et est servie avec une généreuse portion de piklizépicé – à déguster avec les doigts de préférence.

ancien hôtel de style gothique gingerbread entouré de luxuriants arbres verts
Hôtel Oloffson, Port-au-Prince
Photo: Jean Oscar Augustin

Histoire

Le manoir fut construit comme résidence principale pour la famille Sam, un clan influent qui compte deux anciens présidents haïtiens dans ses rangs. En 1915, après la mort tragique de son propriétaire aux mains de manifestants politiques, le manoir Sam fut réquisitionné par les forces militaires américaines. Le manoir servit alors d’hôpital militaire américain jusqu’à la fin de l’occupation en 1934.

Peu de visiteurs en Haïti savent comment le célèbre Hôtel Oloffson a obtenu son nom actuel, mais je vais vous révéler le secret. En 1935, à la fin de l’occupation américaine, le manoir fut loué à un capitaine suédois nommé Werner Gustav Oloffson, qui souhaitait quitter la vie en mer pour profiter du climat estival d’Haïti. Avec sa femme Margot et leurs deux enfants, le capitaine Oloffson entreprit de transformer les vastes jardins luxuriants, le manoir gingerbread et l’aile de l’hôpital en ce qui allait devenir le plus bel hôtel d’Haïti.

Dans les années 1950, 60 et 70, l’hôtel prit des airs d’Hollywood. Poste avancé pour les riches et célèbres, l’Oloffson accueillait l’élite politique et culturelle américaine – Jackie Onassis Kennedy était souvent aperçue en train de s’éventer sur le balcon en nid d’aigle de la grande suite nuptiale. La piscine vert émeraude dans le jardin servait de cadre à un flot incessant de fêtes pour musiciens, mannequins et écrivains, alors qu’un propriétaire expatrié après l’autre prenait les rênes de l’hôtel.

Beaucoup de chambres arborent aujourd’hui des plaques peintes à la main portant le nom d’un ancien invité célèbre. Les visiteurs peuvent dormir dans la chambre Mick Jagger, la chambre Jackie O, la chambre Graham Greene, et bien d’autres. Tout comme leurs illustres invités, les couloirs de l’hôtel sont tout sauf droits et simples : certaines suites sont situées au-dessus de la piscine et reliées par des corridors cachés. D’autres sont accessibles par un escalier étroit et sinueux près du hall principal. L’escalier menant au deuxième étage est une ancienne construction en bois qui s’affaisse par endroits sous les pas et mène plus haut vers des galeries aériennes, puis à travers un passage en bois. D’autres passages en bois conduisent les visiteurs vers l’aile qui abritait autrefois l’hôpital militaire américain. Les chambres les plus prisées se trouvent dans le manoir principal, juste au-dessus du hall.

plaque peinte à la main « Susan Sarandon » ornée de fleurs
Plaque Susan Sarandon, Hôtel Oloffson
Photo: Jean Oscar Augustin

Musique live

Chaque samedi soir à l’Oloffson, le groupe RAM – un véritable trésor national – offre une performance inoubliable de rock imprégné de vodou. Si vous n’êtes pas client de l’hôtel ou que vous ne dînez pas sur place, un droit d’entrée de 500 HTG (environ 5 dollars américains) est requis. Le spectacle commence vers 22h30. Attendez-vous à des chants avec une foule enthousiaste et à danser toute la nuit. (À noter que jusqu’à récemment, RAM jouait tous les jeudis, mais le groupe est passé aux samedis en 2020.)

Les performances hebdomadaires de RAM sont devenues un rituel quasi cérémoniel, apprécié par toutes les couches de la société. Remarquablement, dans un pays où la constance est rare, le groupe se produit régulièrement à l’Oloffson depuis 1990, lorsque le leader du groupe a repris la gestion de l’hôtel.

Groupe de « vodou rock and roots », RAM intègre des paroles et des instruments traditionnels vodou, tels que les cornes rara et les tambours Petwo, dans le rock. Leurs paroles sont chantées dans un mélange macaronique de créole haïtien, de français et d’anglais.

En savoir plus sur les concerts de RAM à l’Hôtel Oloffson ici.

bus jouet peint à la main avec le logo de l'Hôtel Oloffson
Hôtel Oloffson, Port-au-Prince
Photo: Jean Oscar Augustin

Le tremblement de terre de 2010

Après le tremblement de terre de 2010, l’Oloffson était l’un des rares hôtels encore debout à Port-au-Prince. Certains plaisantaient en disant que cette vieille structure tenait grâce aux termites dans le bois et à la magie dans les poutres, mais des recherches ont depuis montré que les maisons traditionnelles gingerbread d’Haïti sont étonnamment résistantes aux séismes.

L’Oloffson est devenu un centre majeur pour l’afflux de travailleurs humanitaires et de médias internationaux qui ont afflué dans la capitale. Les vastes vérandas et jardins servaient de quartier général informel pour les étrangers et les émissaires des quelque cent mille associations caritatives actives dans la « République des ONG » de Port-au-Prince. Quiconque cherchait un lieu de rencontre ou un point de rendez-vous choisissait par défaut l’Oloffson.

De génération en génération, cet espace a fidèlement servi ses invités. L’Oloffson a été une maison familiale, un hôtel, un hôpital, une salle de concert, un lieu de rencontre, un quartier général humanitaire, une galerie d’art et un refuge pour célébrités.

L’Hôtel Oloffson veille sur le centre de Port-au-Prince, indifférent aux rébellions, aux tremblements de terre, ou aux visages célèbres qui arpentent ses couloirs. La beauté du conte de fées continue de se déployer, et, confortablement installé dans mon fauteuil avec cette vue, je me sens reconnaissant d’avoir encore une chance d’inscrire mon histoire dans celles de ceux qui m’ont précédé. En sirotant mon punch au rhum, je me demande ce que deviendra cet endroit dans cinquante ans. Qui empruntera l’allée du jardin, et quelle incarnation de l’Oloffson trouvera-t-il ?

 intérieur de chambre d'hôtel avec un bureau en bois et la lumière du soleil
Chambre avec balcon à l’Hôtel Oloffson
Photo: Jean Oscar Augustin

Séjournez à l’Oloffson

Presque un siècle après que le capitaine Oloffson ait pris en charge le vaste manoir gingerbread, l’Oloffson fonctionne toujours comme un boutique-hôtel.

Les clients peuvent séjourner dans l’une des 22 chambres, dîner au restaurant de l’hôtel et se détendre à la piscine extérieure. Toutes les suites incluent un petit-déjeuner continental gratuit, le Wi-Fi gratuit et un parking gratuit. L’un des attraits de l’Oloffson est son caractère isolé, et pour éviter aux clients de devoir se rendre en ville pour les articles essentiels, une supérette est même disponible sur place.

RAM joue le samedi soir. Le spectacle est gratuit pour les clients de l’hôtel et ceux qui dînent sur place.

L’Oloffson est caché au 60 Avenue Christophe, Port-au-Prince, dans le quartier de Saint Gérard, juste à côté du quartier branché de Pacot.

À quelques pas, vous trouverez le Musée d’Art Haïtien, la place du Champs de Mars et le Musée du Panthéon National. L’aéroport principal d’Haïti est à seulement 10 minutes en voiture.

Réservez votre séjour dès maintenant !

façade de l'hôtel de style gothique gingerbread avec des palmiers et un chien
Hôtel Oloffson, Port-au-Prince
Photo: Jean Oscar Augustin

Rédigé par Emily Bauman.

Publié en octobre 2020.


Découvrez Haïti virtuellement depuis chez vous

Côte haïtienne spectaculaire avec forêt tropicale et bateau rapide
Plage Anse Baguette près de Jacmel
Photo: Franck Fontain

Découvrez Haïti virtuellement depuis chez vous

Copy LinkEmailFacebookShare

Si vous êtes comme nous, le besoin de vous connecter à Haïti, ou même d’y être en ce moment, n’a jamais été aussi fort. Les seize derniers mois ont été éprouvants, à la fois d’une manière familière et nouvelle, et nous ont poussés à nous adapter de façons que nous n’aurions jamais imaginées. Alors qu’Haïti affronte les tempêtes de la pandémie en cours, des troubles sociopolitiques et l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, le sentiment de nostalgie pour Haïti – et d’une certaine manière, pour ceux qui, sur l’île, nous donnent ce sentiment d’être chez nous – est difficile à ignorer.

Depuis le 7 juillet, Haïti ressemble à un espace liminal où personne ne sait vraiment où se placer ni comment se comporter. La nouvelle de l’assassinat de Jovenel Moïse a secoué la capitale aussi fortement que les villes environnantes et les provinces éloignées. Dans les jours qui ont suivi cet événement, les rues de Port-au-Prince étaient plus calmes qu’un dimanche habituel ; l’inquiétude et l’anticipation imprégnaient l’air, et les gens hésitaient à sortir, craignant ce qui pourrait arriver ensuite. Bien que, depuis, les choses semblent avoir retrouvé une certaine normalité, il est très clair pour tout le monde en Haïti qu’un retour à la normale n’est pas envisageable pour l’instant.

rue de ville avec circulation et anciens bâtiments coloniaux
Ancienne maison gingerbread au Cap-Haïtien
Photo: Franck Fontain

Cela laisse des personnes comme nous – et des personnes comme vous aussi, qui sont fascinées par Haïti et qui ne souhaitent rien d’autre que courir et embrasser l’île – perdues et déconcertées. Si la pandémie ne semblait déjà pas être une bonne période pour voyager en Haïti sans raison particulière, les récents événements sont encore une raison supplémentaire de reconsidérer l’achat d’un billet d’avion. Tout comme vous pourriez être impatients de prendre l’avion pour vos vacances d’été, nous hésitons à vous recommander de le faire.

Ce que nous nous sentons à l’aise et impatients de vous recommander, cependant, c’est de visiter Haïti depuis chez vous.

Ici même, sur Visit Haiti.

assiette avec poisson grillé, bananes plantains frites, frites et salade
Poisson grillé au Coin des Artistes – Vivano, Pétion-Ville
Photo: Alain David Lescouflair

Cuisinez à travers l’île

L’une des choses que nous préférons à propos d’Haïti est à quel point l’histoire et la culture du pays sont accessibles à travers sa cuisine. De nombreux fruits haïtiens sont disponibles sur les marchés étrangers, comme l’incontournable mangue haïtienne ; pensez à faire vos courses dans votre épicerie caribéenne locale pour découvrir certains de nos parfums estivaux préférés. C’est également l’occasion idéale de commander l’un des meilleurs rhums qu’Haïti a à offrir et d’organiser une dégustation à domicile. Nous adorons la façon dont ces rhums s’accordent parfaitement avec les plats emblématiques d’Haïti.

Coucher de soleil à travers la forêt de la Forêt des Pins, Haïti
Coucher de soleil, Forêt des Pins
Photo: Anton Lau

Apportez l’extérieur à l’intérieur

Si vous êtes un amoureux de la nature, vous apprécierez peut-être essayer de repérer la faune haïtienne dans votre quartier pendant le week-end. Vous serez heureux de savoir qu’Haïti abrite de magnifiques forêts, comme la Forêt des Pins, que vous voudrez absolument ajouter à votre liste de lieux à visiter lors de votre prochain voyage. Nous avons aussi de bonnes nouvelles pour les passionnés d’ornithologie : vous pourrez probablement observer une partie de la faune ailée d’Haïti là où vous vivez.

Une femme en bikini se détend dans une fenêtre en tenant un livre
Lecture de livre en Haïti
Photo: Amanacer / Emily Bauman

Apprenez les couleurs de la culture haïtienne

C’est également le moment idéal pour vous plonger dans la richesse du patrimoine et de la culture haïtienne, qui marqueront chaque pas que vous ferez sur l’île dès que vous pourrez de nouveau voyager en Haïti. Nous vous recommandons vivement de découvrir ce qu’il faut faire lors d’une cérémonie vaudou, ou encore où rencontrer et acheter des œuvres des meilleurs métalliers haïtiens. Et en attendant de pouvoir vous rendre sur l’île en toute sécurité, notre quiz How Haitian Are You et notre liste des meilleurs livres sur Haïti sont un excellent moyen de rester prêt pour votre prochain voyage.

Vue aérienne d'un village côtier avec une zone de marché et des bateaux
Lever du soleil sur le port de Marigot
Photo: Franck Fontain

Visitez Haïti, directement depuis votre écran

L’une des façons dont nous sommes ravis de vous aider à visiter Haïti depuis le confort de votre maison est à travers nos journaux photo. Accompagnez-nous dans une visite visuelle et virtuelle de l’île. Nos journaux photo sont réalisés par des photographes haïtiens et présentent différentes régions du pays. En ce moment, vous pouvez faire un mini-voyage à Saint-Marc, en Grand’Anse, ou même à Marigot.

portrait d'une jeune fille haïtienne stylée, avec de longues dreadlocks et un foulard rouge
Ann-Sophie à Port-au-Prince
Photo: Ted Olivier Mompérousse

Rencontrez Haïti, Rencontrez les Locaux

Dans un autre effort pour vous rapprocher d’Haïti et de son peuple résilient, inspirant et brillant, nous sommes également ravis de vous présenter notre série Rencontrez les Locaux. Il n’est un secret pour personne qu’Haïti et les Haïtiens ont une forte personnalité ; cela se reflète dans la nourriture, et cela se reflète dans la musique. Ce que nous voulons partager, c’est comment chaque Haïtien contribue à peindre le tableau coloré qu’est Haïti aujourd’hui. Vous pouvez commencer ici, en lisant notre entretien avec Ann-Sophie Hamilton, une militante pour le tourisme durable.

Et regardez notre vidéo où nous parlons à Isaac, un peintre de Dame-Marie.


Rédigé par Kelly Paulemon

Publié en août 2021