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La Maison Dufort: Définir l’architecture haïtienne à Port-au-Prince

Une Maison Dufort à Bois-Verna, Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

La Maison Dufort: Définir l’architecture haïtienne à Port-au-Prince

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Dans le quartier résidentiel calme de Bois-Verna à Port-au-Prince, vous trouverez la Maison Dufort, l’un des joyaux du style architectural emblématique des maisons en pain d’épice en Haïti. Elle est un vestige de ce style architectural qui était particulièrement populaire autour du tournant du siècle en Haïti, dans des villes comme Port-au-Prince, Jacmel, Cap-Haïtien ou Jérémie.

Avec leur charme particulier, ces maisons ont su résister remarquablement au climat tropical chaud et humide d’Haïti, sans compter les nombreux désastres naturels au fil des années. De nos jours, elles constituent une part intégrante du patrimoine architectural d’Haïti, et la Maison Dufort est sans aucun doute l’un des exemples les plus curieux de cette architecture classique et raffinée.

La Maison Dufort: Plus d’un siècle d’histoire

La maison se trouve également dans un quartier calme de Port-au-Prince, où les amateurs d’art de tous horizons peuvent se retrouver pour exposer leurs œuvres, discuter d’art lors d’une inauguration de galerie et admirer les expositions qui couvrent les murs de cette charmante maison. Ou vous pouvez simplement savourer une bière bien fraîche pendant un spectacle ou un concert.

Si vous prenez un détour entre la 2ᵉ et la 3ᵉ Avenue du Travail, il est peu probable que vous résistiez à la façade fleurie, aux anciennes portes en bois, aux toits pointus et aux magnifiques balcons de la Maison Dufort. L’agencement de ces éléments architecturaux donne à la structure un aspect éclectique qui contraste avec le quartier paisible de Bois-Verna. La Maison Dufort est un véritable chef-d’œuvre architectural et l’un des exemples les plus remarquables de ce style haïtien typiquement du XXᵉ siècle.

L’architecte haïtien Léon Mathon, l’un des trois principaux architectes qui popularisera ce style architectural en Haïti, a conçu la maison en 1910. Comme la plupart des autres maisons en pain d’épice construites pendant cette période, elle a d’abord été utilisée comme résidence familiale, appartenant à – nul autre que – la puissante famille Dufort. La structure a ensuite été utilisée comme bureau jusqu’en 2010, lorsque le tremblement de terre du 12 janvier l’a gravement endommagée.

Véranda de la Maison Dufort
Photo: Franck Fontain

Une promenade à travers la Maison Dufort

La Maison Dufort offre à ses visiteurs un agréable mélange d’opulence, d’élégance, de classe et de confort. Le bâtiment est niché dans un cadre rustique, composé d’une cour pavée de 1 200 mètres carrés, d’un jardin de bougainvilliers et de parterres de fleurs tout autour de la maison. L’ensemble forme un cadre serein où l’on peut rapidement oublier la sensation quelque peu chaotique du centre-ville de Port-au-Prince.

L’entrée principale mène à un vestibule qui donne accès à trois autres pièces. En face du vestibule se trouve un magnifique escalier en bois en colimaçon qui mène au deuxième étage. Le toit élevé du deuxième étage, ses belles fenêtres à guillotine, son sol en bois et son balcon sont tous typiques de l’architecture Gingerbread. Ces éléments permettent aux pièces du niveau supérieur de maintenir une température ambiante agréable, grâce à la brise constante.

La Maison Dufort présente un intérêt architectural particulier, car elle combine les deux caractéristiques les plus distinctives de l’architecture Gingerbread haïtienne. Alors que certains bâtiments de ce type sont entièrement en briques ou entièrement en bois, la Maison Dufort combine élégamment ces deux matériaux. Le premier niveau est constitué d’un cadre en béton et en briques, tandis que le deuxième niveau est entièrement en bois, sans oublier son balcon en bois, qui est une caractéristique incontournable de ces maisons historiques.

Exposition d’art à la Maison Dufort
Photo: Franck Fontain

Le Musée Dufort

Le musée de la Maison Dufort est actuellement géré par la Fondasyon Konesans ak Libète (la Fondation FOKAL), qui l’utilise comme musée pour les diverses expositions qu’elle organise avec d’autres partenaires, tels que le Centre d’Art. La Maison Dufort accueille de grands événements artistiques et culturels, notamment l’exposition Vives en janvier et février 2022, et continue de présenter d’autres expositions saisonnières ou activités culturelles.

En 2016, la maison et le musée ont été rénovés avec le soutien de FOKAL et du WMF dans le cadre d’un chantier dédié à la préservation du patrimoine architectural des maisons en pain d’épice en Haïti. Depuis lors, ils sont opérationnels et ouverts au public.

Aujourd’hui, la Maison et le Musée sont le véritable refuge des passionnés d’art à Port-au-Prince. Rien que le fait de se retrouver à l’intérieur de son cadre intemporel rend le voyage totalement digne d’intérêt. La structure elle-même est une œuvre d’art, et les expositions vous donneront envie de revenir encore et encore.

Une Maison Dufort à Bois-Verna, Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

Comment visiter

La Maison Dufort et le musée sont situés au numéro 9 de la 2ᵉ Rue du Travail, à Port-au-Prince, juste en bas de la rue de l’Institut médical Saint Adres, entre la 1ʳᵉ Rue du Travail et la Rue Vilmenay. L’itinéraire le plus rapide part de Champs-de-Mars via l’Avenue Charles Sumner, qui se divise ensuite en la 2ᵉ Avenue du Travail. Louer un taxi serait l’option idéale.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en novembre 2020


Visitez un musée dédié au Vodou

grand bâtiment de musée décoré de peintures de serpents
Le Bureau d’Ethnologie, Port-au-Prince
Photo: Anton Lau

Visitez un musée dédié au Vodou

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Une visite au Bureau d’Ethnologie, un musée dédié au Vodou en Haïti, est l’une des principales choses à faire à Port-au-Prince.

Près du Champ de Mars, à l’angle de la Rue Magny et de la Rue Oswald Durand, ce musée vous permet de vous familiariser avec le Vodou et sa place dans la société haïtienne.

C’est l’endroit idéal pour commencer l’exploration des « lwa » et des nombreux rythmes et nuances du Vodou. À l’intérieur, vous trouverez des artefacts Vodou, des œuvres d’art et des anecdotes de recherches anthropologiques sur les traditions Vodou (aussi orthographiées Vodoun et Vaudou). La plupart des expositions sont décrites en français.

Statue en bronze d'un Indien Taïno dans la cour du musée
Statue Taïno au Bureau d’Ethnologie, Port-au-Prince
Photo: Anton Lau

À propos de la collection

Les façades extérieures du Bureau National d’Ethnologie abritent une exposition permanente de photographies sur plusieurs aspects de la vie et des activités de la société haïtienne : des scènes du carnaval national haïtien, des rituels Vodou, des danses folkloriques imprégnées de Vodou et bien plus encore.

L’intérieur propose également une exposition de photographies captivante montrant des scènes de coutumes sociales et culturelles spécifiques à la nation haïtienne, y compris des costumes nationaux et leurs histoires. Les artistes haïtiens y sont également représentés, accompagnés de supports interprétatifs (principalement en français). Des concepts spirituels clés, allant du « lakou mansson » de Léogâne (créole haïtien : Leyogàn) au « lakou Badjo, Soukri, Souvenance » des Gonaïves, sont illustrés avec des explications sur leur importance dans la société haïtienne.

Fondé en 1941 par le romancier haïtien Jacques Roumain et dirigé aujourd’hui par Erol Josué, le musée a pour mission la préservation et la classification de tous les artefacts anthropologiques trouvés du côté haïtien de l’île d’Hispaniola, y compris la protection et l’organisation d’excursions vers des sites archéologiques importants. Il est possible pour les visiteurs de participer à certaines de ces excursions – il suffit de demander lors de votre arrivée au musée.

Statue en bronze de sanglier
Statue au Bureau d’Ethnologie, Port-au-Prince
Photo: Anton Lau

Comment s’y rendre

Signalé sous le nom de Bureau National d’Ethnologie, le Bureau d’Ethnologie se trouve à l’angle de la Rue Magny et de la Rue Oswald Durand, près du Champ de Mars, en plein cœur du centre-ville de Port-au-Prince.


Rédigé par Jean Fils.

Publié en septembre 2019


Le Musée du Panthéon National Haïtien

intérieur du musée haïtien MUPANAH avec des sculptures dorées
MUPANAH – Musée du Panthéon National Haïtien
Photo: Anton Lau

Le Musée du Panthéon National Haïtien

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À propos du musée

Une grande partie du patrimoine haïtien se transmet oralement. Chants, récits et débats structurés répètent et affinent les histoires et expériences à travers les siècles. En tant que visiteur, vous ne pouvez qu’effleurer la surface de ce médium invisible de la mémoire. Si vous vous trouvez sur le Champ-de-Mars, et avec un peu de chance, vous pourrez assister aux cercles de débat qui font partie de la tradition orale de l’île-nation.

Les souvenirs culturels matériels, en revanche, sont un peu plus faciles à découvrir pour le voyageur curieux. Si vous vous trouvez au centre-ville, sur le Champ-de-Mars, vous les trouverez au Musée du Panthéon National Haïtien (MUPANAH). Construit en partie sous terre, ce musée expose des artefacts illustrant l’histoire d’Haïti, en mettant l’accent sur ses années révolutionnaires ainsi que sur ses figures politiques et culturelles fondatrices.

Grâce à sa construction partiellement souterraine, le musée a survécu presque intact au tremblement de terre dévastateur de 2010. Inauguré en 1983, le MUPANAH a été conçu pour préserver et exposer la vie et les accomplissements des figures emblématiques du pays : Alexandre Pétion, Henry Christophe, Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines. C’est ici que se conserve une grande partie de l’histoire coloniale matérielle d’Haïti.

Ce que vous verrez

Pour une modeste somme, les visiteurs ont accès à une richesse historique sur Haïti et son passé. Se désignant lui-même comme le gardien de l’histoire haïtienne, le musée est divisé en deux salles d’exposition : une exposition permanente et une exposition temporaire.

L’exposition permanente présente des artefacts allant de la période précolombienne à l’époque contemporaine. Elle met particulièrement en avant la période révolutionnaire, durant laquelle une armée d’esclaves affranchis et de gens de couleur libres a combattu le système colonial pour abolir l’esclavage.

Un guide accompagne les visiteurs à travers l’histoire haïtienne, en commençant par les Taïnos, premiers habitants de l’île. Le parcours se poursuit avec l’arrivée des premiers colonisateurs à poser le pied sur l’île : les Espagnols.

Découvrez comment les colonisateurs espagnols ont exploité les Taïnos de l’île comme une ressource, et comment ils en sont venus à faire trafic d’esclaves africains vers Hispaniola.

Voyez de véritables exemples des chaînes utilisées pour maintenir les esclaves sous contrôle, ainsi que d’horribles instruments de torture employés par les maîtres esclavagistes. Bien que cela puisse choquer certains visiteurs, le musée et son comité consultatif estiment qu’il est essentiel de préserver cette part de l’histoire haïtienne afin de nourrir notre mémoire collective.

Admirez l’ancre du Santa Maria, le navire à bord duquel Christophe Colomb est arrivé en Haïti, imposante avec ses treize pieds de haut. Cette masse de métal froid est un rappel saisissant du point de départ des siècles de bouleversements qui façonnent aujourd’hui l’histoire et l’identité nationale d’Haïti.

Lisez des documents signés par d’éminents présidents – dont le célèbre dictateur François Duvalier – et découvrez le pistolet en argent avec lequel Henri Christophe s’est donné la mort. Sur une note plus positive, vous pourrez également admirer la cloche qui a sonné pour annoncer que la population du pays revendiquait son indépendance.

Expositions temporaires

L’exposition temporaire présente des œuvres d’art de divers artistes haïtiens et est renouvelée régulièrement. Les œuvres sont souvent sélectionnées autour d’un thème spécifique, qu’il s’agisse d’événements d’actualité, de musique, de questions sociales et économiques, ou encore de faits historiques comme la colonisation française.

Détendez-vous dans de magnifiques jardins

À l’extérieur du musée se trouvent les Jardins du MUPANAH. Ouverts du lundi au samedi, ils sont aménagés dans un superbe espace blanc rappelant une serre, avec de grandes fenêtres ouvertes sur toute sa longueur. Lumineux, aérés et vastes, ces jardins offrent un contraste apaisant avec le poids de l’histoire haïtienne et constituent, à eux seuls, une destination incontournable pour quiconque recherche un havre de fraîcheur et de tranquillité à Port-au-Prince.

Les Jardins abritent un jardin de sculptures et un espace de détente nichés au cœur d’une végétation typiquement haïtienne. Ils accueillent également le restaurant et la boutique du musée. Surplombant les espaces verts luxuriants qui entourent le musée, vous pourrez savourer l’une des meilleures cuisines françaises de la ville. Déjeuner à une table dans les Jardins offre une expérience gastronomique raffinée en plein air, contrastant vivement avec l’ambiance vibrante de la street food du centre-ville de Port-au-Prince.

Les Jardins servent également de cadre prisé pour des événements culturels tout au long de l’année, notamment le Festival International de Jazz de Port-au-Prince. Des événements spéciaux, des repas ou des cocktails y sont régulièrement organisés, avec des annonces diffusées sur place ainsi que sur les réseaux sociaux.

Comment s’y rendre

Le musée est ouvert sept jours sur sept, y compris les jours fériés. Des visites guidées sont proposées en français, en créole et en anglais.

Le Musée du Panthéon National Haïtien est situé sur le Champ de Mars, en plein centre-ville de Port-au-Prince.


Rédigé par Kelly Paulemon.

Publié en juillet 2019