Vodou

La véritable histoire des zombies haïtiens (Perspectives d’un initié)

Visualisation d’un zombie haïtien
Photo : Jean Oscar Augustin

Perspectives d’un initié : Découvrez la véritable histoire des zombies haïtiens

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Embarquer pour un voyage signifie s’éloigner de la familiarité de la maison, s’aventurer dans des territoires inconnus et vivre des transformations profondes—non seulement dans notre environnement, mais aussi en nous-mêmes.

L’histoire que vous vous apprêtez à lire pourrait ressembler à cela. C’est un voyage au cœur de la culture haïtienne, où vous rencontrerez l’un des aspects les plus mystifiants et mal compris de son folklore : le zombie.

Que vous évoque le mot « zombie » ? Ces êtres terrifiants, dévoreurs de chair, sont devenus des incontournables des films d’horreur et des jeux vidéo au cours des dernières décennies. Du film emblématique de 1968, La nuit des morts-vivants, aux phénomènes modernes comme la série The Walking Dead et des jeux tels que Resident Evil, les zombies se sont solidement enracinés dans la culture pop mondiale.

Cependant, beaucoup ignorent que le mythe du zombie trouve son origine ici même en Haïti. En fait, le mot lui-même est un mot en créole haïtien. Et bien que la représentation hollywoodienne des zombies soit très éloignée du mythe haïtien original, tous doivent leur héritage à Haïti, et en particulier à la mémoire des personnes réduites en esclavage de l’île.

Alors, comment ce mythe a-t-il évolué pour devenir une partie importante de la culture pop mondiale, un point de référence culturel collectif reconnu dans le monde entier ?

Pour connaitre la véritable histoire, nous allons devoir remonter dans le temps—pas seulement jusqu’aux années 1980, où la fascination mondiale la plus récente pour les zombies a commencé. Nous allons remonter jusqu’aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Tombe dans un cimetière
Photo : Alain David Lescouflair

Origines du mythe du zombie

L’histoire des zombies en Haïti remonte aux XVIIe et XVIIIe siècles, pendant l’ère de Saint-Domingue, une colonie brutalement gouvernée par la France. Les colons français ont contraint des Africains réduits en esclavage à travailler dans des plantations de sucre, leur soumettant à des conditions inhumaines et extrêmes. Le taux de mortalité était si élevé que la moitié des esclaves amenés d’Afrique mourait dans les quelques années qui suivaient, poussant les Français à renouveler continuellement leur main-d’œuvre avec de nouveaux captifs. Cette époque d’exploitation brutale et les craintes et croyances omniprésentes des personnes réduites en esclavage ont semé les graines de ce qui allait évoluer en le mythe moderne du zombie.

Les zombies sont un aspect important et unique du folklore haïtien, semblable aux rôles des épouvantails ou des vampires dans les récits occidentaux. Le monde nocturne des légendes haïtiennes est peuplé de myriades d’entités, chacune reflétant des croyances sociales et spirituelles plus profondes. Parmi elles se trouvent des cochons sans poils, considérés comme les incarnations de puissantes sociétés secrètes qui patrouillent la nuit, des Lougawou assoiffés de sang, et le gigantesque Mèt Minwi, dont vous pouvez apprendre davantage ici.

C’est dans ce paysage grouillant d’entités mythiques que le concept de zombie est né—un concept profondément lié aux croyances culturelles héritées d’Afrique. Le mot créole « zonbi » serait dérivé du mot kikongo « nzumbi, » qui se traduit par ‘âme’ ou ‘esprit des morts.’ Cette origine met en lumière une peur profonde en Haïti concernant le vol de l’âme—un destin considéré comme pire que la mort elle-même.

Visualisation d’un zombie haïtien
Photo : Jean Oscar Augustin

Mésinterprétations par les médias occidentaux

Bien que le folklore haïtien soit riche en entités mystiques, c’est le zombie qui a captivé l’imagination d’Hollywood et a atteint une renommée mondiale. Cette fascination a commencé pendant la longue invasion et occupation des États-Unis en Haïti, à partir de 1915, lorsque des soldats et des journalistes rentrants ont rapporté des histoires exotiques de l’île des Caraïbes. Leurs récits dépeignaient Haïti à la fois comme une terre exotique et sauvagement mystique, une représentation qui a fasciné le public des États-Unis.

Le livre de voyage à succès de 1929, L’île magique de William Buehler Seabrook, a joué un rôle crucial dans la formation des perceptions des États-Unis sur la culture haïtienne. Ce livre a introduit le concept de zombie haïtien dans la culture populaire des États-Unis, préparant le terrain pour une série d’adaptations sensationnalistes et exploitantes. La plus notable d’entre elles est le film de 1932, Les morts-vivants.

La fascination précoce pour les zombies a également suscité un intérêt scientifique et littéraire. L’anthropologue Zora Neale Hurston, influencée par l’histoire qu’elle a lue dans L’île magique, s’est rendue en Haïti en 1936 pour étudier le Vodou haïtien et le folklore. Son livre suivant, Tell My Horse, explore le réalisme magique d’Haïti et relate son exploration de la croyance séculaire des zombies.

Bien que certains critiques aient rejeté ses récits comme de la fiction urbaine, le travail de Hurston a mis en lumière la profonde connexion entre les zombies et le folklore haïtien. Elle a révélé que des sorciers locaux, appelés bòkò, pouvaient prétendument utiliser une potion secrète pour altérer les fonctions vitales et cérébrales des individus, les transformant en morts-vivants, semblables aux zombies du folklore haïtien.

De cette exploration a commencé une véritable chasse aux zombies en Haïti, attirant de nombreux chercheurs en quête de la célèbre poudre de zombie. Chaque nouveau livre et cycle de médiatisation avait tendance à se concentrer sur des histoires sensationnalistes et exotiques ou à déboulonner des mythes. Cette tendance s’est poursuivie avec des ouvrages comme le livre de 1988 Le Serpent et l’Arc-en-ciel, qui a ensuite été adapté en film, et même un documentaire de VICE en 2012 intitulé Investigating the Haitian Zombie, qui était, au mieux, irrespectueux et superficiel.

Malgré ces interprétations, le zombie reste une partie intégrante de notre paysage culturel haïtien. Les zombies figurent dans nos récits, nos célébrations carnavalesques, nos proverbes, nos pratiques religieuses, et même dans notre Code pénal.

Comme le souligne Zora Neale Hurston avec force, « en Haïti, les histoires de zombies se répandent et circulent comme une brise froide. » Même un court séjour ici suffit à entendre les récits glaçants de corps volés à la tombée de la nuit et de morts ressuscités pour un travail servile. Ces histoires, imprégnées des réalités des oppressions passées et des craintes actuelles, continuent de façonner la compréhension haïtienne de la vie, de la mort et de l’au-delà.

Aube au cimetière
Photo : Alain David Lescouflair

Démystifier le zombie haïtien

Contrairement à la représentation dans la culture populaire occidentale, en Haïti, un zombie est un être humain toujours vivant dont les facultés mentales ont été gravement altérées. Dans la société haïtienne, il est courant de décrire de manière métaphorique une personne avec des capacités mentales réduites ou qui montre de la paresse comme étant un zombie. Cela se reflète dans le proverbe créole populaire : « si m ap mache tèt atè sa pa vle di m zombi pour sa » (ce qui signifie « si je marche la tête baissée, cela ne fait pas de moi un zombie »)

Une exploration plus approfondie des croyances et traditions haïtiennes révèle le rôle significatif du sel dans la mythologie des zombies. Être un zombie dans la culture haïtienne est souvent perçu comme un état où une personne reste constamment sous le contrôle d’un bokor ou sorcier. Le bokor doit régulièrement administrer une potion spéciale pour maintenir sa victime dans un état d’inconscience et garder le contrôle. Le sel est reconnu comme l’un des antidotes à cet état ; on croit qu’un zombie qui goûte au sel retrouvera ses sens, comme le dit le proverbe haïtien : « zonbi goute sel li pa mande rete » (un zombie qui goûte au sel ne demandera pas à rester).

Zombies comme symboles de résistance

Dans la culture populaire haïtienne, la représentation des zombies crée une puissante symbolique de la relation de servitude entre le zombie et son créateur. Cette relation reflète les dynamiques maître-esclave de la période coloniale, où la mort était souvent perçue comme une échappatoire miséricordieuse aux dures réalités du travail forcé.

De plus, la zombification est considérée par certains comme une forme de résistance contre l’esclavage. C’est une stratégie qui aurait été employée par des sociétés secrètes formées par des esclaves en fuite. Ces groupes, s’appuyant sur leurs vastes connaissances en botanique, ont développé des poisons et des remèdes. Au-delà de la pratique horrifiante de l’empoisonnement des nouveau-nés pour leur épargner les horreurs de l’esclavage, on croit également que la zombification a été utilisée par certains esclaves comme un moyen de s’échapper des plantations.

Folklore des zombies vs. Réalité

La fascination durable pour les zombies du folklore haïtien, ainsi que les recherches scientifiques approfondies qu’elle a inspirées, proviennent en grande partie d’un désir occidental de démystifier ce qui, pour le peuple haïtien, sont des croyances profondément intimes. En Haïti, tout comme pour leurs ancêtres africains, la mort—qu’elle soit naturelle ou induite—n’est pas une fin, mais un voyage qui peut être semé de complications.

Lorsque les Haïtiens parlent des zombies, des Lougawou et des cochons sans poils avec la même décontraction que s’ils discutaient de la météo, cela reflète une familiarité culturelle avec ces concepts, plutôt qu’un besoin de les déchiffrer. Ils n’ont pas peur du mystère de la poudre de zombie, mais de la véritable possibilité de perdre l’essence de leurs âmes, ayant été témoins de « revenants »—ceux qui reviennent comme de simples ombres de leurs anciens selves—et ainsi, ils acceptent la réalité des zombies.

Cette profonde connexion entre l’imaginaire haïtien, le Vodou, l’héritage culturel africain et l’héritage traumatique de l’esclavage explique la présence omniprésente des zombies dans la vie haïtienne. Un zombie symbolise plus qu’une simple figure spectrale ; il incarne les peurs d’un peuple soumis par des promesses rompues, l’application de contrats par la crainte de représailles surnaturelles, et même la peur d’un fiancé de rompre un engagement, de peur de se retrouver piégé dans une rétribution mystique, enfermé dans une bouteille ou perdu dans un champ de maïs.

Zora Neale Hurston a conclu avec poignance que la clé pour comprendre les zombies ne résidait pas dans la recherche d’une potion secrète ou dans le démenti de la mythologie d’un autre peuple. C’était en réalité de croire en eux. « Si vous pouviez tordre votre esprit pour voir ce fait, alors vous aviez fait un pas de géant vers la compréhension d’Haïti—et surtout, de sa spiritualité—de l’intérieur. »


Écrit par Costaguinov Baptiste

Publié en juillet 2024.


Rythmes et rituels au festival Vodou de Lakou Soukri

Bain rituel au festival Vodou de Lakou Soukri
Photo : Jean Oscar Augustin

Rythmes et rituels au festival Vodou de Lakou Soukri

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Situé au cœur du département de l’Artibonite en Haïti, Lakou Soukri se transforme chaque année en épicentre d’un festival profondément ancré dans la culture vaudou, célèbre pour sa signification spirituelle et son sens de la communauté.

Malgré ses riches traditions, le vodou fait souvent face à des malentendus et à des stéréotypes qui voilent son authenticité.

Quelles vérités essentielles le festival de Lakou Soukri révèle-t-il sur le vodou ?

Notre visite au Lakou visait à découvrir le cœur du festival, nous entraînant dans une célébration marquée par la danse, les offrandes et l’esprit communautaire. Ce voyage à travers le festival met en lumière un vodou imprégné de tradition, de dévotion et d’un profond lien avec les royaumes naturel et spirituel, transcendant les idées reçues répandues.

Rassemblement au Festival Vodou de Lakou Soukri
Photo : Jean Oscar Augustin

Qu’est-ce qu’un lakou ?

Au cœur des traditions culturelles haïtiennes se trouve le lakou, plus qu’un simple espace, c’est une pierre angulaire de la communauté et de la spiritualité. Bien avant les villes, les quartiers et les municipalités, il y avait des lakou. Cette organisation sociale ressemble à l’essence communautaire des villages africains, servant de terreau pour l’éducation, la dévotion et la préservation des traditions vodou. Au centre de chaque lakou se trouve le poto mitan, un pilier symbolique reliant la communauté à ses ancêtres et au monde spirituel.

Le leadership au sein d’un lakou est assuré par le Houngan (prêtre vodou) ou la Mambo (prêtresse vodou), qui ne sont pas seulement des guides spirituels mais aussi des guérisseurs et des organisateurs communautaires. Leur rôle est essentiel pour maintenir le tissu social et la santé spirituelle de leur communauté, qu’il s’agisse de membres natifs ou de nouveaux initiés.

Un lakou notable, Soukri Danach, se distingue par son importance historique et son festival annuel qui attire une foule diversifiée. Cet événement incarne la vitalité communautaire et spirituelle du lakou, mettant en lumière son rôle dans la société haïtienne.

Les Échos Anciens de Lakou Soukri Danache

Lakou Soukri Danache est un phare parmi les paysages spirituels d’Haïti, salué comme l’un des trois sites spirituels majeurs. Ses racines seraient ancrées avant l’émergence même d’Haïti en tant que nation, s’entrelacent avec les histoires de Lakou Souvenance et Badjo pour former une trinité sacrée, chacun gardien d’un rite vodou unique. Soukri, en particulier, vibre avec le rite congolais, un hommage vivant aux traditions ancestrales des esclaves congolais, en contraste avec l’alignement de Souvenance avec les rites du royaume du Dahomey au Bénin.

La légende de sa création remonte à Zinzin Figaro, vénéré comme le premier à diriger le lakou. L’histoire de Soukri est riche en récits de refuge pour les esclaves marrons du Congo, cherchant réconfort et liberté au cœur de la lutte d’Haïti pour son indépendance.

S’étendant sur deux hectares et demi, Soukri Danache est une tapisserie de logements, de plantations et de familles, prospérant grâce à l’agriculture et à l’élevage tout en étant lié par un profond héritage spirituel. Chaque année, ce lakou rappelle ses enfants, ceux nés sous son ombre et ceux initiés, lors d’un pèlerinage qui réaffirme le lien inébranlable avec leur héritage spirituel et culturel.

Bain rituel au Lakou Soukri
Photo : Jean Oscar Augustin

Rituels sacrés et rassemblements

Embrassés par l’appel du retour, les enfants de Lakou Soukri se rassemblent pour célébrer leur riche héritage lors d’un festival qui s’étend sur plus de deux semaines. Pendant cette période, le lakou est rempli d’activités qui touchent à l’essence du Vodou : de la danse rythmée à la solennité des cérémonies, des offrandes et des bains rituels.

Alors que le crépuscule s’installe le 14 août, les terres sacrées du temple, connues sous le nom de Soba, s’animent d’anticipation. Cette nuit est réservée à Met Kafou, le loa Vodou (c’est-à-dire l’esprit Vodou) considéré comme le gardien des carrefours, symbole de choix, de chemins et des intersections entre la vie et le royaume spirituel. Les assemblés, qu’ils soient initiés ou intrigués, sont conduits par des figures d’autorité spirituelle à travers les portes du temple, participant à des prières visant à demander des bénédictions aux loas, renforçant ainsi les liens d’unité et d’existence partagée.

Le crescendo arrive le lendemain, le 15 août, avec une grande cérémonie Vodou. Vêtus de blanc, symbole de pureté et d’ouverture, les participants se rassemblent dans des sanctuaires désignés au sein du lakou. Les cérémonies de la journée commencent par des prières, des percussions et des sacrifices rituels — des coqs près de la porte, des chèvres à l’intérieur du Soba, et un taureau près d’un ancien arbre connu sous le nom de Palan Ganga, chaque acte renforçant l’ambiance spirituelle.

Si l’idée des offrandes animales vous semble perturbante, sachez que pour les croyants, il s’agit d’un rituel ancré dans la réciprocité et le maintien de l’équilibre cosmique.

Préparatifs au festival Vodou de Lakou Soukri
Photo : Jean Oscar Augustin

Après ces moments poignants, l’attention se tourne vers le Bassin Inan pour un bain rituel en l’honneur de la loa Manbo Inan. Entourée d’arbres majestueux, cette piscine naturelle est le témoin d’une cérémonie fascinante de tambours, de danse et de chant, culminant lorsque la loa, censée résider dans ces eaux, se manifeste. Les initiés, désormais dans un état de possession, sautent frénétiquement dans le bassin en un affichage de foi et d’extase.

Cette scène extraordinaire offre non seulement un aperçu de la profonde spiritualité du Vodou, mais permet également aux pèlerins de demander des bénédictions en collectant de l’eau de ce site sacré.

Les jours qui suivent sont remplis de danses et de cérémonies à divers lieux de repos des esprits, chaque moment renforçant les liens communautaires et spirituels. Le festival se termine par une salutation universelle aux points cardinaux, un dernier acte d’unité et de respect, encapsulant le profond voyage de retour et de célébration qui caractérise le festival de Lakou Soukri.

Une pause entre les cérémonies au Festival Vodou
Photo : Jean Oscar Augustin

Quand vivre la magie de Soukri

Le festival enchanteur de Soukri se déroule chaque année du 14 août aux premiers jours de septembre. Cette période, qui relie l’été chaud au début de l’automne, crée un cadre idéal pour les danses nocturnes et les somptueux repas caractéristiques des célébrations vaudou, tout en évitant les fortes pluies de la saison.

Comment s’y rendre

Le lakou est situé à quelques kilomètres au nord des Gonaïves. Le chemin le plus simple consiste à prendre un tap-tap ou un taxi-moto depuis la ville, en direction de la localité de Mapou, puis de continuer vers Soukri. En vous approchant, n’oubliez pas le profond respect que ce lakou inspire à ses gardiens ; il est donc essentiel de l’aborder avec une attention et un respect pour sa signification spirituelle.

Vous souhaitez faire une offrande ?

Pour vous immerger dans l’esprit du festival, envisagez d’apporter une offrande. Pour des conseils précis, un initié pourra vous orienter sur ce qui est le plus approprié pour chaque cérémonie. Habituellement, une bouteille de rhum haïtien est un cadeau apprécié. Lorsque vous la présentez au serviteur du Lakou pour la table des Loas, cela symbolise votre participation à une tradition de générosité. En assistant à cela, vous pourriez également ressentir, tout comme les initiés et les pèlerins, la profonde générosité des loas en retour.


Écrit par Costaguinov Baptiste.

Publié en avril 2024.


Votre guide ultime du Carnaval en Haïti

Costumes de carnaval, Jacmel
Photo: Franck Fontain

Votre guide ultime du Carnaval en Haïti

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Le Carnaval en Haïti n’est pas seulement un festival, c’est une véritable institution culturelle qui coule dans les veines de son peuple. Pour les Haïtiens, la musique est un mode de vie, et pendant le Carnaval, c’est comme si tout le pays s’animait dans un arc-en-ciel de couleurs, de sons et de rythmes.

Mais ce n’est pas seulement une fête — le Carnaval est une expérience transformative qui bouscule les choses et inspire le changement.

Alors, continuez à lire pour découvrir ce qui rend le Carnaval en Haïti si unique et, qui sait, peut-être planifier votre propre voyage pour vous joindre à la fête !

Costumes de carnaval à Jacmel
Photo: Franck Fontain

Une brève histoire du Carnaval en Haïti

Commençons par le début : la tradition du Carnaval (ou kanaval en créole haïtien) en Haïti a débuté pendant la période coloniale dans les grandes villes comme Port-au-Prince, Cap-Haïtien et Jacmel. À cette époque, les esclaves n’étaient pas autorisés à participer. Les propriétaires d’esclaves cherchaient à priver le peuple de tout ce qui était possible, notamment des éléments associés au mode de vie de l’élite blanche propriétaire d’esclaves en Haïti.

Mais les esclaves organisaient leurs propres mini-carnavals dans leurs arrière-cours et leurs quartiers. Avec des costumes faits de haillons et leur peau couverte de cendres et de graisse, ils imitaient et ridiculisaient les maîtres esclavagistes. Cette pratique a donné naissance à l’une des plus anciennes traditions du pays, celle des Lansèt Kòd. Découvrez-en plus sur cette figure emblématique de l’imaginaire collectif haïtien.

Au fil des décennies, le Carnaval a évolué pour devenir une fête nationale et l’événement culturel le plus important d’Haïti. Aujourd’hui, l’ambiance peut être décrite comme celle de gigantesques fêtes de rue, mais c’est aussi une vitrine à ciel ouvert pour les créations artistiques et l’artisanat.

Au-delà des célébrations, de la nourriture, de l’alcool et de la musique, le Carnaval haïtien revêt également un aspect politique. Le festival offre aux Haïtiens l’opportunité d’exprimer leurs doléances populaires, à travers les costumes, les paroles des meringues et les chansons diffusées. Les paroles contiennent souvent des revendications et des allégories de la vie sociale, délivrées au rythme de la musique et à plein volume. De nombreux costumes et personnages du carnaval sont également conçus comme des satires et des commentaires sur l’actualité.

Personnages du carnaval, Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

Costumes colorés et personnages surprenants

Si vous assistez un jour au Carnaval en Haïti (et croyez-nous, vous devriez), la première chose qui attirera votre attention sera les costumes époustouflants portés par les troupes du carnaval. Fabriqués en papier mâché, ces tenues donnent vie à la flore et à la faune du pays avec des couleurs vives et des motifs complexes. Vous verrez tout, des oiseaux exotiques comme les perroquets et les toucans aux costumes inspirés par le passé colonial de l’île.

Mais les costumes ne sont pas la seule chose qui rend le Carnaval haïtien si unique. Le festival est également le lieu d’une large gamme de personnages colorés, à la fois réels et fictifs. Vous pourriez croiser une représentation géante de Barack Obama ou de Vladimir Poutine, ou encore une interprétation fantaisiste du choléra ou du COVID-19. Et n’oubliez pas les figures historiques, comme les héros de l’indépendance haïtienne et les Taïnos, les premiers habitants de l’île.

Chaque costume et personnage du Carnaval haïtien a une histoire unique à raconter, représentant différents aspects de la culture, de l’histoire et du folklore du pays. Vous souhaitez plonger plus profondément dans le monde fascinant du Carnaval haïtien ? Consultez ce guide visuel, où nous dévoilons l’histoire et les significations riches derrière les costumes colorés du Carnaval de Jacmel.

Participants du carnaval dansant, Jacmel
Photo: Franck Fontain

Musique, rythmes et battements du Carnaval

La musique du Carnaval haïtien est un mélange unique d’influences européennes et africaines, créant un son à la fois vivant et expressif, composé de percussions, d’instruments en bambou, de trompettes et d’accordéons. Au cœur du carnaval se trouve le Rara, une bann a pye (littéralement « bandes à pied » ou fanfare) étroitement liée à la pratique du vodou.

En plus du Rara, le carnaval est également influencé par d’autres genres musicaux plus modernes comme le compas bien connu, le rap créole, la musique racine, et le raboday, un genre musical populaire qui a émergé au milieu des années 2000. Ce genre est basé sur un style musical traditionnel appelé Rasin, qui mélange les rythmes vodou avec la musique pop-rock moderne. Le raboday se caractérise souvent par ses rythmes énergiques et son utilisation prononcée des percussions, et c’est un favori pendant la saison du carnaval et lors des soirées dansantes à travers Haïti. Et enfin, n’oublions pas la meringue, l’un des styles de musique haïtienne les plus populaires que vous entendrez pendant le carnaval.

Vendeur de kleren à JérémiePhoto: Franck Fontain

Les saveurs du Carnaval à ne pas manquer

Beignets
Un incontournable de la tradition du kanaval haïtien, les beignets sont une délicatesse à ne pas manquer pendant la saison du carnaval en Haïti. Contrairement aux beignets traditionnels, qui sont généralement une pâte frite gonflée, les beignets haïtiens sont plats et faits à base de bananes.

Ces petites gourmandises délicieuses ressemblent à de mini-crêpes, mais avec une texture croquante, et sont généreusement saupoudrées de sucre. Ne manquez pas l’occasion de goûter à ces douceurs sucrées, car elles sont rarement disponibles en dehors de la saison du carnaval.

Kleren
Une autre saveur locale à essayer pendant le carnaval est le trampe – une variété du moonshine local connu sous le nom de kleren (ou clairin pour les francophones et anglophones). Ce type de rhum artisanal a une tradition séculaire en Haïti et fait partie intégrante de la culture du pays. Le trampe désigne le kleren qui a macéré pendant des semaines, voire des mois, avec des fruits et des épices locaux, créant ainsi des mélanges uniques et savoureux.

Pendant le carnaval, vous trouverez des marchands ambulants proposant de grandes jarres de kleren avec différentes saveurs, ainsi que des promesses de bienfaits pour la santé et de propriétés aphrodisiaques. Il existe de nombreux parfums populaires de trampe locaux parmi lesquels choisir, comme le Kenep, qui offre une douceur subtile grâce au fruit haïtien également connu sous le nom de quenepe ou limoncello.

Bwa kochon est une autre saveur populaire, infusée avec de l’écorce, du bois et des feuilles, offrant un goût extra fort et terreux. Grenadya est une saveur acidulée et sucrée, préparée avec des fruits de la passion, tandis que Lanni est un trampe doux infusé à la cannelle, à l’anis étoilé ou au fenouil.

Carnavaliers à Jacmel
Photo: Franck Fontain

Quand a lieu le Carnaval en Haïti

Le Carnaval en Haïti n’est pas un événement d’un jour, comme vous pourriez le connaître dans d’autres pays. En fait, il s’étend de janvier jusqu’à la grande parade des Trois Jours Gras en février ou mars. Tout au long de la saison, des festivités et des célébrations ont lieu chaque dimanche dans plusieurs grandes villes d’Haïti.

Que vous soyez un amateur d’art ou que vous souhaitiez simplement faire la fête, plusieurs destinations s’offrent à vous pour vivre pleinement l’expérience.

Où vivre l’expérience du Kanaval haïtien

Jacmel
Le carnaval de Jacmel est un incontournable pour les amateurs d’art, avec ses masques en papier mâché extraordinaires et ses costumes splendides confectionnés par des artisans et artistes locaux. Le carnaval de cette paisible ville côtière est considéré comme l’un des plus beaux des Caraïbes, en raison de la créativité et de la magnificence de ses expositions artistiques. Pendant la saison du carnaval, Jacmel accueille plusieurs événements et activités, qui culminent avec les trois jours de célébration des Trois Jours Gras.

Vous voulez faire la fête comme un Haïtien au Carnaval de Jacmel ? Lisez ceci d’abord !

Port-au-Prince

Le Carnaval de Port-au-Prince est le plus populaire en Haïti, attirant une grande foule de festivaliers venus profiter de l’ambiance explosive de musique et de danse. La parade met en vedette des créations artistiques, des fanfares et de grands chars, mais le véritable point fort réside dans les groupes musicaux qui défilent au Champ de Mars, la plus grande place publique de la ville. Ici, les groupes et artistes haïtiens les plus célèbres rivalisent pour déterminer qui aura le meilleur slogan, char ou chanson du carnaval.

Cap-Haïtien
Si vous recherchez une expérience de carnaval plus paisible, Cap-Haïtien est un excellent choix. La parade a lieu chaque année sur le Boulevard du Cap-Haïtien, en bord de mer, où se trouvent également certains des meilleurs restaurants de la ville. Le Carnaval de Cap-Haïtien est réputé pour son ambiance ordonnée et calme, ce qui en fait une excellente option pour les familles et ceux qui préfèrent une célébration plus détendue.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en avril 2023.


Rencontrez les personnages colorés du carnaval de Jacmel

Figures de carnaval en papier mâché
Photo: Jean Oscar Augustin

Rencontrez les personnages colorés du carnaval de Jacmel

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Êtes-vous prêt pour un carnaval comme nul autre ? Un carnaval où des créatures mythiques, une riche histoire et des costumes vibrants se rencontrent dans un spectacle festif ? Alors faites vos valises et dirigez-vous vers Jacmel, sur la côte sud d’Haïti, où le célèbre carnaval de la ville vous attend.

Pour de nombreux Haïtiens, la phrase « Lage m pou m al nan kanaval » (Je suis prêt à aller au carnaval) résonne comme une mélodie familière, car elle est tirée d’une célèbre chanson de carnaval en méringue. Mais le carnaval de Jacmel n’est pas un Mardi Gras ordinaire. C’est une célébration de la culture et de la société haïtiennes, exprimée à travers un défilé de tenues colorées et de masques en papier mâché fascinants.

Peinture corporelle au carnaval de Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

La ville de Jacmel, connue comme la capitale culturelle d’Haïti, possède une riche tradition artistique, notamment dans le domaine du papier mâché. Le carnaval en est un témoignage, mettant en avant des figures mythiques de l’imaginaire collectif haïtien, comme le Chaloska, le Lanset Kod et le Yawe. Cependant, le casting de personnages et les costumes de carnaval évoluent constamment, intégrant des figures inspirées du panthéon vaudou, d’événements actuels et de personnalités notables, ce qui fait de chaque édition une critique unique et vivante de l’histoire d’Haïti.

Rejoignez-nous pour plonger dans le monde fascinant du carnaval de Jacmel, où les personnages et les traditions qui définissent la riche histoire d’Haïti sont célébrés de la manière la plus originale et joyeuse qui soit.

Êtes-vous prêt? Allons-y !

Costume de carnaval Chaloska
Photo: Jean Oscar Augustin

Le seul et l’unique Chaloska

Le défilé du carnaval de Jacmel présente certains des personnages les plus intrigants, dont des groupes de jeunes hommes vêtus de frac et de haut-de-forme. Ces personnages représentent le général Charles Oscar Etienne, qui était infâme pour sa cruauté à Port-au-Prince et à Jacmel. Le général a acquis une notoriété pour ses actes de violence contre les prisonniers politiques qui s’opposaient au gouvernement du président Vilbrun Guillaume Sam.

Après l’assassinat du président et de son général dévoué par une foule en colère en 1915, le carnaval de Jacmel a créé le personnage de Chaloska pour se moquer des traits frappants de l’ancien général, tels que sa taille et ses dents proéminentes. Le costume, complété par des épaulettes, une casquette et un ensemble de dents exagérées, sert de satire colorée de l’infâme général.

Figures de carnaval en papier mâché
Photo: Jean Oscar Augustin

Flore et faune du carnaval

Imaginez que vous êtes assis à l’une des nombreuses échoppes du carnaval haïtien, et soudain, vous apercevez une énorme tête de crocodile dépassant de la foule dans le défilé. Un peu plus loin, une fleur d’hibiscus fait son apparition, vous voyez un coq de votre taille et des dragons, plein de dragons.

Le défilé du carnaval peut vous transporter dans des univers surréalistes lorsque vous vous y attendez le moins. Avec de grands masques et des costumes représentant des arbres, des fruits tropicaux, des fleurs colorées et des animaux, le carnaval de Jacmel célèbre la flore et la faune tropicales d’Haïti. C’est aussi un moyen de préserver une tradition chère à cette ville côtière, la technique du papier mâché – lisez-en plus ici !

Lanset Kod au carnaval de Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

Les Lansèt Kòd et leurs farces

Chaque dimanche précédant le défilé du carnaval, vous pourriez croiser des groupes d’hommes et de femmes complètement couverts d’un mélange brillant et collant, noir comme du charbon, composé de sirop de canne à sucre et de charbon. Ce sont les Lansèt Kòd (lanceurs de cordes en français).

Parfois, ils paradent avec des fouets à la main et portent des accessoires surprenants tels que des perruques multicolores, des mini-jupes et des strings, ou des porte-voix fixés à leurs têtes et à leurs bras. Pour le novice du carnaval, ils peuvent sembler étranges, effrayants, voire grotesques. Ne vous inquiétez pas, c’est le but. L’origine de cette tradition remonte à l’époque coloniale, comme beaucoup d’autres pratiques de la culture haïtienne.

Ces lanceurs de cordes sont connus pour leurs plaisanteries et leurs espiègleries. Si vous avez l’idée originale de porter du blanc pour le défilé, vous risquez de vous retrouver avec une empreinte de main noire dans le dos !

Suivez les pas d’un groupe de lansèt kòd alors qu’ils courent à travers Jacmel !

Le Yawe au carnaval de Jacmel
Photo: Franck Fontain

Yawe: Une tradition unique du carnaval !

Le carnaval de Jacmel est spécial par sa capacité à vous transporter d’un monde à un autre en un clin d’œil. Les personnages du défilé peuvent soudainement laisser place à une atmosphère inquiétante remplie de crânes et de squelettes. Ce sont les Zombies (zonbi en créole), l’un des mystères du folklore haïtien et du Vodou qui a captivé l’imagination des gens du monde entier et alimenté des fantasmes incroyables et improbables.

Le concept de zombies est profondément enraciné dans la culture haïtienne et précède son appropriation par Hollywood et le reste du monde. Bien avant de devenir un thème grand public dans les films d’horreur et les jeux vidéo, les zombies en Haïti symbolisaient les morts revenus d’entre les morts et éternellement asservis.

Alors, qu’attendez-vous ? Visitez Jacmel pendant le kanaval pour vous rapprocher de ces personnages !

Fèy Bannann
Photo: Jean Oscar Augustin

Fèy Bannann

Le Fèy Bannan est un groupe masqué qui capture l’essence à la fois étrange et intrigante : habillés de la tête aux pieds avec des feuilles de bananier sèches, ne laissant qu’un petit trou pour les yeux. Certains disent que leur costume rend hommage au personnage folklorique allemand Knecht Ruprecht, qui punissait les enfants désobéissants. Peut-être que cette tradition a été apportée à Jacmel par la jeune bourgeoisie allemande, avec les cheveux du personnage transformés en feuilles de bananier sèches.

Cependant, le Fèy Bannan pourrait avoir un message plus profond au cœur de son existence. Une autre histoire suggère que ce costume de carnaval a été créé par un agriculteur sage, en tant que critique satirique de la bourgeoisie jacmelienne à une époque où leurs bananes étaient exportées, enrichissant uniquement les riches. Le masque sert de message aux exploiteurs, un rappel qu’ils ont tout pris, et que la seule chose qui reste est les feuilles de bananier qu’ils utilisent pour se couvrir.

Personnage de carnaval Ti Brino
Photo: Jean Oscar Augustin

Ti Brino: L’Âne Masqué

Même les animaux participent aux festivités du carnaval de Jacmel ! Alors ne soyez pas surpris si vous voyez un âne habillé de baskets Converse et d’un chapeau en paille. Et la folie ne s’arrête pas là.

Le personnage connu dans la ville sous le nom de Ti Brino est suivi par une foule de jeunes garçons entièrement peints de couleurs néon vives – rappelant quelque chose tout droit sorti d’Alice au pays des merveilles. L’histoire raconte que le nom curieux de ce costume de carnaval appartient à la première personne qui a eu l’idée originale de faire défiler un âne lors du carnaval.

Costumes de carnaval de zombies
Photo: Jean Oscar Augustin

Entrez dans l’univers des zombies

Le carnaval de Jacmel est spécial par sa capacité à vous transporter d’un monde à un autre en un clin d’œil. Les personnages du défilé peuvent soudainement donner place à une ambiance lugubre remplie de crânes et de squelettes. Ce sont les zombies (zonbi en créole haïtien), l’un des mystères du folklore haïtien et du Vodou qui a captivé l’imagination des gens à travers le monde et alimenté des fantasmes incroyables et improbables.

Le concept de zombies est profondément enraciné dans la culture haïtienne et précède son appropriation par Hollywood et le reste du monde. Bien avant de devenir un thème grand public dans les films d’horreur et les jeux vidéo, les zombies en Haïti symbolisaient les morts revenus d’entre les morts et éternellement asservis.

Lisez-en plus sur les mythiques zombies haïtiens ici !

Papa Juif
Photo: Jean Oscar Augustin

L’Énigmatique Juif Errant

Préparez-vous à être émerveillé alors que le Carnaval de Jacmel dévoile l’une de ses figures les plus intrigantes : le Juif Errant. Surnommé « Papa Juif », cet homme âgé, avec sa longue barbe blanche et son habillement rappelant les patriarches bibliques tels qu’Abraham et Moïse, défile majestueusement dans le cortège avec un bâton à la main.

Le personnage du Juif Errant est un mystère en soi. Comment a-t-il trouvé son chemin vers le Carnaval de Jacmel ? Sa légende le dépeint comme une figure mondaine, appartenant partout et nulle part à la fois. Ce personnage sert de rappel de l’héritage chrétien des carnavals, comme en témoigne la présence d’autres personnages, tels que des anges et des démons issus de la tradition chrétienne.

Costume de carnaval des autochtones des Caraïbes
Photo: Jean Oscar Augustin

La Figure Historique de l’Endyen

Ils portent des jupes courtes, des couronnes de plumes et du roucou sur le visage. Le personnage endyen évoque une partie de l’histoire d’Haïti, à savoir l’époque où l’île était habitée par les Tainos, les Arawaks et d’autres tribus indigènes des Caraïbes. Bien que ces peuples soient aujourd’hui disparus, de nombreux éléments de leur culture pacifique subsistent, comme leurs œuvres d’art et leur cuisine. Le carnaval haïtien rend hommage à ces peuples chaque année à travers le personnage endyen.

Parmi les natifs représentés, vous pouvez observer la belle reine Anacaona, reconnue pour sa beauté et son grand talent de poétesse, ou le roi Caonabo, célèbre pour son courage face à l’invasion espagnole de l’île. Ce couple est souvent présenté en première ligne de la section indienne du défilé.

Un groupe de Zel Mathurin au carnaval de Jacmel
Photo: Franck Fontain

Le redoutable Zel Mathurin

Dernier personnage de notre liste, nous avons de redoutables petits diables en costumes de satin aux couleurs vives, arborant des ailes en bois et des masques en papier mâché menaçants.

Ce sont les Zel Mathurins. Ils défilent en formation et créent une atmosphère étrange en frappant leurs ailes pour produire un son inquiétant, incarnant Lucifer et ses démons. Ces figures s’inspirent de la tradition biblique de l’enfer et suivent généralement les anges dans le défilé du carnaval.

Alors, qu’attendez-vous ? Visitez Jacmel pendant le kanaval pour vous rapprocher de ces personnages !


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en février 2023.


Guide visuel des Vèvè: Symboles et cosmogrammes vodou

Dessiner un vèvè vodou
Photo: Pierre Michel Jean

Guide visuel des Vèvè: Symboles et cosmogrammes vodou

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Le vodou, une pratique spirituelle et culturelle qui intrigue depuis longtemps des gens du monde entier, est un mélange fascinant de croyances et de traditions africaines, amérindiennes et européennes. C’est une riche tapisserie tissée à partir des croyances et des expériences des peuples réduits en esclavage, amenés dans les Caraïbes et les Amériques, et qui s’est façonnée et a évolué au fil des siècles pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

Au cœur du vodou se trouvent les symboles appelés vèvè. Ces cosmogrammes sont des dessins complexes réalisés avec de la farine de maïs, du café ou de la farine, et ils servent de représentation visuelle des esprits et des divinités honorés dans le vodou. Chaque vèvè correspond à un esprit spécifique, et les invoquer implique de tracer le symbole correspondant sur le sol. Cette pratique est souvent exécutée par un initié ayant appris la technique, et elle constitue une partie essentielle des rituels et cérémonies vodou.

Vèvè vodou
Photo: Pierre Michel Jean

En Haïti, le vodou est une composante vivante et influente de la culture du pays, et ses cosmogrammes vèvè reflètent la riche diversité des esprits et des croyances qui forment cette pratique unique.

Du spirituel guérisseur Simbi, gardien des rivières et des sources, au pouvoir farouche et étendu d’Erzulie Freda et d’Erzulie Dantor, chaque vèvè a une signification et une importance particulières. Ces symboles ne sont pas seulement essentiels dans les rituels vodou, mais sont également des icônes culturelles appréciées, célébrées dans l’art et les designs à travers tout le pays.

Accompagnez-nous alors que nous naviguons à travers la vaste gamme d’esprits et de symboles du vodou haïtien avec ce guide visuel des vèvès les plus emblématiques que vous rencontrerez probablement en Haïti. Explorez la signification de ces symboles et plongez dans l’univers fascinant du vodou.

Symbole vodou de Papa Legba
Illustration : Pyelila

Legba: Le Gardien des Portes

Papa Legba, le premier esprit à se manifester lors d’une cérémonie vodou, occupe une place spéciale dans le panthéon vodou haïtien. Il est le gardien des portes, permettant aux esprits de traverser vers le monde des humains. Son vèvè symbolise son rôle de barrière entre les deux mondes, avec deux axes perpendiculaires et sa canne.

Symbole vodou de Damballah & Ayida Wèdo
Illustration: Pyelila

Damballah et Ayida Wèdo

Papa Legba, le premier esprit à se manifester lors d’une cérémonie vodou, occupe une place spéciale dans le panthéon vodou haïtien. Il est le gardien des portes, permettant aux esprits de traverser vers le monde des humains. Son vèvè symbolise son rôle de barrière entre les deux mondes, avec deux axes perpendiculaires et sa canne.

Symbole vodou des Marasa
Illustration : Pyelila

Marasa: Les esprits jumeaux magiques

Marasa représente la dualité du bien et du mal dans le vodou haïtien. En tant qu’esprits jumeaux, ils sont redoutés pour leurs pouvoirs magiques supposés, comme la capacité de contrôler la météo et de prédire l’avenir. En Haïti, les jumeaux humains sont perçus comme ayant une connexion forte, symbolisée par le vèvè qui les montre liés ensemble. Marasa est souvent vu comme espiègle, représenté sous forme d’enfants ou de jeunes adolescents dans l’imaginaire collectif des Haïtiens.

Symbole vodou d’Ogou Feray
Illustration: Pyelila

Ogou: Le puissant esprit guerrier

Ogou est un esprit important dans le panthéon du vodou haïtien, avec plusieurs vèvès qui lui sont dédiés. Il est connu pour changer de nom et porter différents titres, tels qu’Ogou Feray, Ogou Badagri et Ogou Adaché. La position de l’épée dans le dessin sert d’indicateur rapide pour identifier les différents Ogous. Par exemple, le symbole vodou d’Ogou Feray montre des épées croisées, comme on peut le voir dans ce vèvè.

Symbole vodou d’Ogou Badagri
Illustration: Pyelila

Le vèvè d’Ogou Badagri montre également des épées, mais ici, elles sont entrelacées. Ogou est largement vénéré par les pratiquants du vodou pour son énergie guerrière puissante. Il est souvent perçu comme un membre d’une grande escorte de Loas guerriers. Les épées dans le cosmogramme symbolisent la force d’Ogou ainsi que sa capacité à protéger et à défendre ceux qui l’invoquent. Que vous recherchiez protection, guidance ou victoire au combat, Ogou est un esprit puissant à appeler lors des rituels vodou.

Symbole vodou de Kouzen Zaka
Illustration: Pyelila

Kouzen Zaka: Protecteur des champs

Kouzen Zaka, représenté par ce vèvè, est le gardien des champs dans le vodou haïtien. Le dessin de son symbole met en avant des éléments de l’activité agricole, y compris la terre, la machette, la faucille, la houe et un djakout (sac en paille). Zaka est étroitement lié au travail et est célébré le 1er mai, jour de la fête de l’agriculture et du travail. Il est vénéré par les agriculteurs et ceux qui dépendent de l’agriculture pour leur subsistance.

Symbole vodou d’Ayizan
Illustration: Pyelila

Ayizan: La gardienne du commerce et de la guérison

En tant que patronne du commerce et des marchés, Ayizan est un esprit vénéré pour ses puissants dons de guérison. Son vèvè se compose de quatre lignes qui se croisent pour former un losange au centre. Ce losange central symbolise une feuille de palmier, l’arbre préféré de cette divinité. En tant que patronne du commerce, Ayizan est respectée par les marchands et les commerçants.

Symbole vodou de Papa Loko
Illustration: Pyelila

Papa Loko: Le gardien des traditions vodou

Esprit important dans le vodou haïtien, Papa Loko est connu pour ses pouvoirs de guérison et son association avec le vent. En tant que premier prêtre vodou, il est responsable de conférer des pouvoirs spirituels aux nouveaux prêtres et de préserver les traditions de la religion.

Son vèvè, qui représente un serpent enroulé autour d’un axe vertical et d’une canne, symbolise son rôle de protecteur des ounfò, les temples vodou. Papa Loko est grandement respecté par les pratiquants pour son influence dans la préservation des anciennes coutumes et croyances au sein du vodou.

Symbole vodou d’Agwe
Illustration: Pyelila

Agwe: Maître des mers

Dans le vodou haïtien, Agwe, également connu sous le nom de Mèt Agwe, est le souverain des océans. Son vèvè symbolise un bateau, reflétant son domaine maritime. Les communautés côtières rendent souvent hommage à cet esprit puissant en lui offrant une dévotion dans un bateau chargé d’offrandes. Pour les adeptes du vodou, le navire dans le symbole d’Agwe représente son rôle dans l’escorte des âmes des défunts vers leur lieu de repos final.

Symbole vodou de Simbi
Illustration: Pyelila

Simbi: L’esprit de l’eau

Les esprits Simbi sont les gardiens des sources d’eau, des rivières et des sources. Ce sont aussi des esprits guérisseurs qui peuvent accorder le don de clairvoyance à leurs fidèles. Avec les nombreuses rivières, cascades et longues côtes du pays, cet esprit occupe une place importante dans le cœur des Haïtiens, surtout dans les villes côtières où la pêche est la principale source de revenus et de nourriture.

Pour les propriétaires de bateaux, les commerçants voyageant par mer et les pêcheurs en devenir, Simbi revêt une grande importance. Certains pratiquent même une cérémonie avant de se lancer dans un voyage.

Symbole vodou de Bawon Samedi
Illustration: Pyelila

Baron Samedi – Le gardien de la mort dans le vodou

Bawon Samedi est le maître des cimetières et le gardien entre le monde des morts et celui des vivants. Son vèvè représente une tombe avec une croix et deux cercueils, symbolisant la mort. Il est l’un des esprits vodou les plus célèbres et est accompagné d’un cortège d’autres esprits appelés les Gede.

Pour mieux comprendre les esprits Gede, découvrez cette histoire sur la célébration de Fèt Gede en Haïti.

Symbole vodou de Grann Brigitte
Illustration: Pyelila

Grann Brigitte: La compagne de Baron Samedi

Grann Brigitte forme un couple avec Baron Samedi pour régner sur le monde des morts et les cimetières. Son vèvè est composé de trois lignes parallèles et d’un cœur, le tout décoré de petites croix.

Symboles vodou d’Erzulie Freda et d’Erzulie Dantor
Illustration: Pyelila

Erzulie Freda & Erzulie Dantor: Le cœur de l’amour et de la protection

Erzulie Freda et Erzulie Dantor sont souvent considérées comme des sœurs dans le vodou haïtien. Elles partagent des similitudes dans leurs vèvès, mais présentent également des différences distinctes. Les deux dessins représentent un cœur, symbole de l’amour, mais celui d’Erzulie Dantor est transpercé par un couteau, tandis que celui d’Erzulie Freda est intact. Erzulie Freda est connue pour sa jalousie et sa nature imprévisible, mais aussi pour son pouvoir en tant qu’amante. En revanche, Erzulie Dantor est vénérée comme une figure maternelle forte et aimante.

Symbole vodou de Milokan
Illustration: Pyelila

Milokan – Le vèvè chef-d’œuvre

Les symboles vèvè de Milokan sont un exemple de complexité raffinée. Ils ne représentent pas un esprit unique, mais une assemblée de divinités. Lors des rituels vodou, les initiés peuvent invoquer plusieurs esprits simultanément en utilisant le Milokan. Ces vèvès sont de véritables œuvres d’art, témoignant de la maîtrise de leurs créateurs.

Les cosmogrammes vèvè du vodou sont bien plus que de simples symboles dans la culture haïtienne ; c’est une forme d’art, maîtrisée par les prêtres initiés. Ces dessins complexes sont imprégnés de signification mystique et rituelle, représentant un lien entre le monde des humains et celui des esprits.

Mais la beauté des vèvès dépasse le domaine de la spiritualité. Leur attrait esthétique en a fait une tendance populaire dans la mode et le branding d’entreprises, mettant en valeur la richesse de la culture haïtienne. Des entrepreneurs et des artistes, comme ceux du mouvement de peinture Saint-Soleil, intègrent les motifs de vèvè dans leurs œuvres, ajoutant ainsi une touche de vodou à leurs créations.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le vodou, son histoire et son impact sur la société haïtienne, voici quelques récits supplémentaires qui explorent ce sujet fascinant :

  • Testez vos connaissances sur la tradition spirituelle la plus mal comprise du monde en apprenant à distinguer le fait de la fiction en ce qui concerne le vodou haïtien.
  • Si vous souhaitez explorer l’histoire de cette pratique spirituelle ancestrale et sa place dans la culture haïtienne, envisagez de visiter le Bureau d’Ethnologie, un musée dédié au vodou en Haïti.
  • De plus, vous pouvez percer certains des mystères durables du vodou en suivant le sentier du pèlerinage annuel unique en son genre vers Saut d’Eau, qui rassemble des foules de fidèles et de curieux.
  • Pour aller plus loin, voici quelques-uns de nos livres préférés sur le vodou haïtien, à ajouter à votre bibliothèque.
  • Enfin, si vous avez l’opportunité de visiter Haïti, vous pouvez approfondir votre exploration du vodou en assistant à une cérémonie vodou pour en observer la beauté et la puissance de première main.

Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en mars 2023.


De Legba à Erzulie: Guide des dieux et déesses du vodou haïtien

L’esprit vodou Agaou
Photo: Verdy Verna

De Legba à Erzulie: Guide des dieux et déesses du vodou haïtien

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Entrez dans le monde mystique du vodou haïtien, où des dieux puissants règnent en maîtres. Du guerrier féroce Ogoun à la mère aimante Erzulie, ces divinités sont vénérées et honorées par les pratiquants depuis des siècles. Mais au-delà des représentations hollywoodiennes de zombies et de possessions en transe, se cache un riche patrimoine culturel imprégné de tradition, de rituels et d’un fort esprit de communauté.

Rejoignez-nous pour plonger plus profondément dans le fascinant royaume des esprits et découvrir la véritable essence du vodou haïtien.

Combien de dieux y a-t-il dans le vodou haïtien ?

En réalité, il n’y a ni dieux ni déesses dans le vodou. Il n’y a pas non plus d’anges ou de démons. En général, les pratiquants du vodou s’accordent sur l’existence d’une entité supérieure qu’ils appellent souvent « Bondye » ou « Granmet. » Tout ce qui vit et respire est placé sous son autorité suprême. Cependant, la vie quotidienne et les croyances du pratiquant du vodou sont placées sous l’égide d’entités particulières : les Loas.

Rèn Kongo
Photo: Verdy Verna

Alors, que sont ces Loas ?

Pensez à eux comme des intermédiaires entre Dieu et nous, les mortels. En fait, les pratiquants du vodou voient les Loas comme des énergies puissantes qui s’occupent de nos affaires quotidiennes, tandis que Bondye reste en retrait. Certes, appeler Bondye le « Dieu du vodou » est un peu inexact, mais cela ne change rien à l’importance des esprits dans la vie des pratiquants. Ce sont eux qui sont honorés lors de toutes ces cérémonies et rituels dont vous avez peut-être entendu parler.

Vous ne trouverez pas de Bible sacrée du vodou qui répertorie toutes les divinités, car le vodou est une spiritualité complexe et dynamique. Les esprits du vodou haïtien sont enracinés dans les cultures africaines, caribéennes et autochtones, telles que celles des Taïnos, du royaume du Dahomey et du Congo.

Certains pratiquants vous diront qu’il existe 401 nasyon (familles de Loas), tandis que d’autres mentionneront 101 ou 21 nasyon. C’est une manière de dire qu’il y a de nombreux Loas, connus et inconnus.

Pour vous aider à y voir plus clair, voici une liste des Loas les plus connus.

Papa Legba
Photo: Verdy Verna

Papa Legba

Commençons par Papa Legba, le gardien de la porte du monde des esprits et celui qui dévoile les secrets du vodou. Connu comme un Loa farceur, il est souvent représenté comme un vieil homme s’appuyant sur une béquille, accompagné d’un ou plusieurs chiens. Lors des cérémonies vodou, il est le premier à être invoqué, car c’est lui qui ouvre le portail spirituel qui sépare les Loas de notre monde physique.

De plus, Papa Legba est le gardien des portails, des portes et des carrefours, et il est connu sous plusieurs noms, tels que Atibon Legba, Legba Met Kafou et Legba Potay. Son rôle est essentiel dans tout rituel vodou, car c’est lui qui accorde l’accès aux autres Loas et leur permet de se manifester pendant la cérémonie.

Danmbala Wèdo & Ayida Wèdo
Photo: Verdy Verna

Damballah Wèdo et Ayida Wèdo

Voici Damballa Wèdo et Ayida Wèdo – le couple divin ultime. Ils symbolisent l’équilibre parfait et l’harmonie de toute la création, représentant à la fois les énergies masculines et féminines. Ensemble, ils sont souvent représentés sous la forme de deux serpents entrelacés, illustrant l’union de leurs esprits.

Damballa est la force originelle de la création, considéré comme la voix intérieure de Dieu. Il est la source de toute sagesse et de tout savoir, et il représente le serpent de la terre et de l’horizon.

Ayida, quant à elle, est l’arc-en-ciel, le serpent du ciel. Elle apporte la pluie à la terre et lui rend sa beauté. Ensemble, Damballa et Ayida sont la source de la vie et de la sagesse. Leur symbole des serpents entrelacés apparaît souvent sur les tambours vodou, les meubles et même sur le poto mitan (le poteau central d’un péristyle).

Ayizan Velekete
Photo: Verdy Verna

Ayizan Velekete

Ayizan Velekete, une vieille femme sage qui arpente les routes avec sa fidèle canne, est bien plus qu’une simple figure. Elle est la gardienne du commerce et de l’économie, connue pour sa sagesse ancestrale et son esprit pur. Son regard bienveillant veille sur les activités commerciales et les routes, et les pratiquants du vodou l’invoquent souvent pour réussir dans leurs affaires.

En tant qu’épouse de Papa Loko, ils œuvrent ensemble pour assurer la pureté et le respect de la tradition vodou. Son arbre préféré est le palmier, symbole de royauté, bien qu’elle soit souvent représentée comme une vieille femme astucieuse.

Papa Loko
Photo: Verdy Verna

Papa Loko

Papa Loko est un Loa puissant, et son importance est magnifiquement illustrée dans une chanson folklorique haïtienne populaire, interprétée avec brio par Toto Bissainthe : « Papa Loko ou se van, pouse n ale nou se papiyon » (Papa Loko, tu es le vent, nous poussant, et nous devenons des papillons).

En tant que gardien des temples vodou (appelés hounfour), il est responsable de la préservation de la tradition vodou et de la transmission de la sagesse aux nouveaux initiés, qu’ils deviennent prêtres ou prêtresses vodou. Il est grandement respecté et souvent honoré par les pratiquants, qui utilisent son asson (hochet) lors des rituels.

Mais ce n’est pas tout – avec sa vaste connaissance des plantes médicinales et des remèdes naturels, Papa Loko est également un loa guérisseur, capable d’aider ceux qui ont besoin de guérison physique, émotionnelle ou spirituelle.

Kouzen Zaka
Photo: Verdy Verna

Kouzen Zaka

Connu comme le loa fermier par excellence, Kouzen Zaka est adoré par les communautés rurales pour sa capacité à assurer une récolte abondante et la prospérité dans les champs. Il est souvent représenté portant un chapeau de paille, une machette et un djakout (sac en fibres tressées). Célébré chaque 1er mai lors de la fête de l’agriculture et du travail, il est réputé pour combattre la paresse et l’oisiveté.

Kouzen Zaka est un ami des travailleurs acharnés, leur accordant la réussite dans leurs efforts. Il est souvent associé à Saint Isidore de Séville et aime tous les Haïtiens, qu’ils soient vivants ou morts. Avec une version enfantine de lui-même appelée Ti-Zaka dans certaines lignées, ce Loa attachant incarne l’importance de valoriser le pouvoir du travail acharné.

Mèt Agwe Tawoyo
Photo: Verdy Verna

Mèt Agwe

Esprit puissant des océans, Met Agwe Tawoyo est le souverain et le gardien de ses richesses. Il est souvent comparé au dieu grec Poséidon et est adoré par les pêcheurs et les marins pour sa générosité. Sa résidence mythique, Nan Zile, serait cachée dans les profondeurs de la mer.

Lors des rituels vodou, ceux possédés par Mèt Agwe se tournent souvent vers la mer, reconnaissant ainsi sa puissante présence. Il est marié à Mambo La Sirène, la sirène haïtienne, et ensemble, ils règnent sur un large groupe d’esprits dans le panthéon vodou.

Manbo Lasirèn Dyaman
Photo: Verdy Verna

Manbo Lasiren Dyaman

Dans le monde du vodou haïtien, la déesse sirène de la mer, Lasirèn, règne en maître. Avec sa forme séduisante mi-femme, mi-poisson, elle incarne la richesse et l’abondance de l’océan et est vénérée comme une puissante loa capable d’accorder prospérité et bonne fortune à ses fidèles.

En tant qu’épouse de Met Agwe, elle règne avec lui sur le vaste royaume des océans. Selon la culture haïtienne, quiconque trouve son peigne deviendra maître d’une immense richesse. Mais attention, Lasirèn n’est pas seulement un esprit bienveillant. Lorsqu’elle est en colère, elle peut se montrer capricieuse et dangereuse. Sous sa forme alternative de Labalenn, la baleine, elle peut se manifester comme une force puissante de force inconsciente.

Erzulie Freda
Photo: Verdy Verna

Erzulie Freda

Erzulie Freda, Loa haïtienne de l’amour, de la beauté et de la prospérité, peut être comparée à la déesse grecque Aphrodite. Elle est une puissante esprit, connue pour sa vanité et sa nature timide. Pour l’accueillir lors des rituels, les pratiquants doivent la traiter avec les honneurs dus à son statut de grande dame. Elle adore les parfums enivrants, les bijoux, et tout ce qui touche à la beauté et à la coquetterie.

Elle est considérée comme un esprit généreux, comblant ses fidèles de dons matériels et spirituels ainsi que d’amour, mais elle peut aussi se montrer capricieuse, difficile et même cruelle. Freda est souvent invoquée par des hommes en quête de prouesse sexuelle ou de richesse, et elle est fréquemment assistée par sa « sœur », l’esprit Petwo, Ezili Danto.

Erzulie Dantò
Photo: Verdy Verna

Erzulie Dantò

Aussi connue sous le nom de Mami Dantò, Erzulie Dantò est une figure maternelle puissante et protectrice dans la tradition vodou. Souvent représentée avec un couteau, elle symbolise la justice et combattra avec force pour protéger ses enfants, qui sont ses fidèles loyaux. Elle est une mère célibataire, une paysanne haïtienne farouchement indépendante, qui prend soin des siens.

L’esprit Erzulie Dantò est forte et déterminée à subvenir aux besoins de ses enfants. Malgré son apparence sévère, elle est profondément attentionnée et dévouée à ses enfants, et ne reculera devant rien pour les protéger. Elle est également la gardienne et protectrice des orphelins, des enfants malades et de ceux qui ont été maltraités.

Ogou Feray
Photo: Verdy Verna

Ogou

Le puissant loa guerrier, Ogou, incarne l’esprit combatif. Tout comme les dieux de la guerre romains, Mars et Jupiter, il inspire respect et crainte à ses fidèles. En tant que protecteur et gardien de son peuple, Ogou est associé au feu, à l’épée et à la guerre.

Il est une divinité féroce et redoutable avec plusieurs formes, dont Ogou Feray, Ogou Batala et Ogou Badagri. Chaque esprit Ogou possède des caractéristiques et attributs distincts, mais tous partagent un amour pour la guerre, l’épée et le travail de la forge. Avec son énergie puissante et sa discipline rigide, Ogou est le guide idéal pour ceux qui cherchent à surmonter leurs peurs et à devenir des versions plus fortes et meilleures d’eux-mêmes.

On dit qu’Ogou incarne l’esprit guerrier de l’ancien empire d’Oyo en Afrique de l’Ouest, et son vèvè est le totem des empereurs et rois qui ont succédé à Abiodun, roi du peuple Oyo.

Met Kafou
Photo: Verdy Verna

Met Kafou

Si vous avez le courage d’invoquer Met Kafou, préparez-vous à une épreuve de volonté, de détermination et de discipline. Ce redoutable loa est le maître de la magie noire et de la sorcellerie, et il ne dispense pas ses faveurs à la légère. Cependant, si vous parvenez à prouver votre valeur, Met Kafou peut vous accorder un immense pouvoir et une grande sagesse.

Mais soyez prudent: ses dons viennent avec un prix élevé, et il n’hésitera pas à le réclamer. Si vous êtes prêt à prendre ce risque, avancez avec précaution et marchez prudemment, de peur de devenir la proie des forces puissantes qui guettent.

Bawon Samdi
Photo: Verdy Verna

Bawon Samdi et les Gede

Également connu sous le nom de Baron Samedi, il est le chef du groupe des Loa Gede, les esprits des morts dans la tradition vodou. Il est le gardien de la barrière entre les vivants et les morts et est responsable de s’assurer que les âmes des défunts passent en toute sécurité dans l’au-delà.

Il est souvent représenté comme une grande silhouette sombre, vêtue d’un chapeau haut de forme, d’un smoking noir et de lunettes de soleil, avec un crâne à la place du visage. Bawon Samdi est connu pour son caractère espiègle et joueur, mais il ne faut pas le prendre à la légère, car il détient le pouvoir de la vie et de la mort entre ses mains.

Il est souvent invoqué lors des rituels pour communiquer avec les défunts, et on dit qu’il a le pouvoir de guérir les malades et de protéger contre les esprits maléfiques. Les Gede incluent également d’autres puissants Loas tels que Baron Lacroix, Baron Kriminel, Gede Nibo, Papa Gede et Gede Mazaka, chacun ayant sa personnalité et ses pouvoirs uniques.

Découvrez-en plus sur Fèt Gede, la célébration haïtienne du jour des morts qui honore les esprits Gede, et consultez les photos d’une célébration de Fèt Gede à Gonaïves.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en février 2023.