L’art haïtien

Sept artistes haïtiens à suivre sur Instagram

rue avec des femmes marchant et des peintures exposées
Art haïtien à vendre sur la Rue Pinchinat, Pétion-Ville
Photo : Franck Fontain

Sept artistes haïtiens à suivre sur Instagram

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La co-fondatrice d’Art X Ayiti, Yvena Despagne, a créé le compte Instagram @artxayiti comme plateforme pour les artistes contemporains haïtiens émergents et sous-représentés. Le compte met en avant les œuvres, les expositions, les histoires et les collaborations d’artistes d’origine haïtienne en Haïti et dans la diaspora, notamment à New York. Avec l’aide d’Art X Ayiti, nous avons rassemblé sept artistes haïtiens uniques à découvrir sur Instagram.

Vous aimez ce que vous voyez ? Assurez-vous de suivre @artxayiti sur Instagram.

1. Fabiola Jean-Louis

L’art de Fabiola Jean-Louis expérimente avec des objets et des thèmes liés au folklore, à l’histoire, ainsi qu’aux époques pré- et post-industrielles. À travers la photographie, le costume et la sculpture sur papier, Jean-Louis explore les différentes présentations de l’identité et ses connexions avec des objets du quotidien. Son travail a été décrit comme ‘magique, d’ambiance, et mystérieux’, et la suivre sur Instagram donne l’impression d’avoir un accès exclusif au processus ainsi qu’à l’artiste et à ses projets à venir.

Genre : Sculptures en papier mâché / Photographie

IG: @Fabiolajeanlouis

Localisation : Brooklyn, NY

Site web:fabiolajeanlouis.com

2. SAMDI

Né et élevé en Haïti, SAMDI est un peintre abstrait. Son travail témoigne d’une inspiration variée, allant de Picasso à Basquiat. Pour SAMDI, chaque moment passé à peindre se transforme en une expérience de découverte de soi. La singularité de ses peintures réside dans une liberté de forme qui reste néanmoins expressive.

Genre: Peinture abstraite

IG: @samdiatisla

Localisation : Port-au-Prince, Haïti

3. Vanessa Charlot

Vanessa Charlot navigue entre l’activisme et l’art. En tant que photographe documentaire, Charlot s’est donné pour mission de capturer la nature essentielle et souvent négligée de l’expérience humaine. Elle photographie principalement en noir et blanc. L’unicité de son travail émane d’une représentation brute de l’invisible et de l’indicible. Elle décrit son œuvre comme étant axée sur les questions économiques, l’expression de genre et de sexualité, ainsi que sur l’intersectionnalité de la spiritualité. En effet, le travail de Vanessa est une extension de l’humanité de ses sujets, ainsi que de leurs complexités. Suivez-la sur Instagram pour apercevoir son travail chargé de sens politique.

Genre : Photographie

IG: @vanessa.charlot

Localisation: St. Louis, MS

Site web: vanessacharlot.com

4. Naderson Saint-Pierre

Naderson Saint-Pierre peint des portraits noirs colorés et captivants. Bien qu’il se décrive comme un artiste autodidacte, son travail témoigne de son incroyable talent brut et de sa technique précise. Souvent autobiographiques et riches en narration, ses portraits mettent en lumière et célèbrent une image de l’identité noire, rendant hommage aux pionniers du monde de l’art tout en sculptant un style qui lui est propre.

Genre : Photographie

IG: @oursols

Localisation : Miami, FL

5. Pierre Jean-Baptiste

Pierre Jean-Baptiste est un peintre et designer graphique basé à Flatbush, Brooklyn, NY. Les fans de George Condo pourraient reconnaître une influence ici, mais les portraits de Jean-Baptiste ne se limitent pas à des figures individuelles ; ce sont des portraits de personnes dans des lieux et des moments particuliers – quartiers, trajets en bus, salons de coiffure. Jean-Baptiste s’inspire de son environnement et intègre les différentes saveurs de Brooklyn, en particulier Flatbush, dans son travail. Il cherche à fusionner son identité et son art pour occuper un espace particulier dans le monde actuel, transmettant une vision sans détour de la vie moderne avec des couleurs et un style haïtiens.

Genre : Abstrait / Mixte-Média

IG: @pstudios_

Localisation : Brooklyn, NY

6. Alexandra Antoine

Alexandra Antoine, artiste mixe-media basée à Chicago, est née et a grandi à Léogâne, en Haïti. Ses collages sont ludiques et texturés, superposés de symboles culturels et de récits subtils. À travers son art, elle étudie la diaspora africaine tout en puisant dans sa propre identité haïtienne. Alternant entre peinture, photographie, collage, sculpture et mélanges des quatre, Antoine manie habilement peinture, colle et ciseaux de bricolage pour raconter des histoires profondes liées à la culture, à l’identité et à la spiritualité.

Genre: Collage

IG: @alexandra.antoine

Localisation : Chicago, IL

Site web: alexandraantoine.com

7. Olivier Vilaire (Oski)

Olivier « Oski » Vilaire est un peintre abstrait et sculpteur, né et élevé en Haïti avant de déménager à Montréal, où son travail est en pleine maturation et commence à être reconnu dans la scène artistique locale. Sur Instagram, Oski écrit que l’une de ses dernières séries a été inspirée par le photographe américain Daniel Gordon. Parler de la diversité dans la scène artistique montréalaise, c’est mettre le travail d’Oski au centre de la conversation. L’identité haïtienne d’Oski continue de transparaître à travers son art, bien plus dans la forme et l’approche que dans le sujet. Son sujet est souvent les paysages urbains de Montréal – des cartes stylisées des rues qui représentent la migration et l’intégration, invitant le spectateur à se situer et à considérer les concepts de mouvement et de chez-soi.

Genre : Peinture abstraite / Sculptures

IG: @oski.awoyo

Localisation : Montréal, Canada


Écrit par Kira Paulemon.

Publié en février 2021.


Visitez un musée dédié au Vodou

grand bâtiment de musée décoré de peintures de serpents
Le Bureau d’Ethnologie, Port-au-Prince
Photo: Anton Lau

Visitez un musée dédié au Vodou

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Une visite au Bureau d’Ethnologie, un musée dédié au Vodou en Haïti, est l’une des principales choses à faire à Port-au-Prince.

Près du Champ de Mars, à l’angle de la Rue Magny et de la Rue Oswald Durand, ce musée vous permet de vous familiariser avec le Vodou et sa place dans la société haïtienne.

C’est l’endroit idéal pour commencer l’exploration des « lwa » et des nombreux rythmes et nuances du Vodou. À l’intérieur, vous trouverez des artefacts Vodou, des œuvres d’art et des anecdotes de recherches anthropologiques sur les traditions Vodou (aussi orthographiées Vodoun et Vaudou). La plupart des expositions sont décrites en français.

Statue en bronze d'un Indien Taïno dans la cour du musée
Statue Taïno au Bureau d’Ethnologie, Port-au-Prince
Photo: Anton Lau

À propos de la collection

Les façades extérieures du Bureau National d’Ethnologie abritent une exposition permanente de photographies sur plusieurs aspects de la vie et des activités de la société haïtienne : des scènes du carnaval national haïtien, des rituels Vodou, des danses folkloriques imprégnées de Vodou et bien plus encore.

L’intérieur propose également une exposition de photographies captivante montrant des scènes de coutumes sociales et culturelles spécifiques à la nation haïtienne, y compris des costumes nationaux et leurs histoires. Les artistes haïtiens y sont également représentés, accompagnés de supports interprétatifs (principalement en français). Des concepts spirituels clés, allant du « lakou mansson » de Léogâne (créole haïtien : Leyogàn) au « lakou Badjo, Soukri, Souvenance » des Gonaïves, sont illustrés avec des explications sur leur importance dans la société haïtienne.

Fondé en 1941 par le romancier haïtien Jacques Roumain et dirigé aujourd’hui par Erol Josué, le musée a pour mission la préservation et la classification de tous les artefacts anthropologiques trouvés du côté haïtien de l’île d’Hispaniola, y compris la protection et l’organisation d’excursions vers des sites archéologiques importants. Il est possible pour les visiteurs de participer à certaines de ces excursions – il suffit de demander lors de votre arrivée au musée.

Statue en bronze de sanglier
Statue au Bureau d’Ethnologie, Port-au-Prince
Photo: Anton Lau

Comment s’y rendre

Signalé sous le nom de Bureau National d’Ethnologie, le Bureau d’Ethnologie se trouve à l’angle de la Rue Magny et de la Rue Oswald Durand, près du Champ de Mars, en plein cœur du centre-ville de Port-au-Prince.


Rédigé par Jean Fils.

Publié en septembre 2019


Le Musée du Panthéon National Haïtien

intérieur du musée haïtien MUPANAH avec des sculptures dorées
MUPANAH – Musée du Panthéon National Haïtien
Photo: Anton Lau

Le Musée du Panthéon National Haïtien

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À propos du musée

Une grande partie du patrimoine haïtien se transmet oralement. Chants, récits et débats structurés répètent et affinent les histoires et expériences à travers les siècles. En tant que visiteur, vous ne pouvez qu’effleurer la surface de ce médium invisible de la mémoire. Si vous vous trouvez sur le Champ-de-Mars, et avec un peu de chance, vous pourrez assister aux cercles de débat qui font partie de la tradition orale de l’île-nation.

Les souvenirs culturels matériels, en revanche, sont un peu plus faciles à découvrir pour le voyageur curieux. Si vous vous trouvez au centre-ville, sur le Champ-de-Mars, vous les trouverez au Musée du Panthéon National Haïtien (MUPANAH). Construit en partie sous terre, ce musée expose des artefacts illustrant l’histoire d’Haïti, en mettant l’accent sur ses années révolutionnaires ainsi que sur ses figures politiques et culturelles fondatrices.

Grâce à sa construction partiellement souterraine, le musée a survécu presque intact au tremblement de terre dévastateur de 2010. Inauguré en 1983, le MUPANAH a été conçu pour préserver et exposer la vie et les accomplissements des figures emblématiques du pays : Alexandre Pétion, Henry Christophe, Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines. C’est ici que se conserve une grande partie de l’histoire coloniale matérielle d’Haïti.

Ce que vous verrez

Pour une modeste somme, les visiteurs ont accès à une richesse historique sur Haïti et son passé. Se désignant lui-même comme le gardien de l’histoire haïtienne, le musée est divisé en deux salles d’exposition : une exposition permanente et une exposition temporaire.

L’exposition permanente présente des artefacts allant de la période précolombienne à l’époque contemporaine. Elle met particulièrement en avant la période révolutionnaire, durant laquelle une armée d’esclaves affranchis et de gens de couleur libres a combattu le système colonial pour abolir l’esclavage.

Un guide accompagne les visiteurs à travers l’histoire haïtienne, en commençant par les Taïnos, premiers habitants de l’île. Le parcours se poursuit avec l’arrivée des premiers colonisateurs à poser le pied sur l’île : les Espagnols.

Découvrez comment les colonisateurs espagnols ont exploité les Taïnos de l’île comme une ressource, et comment ils en sont venus à faire trafic d’esclaves africains vers Hispaniola.

Voyez de véritables exemples des chaînes utilisées pour maintenir les esclaves sous contrôle, ainsi que d’horribles instruments de torture employés par les maîtres esclavagistes. Bien que cela puisse choquer certains visiteurs, le musée et son comité consultatif estiment qu’il est essentiel de préserver cette part de l’histoire haïtienne afin de nourrir notre mémoire collective.

Admirez l’ancre du Santa Maria, le navire à bord duquel Christophe Colomb est arrivé en Haïti, imposante avec ses treize pieds de haut. Cette masse de métal froid est un rappel saisissant du point de départ des siècles de bouleversements qui façonnent aujourd’hui l’histoire et l’identité nationale d’Haïti.

Lisez des documents signés par d’éminents présidents – dont le célèbre dictateur François Duvalier – et découvrez le pistolet en argent avec lequel Henri Christophe s’est donné la mort. Sur une note plus positive, vous pourrez également admirer la cloche qui a sonné pour annoncer que la population du pays revendiquait son indépendance.

Expositions temporaires

L’exposition temporaire présente des œuvres d’art de divers artistes haïtiens et est renouvelée régulièrement. Les œuvres sont souvent sélectionnées autour d’un thème spécifique, qu’il s’agisse d’événements d’actualité, de musique, de questions sociales et économiques, ou encore de faits historiques comme la colonisation française.

Détendez-vous dans de magnifiques jardins

À l’extérieur du musée se trouvent les Jardins du MUPANAH. Ouverts du lundi au samedi, ils sont aménagés dans un superbe espace blanc rappelant une serre, avec de grandes fenêtres ouvertes sur toute sa longueur. Lumineux, aérés et vastes, ces jardins offrent un contraste apaisant avec le poids de l’histoire haïtienne et constituent, à eux seuls, une destination incontournable pour quiconque recherche un havre de fraîcheur et de tranquillité à Port-au-Prince.

Les Jardins abritent un jardin de sculptures et un espace de détente nichés au cœur d’une végétation typiquement haïtienne. Ils accueillent également le restaurant et la boutique du musée. Surplombant les espaces verts luxuriants qui entourent le musée, vous pourrez savourer l’une des meilleures cuisines françaises de la ville. Déjeuner à une table dans les Jardins offre une expérience gastronomique raffinée en plein air, contrastant vivement avec l’ambiance vibrante de la street food du centre-ville de Port-au-Prince.

Les Jardins servent également de cadre prisé pour des événements culturels tout au long de l’année, notamment le Festival International de Jazz de Port-au-Prince. Des événements spéciaux, des repas ou des cocktails y sont régulièrement organisés, avec des annonces diffusées sur place ainsi que sur les réseaux sociaux.

Comment s’y rendre

Le musée est ouvert sept jours sur sept, y compris les jours fériés. Des visites guidées sont proposées en français, en créole et en anglais.

Le Musée du Panthéon National Haïtien est situé sur le Champ de Mars, en plein centre-ville de Port-au-Prince.


Rédigé par Kelly Paulemon.

Publié en juillet 2019


Plongez dans l’atelier de l’artiste haïtien Maxan Jean Louis

Maxan Jean Louis dans son atelier, Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

Plongez dans l’atelier de l’artiste haïtien Maxan Jean Louis

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Découvrez l’intérieur de l’atelier de Maxan

Destiné à devenir maçon, Maxan Jean-Louis a pris un pinceau sur les conseils de son cousin, bouleversant ainsi le cours de sa vie. Né en 1966 dans la province de Jérémie, à l’ouest d’Haïti, il a voyagé jusqu’à Port-au-Prince dans sa jeunesse pour y tracer son chemin en tant qu’artiste. Depuis, ses œuvres ont trouvé leur place dans des musées européens, des collections privées internationales et les foyers de ses amis, qu’ils soient enseignants ou ambassadeurs.

Véritable artiste au cœur bohème, Maxan aborde ses amis de tous horizons avec le même respect et un humour bienveillant. Chaque semaine, il ouvre les portes de son atelier personnel, situé à l’est de la Route de Frères, sur une route de terre à environ un mile après le commissariat de police.

Les visiteurs passent le portail pour entrer dans un garage vide pouvant accueillir deux voitures, puis traversent jusqu’à une galerie d’art en plein air. Les murs extérieurs d’une maison à deux étages, jamais achevée, sont recouverts de plusieurs décennies de son art. Des œuvres politiques des années 1990 sont accrochées aux murs en ciment brut tout autour de la maison. Ces scènes engagées côtoient son style plus figuratif, inspiré du Vodou, qui lui a valu une reconnaissance aussi bien à l’international que dans son Haïti natal.

En montant l’escalier qui serpente jusqu’à l’arrière de la maison, vous entrez dans le domaine créatif de Maxan Jean Louis. Un vaste atelier s’étend sous vos yeux, couvert de toiles du sol au plafond, chacune à un stade différent de création. Sur la gauche, vous découvrirez un autre élément permanent : une pièce inachevée, sans toit, qui semble elle aussi faire partie de son univers artistique.

Appuyées contre les murs en parpaings, des monticules de bouteilles vides de bière Prestige s’élèvent jusqu’à la poitrine, avec çà et là quelques flacons de rhum Barbancourt égarés. Le spectacle est saisissant et a nécessité des années d’accumulation. Rayonnant de fierté, Maxan contemple cette montagne de verre avec un geste presque paternel, la transformant ainsi en une installation artistique pleinement assumée.

Près de la maison se trouve une cascade, et si vous êtes d’humeur pour une courte randonnée, Maxan se fera un plaisir de vous faire découvrir cette merveille naturelle toute proche. Il pourrait même vous proposer une baignade dans le bassin en contrebas.

Atelier de Maxan Jean Louis, Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

Inspiré par des visions

Bien que Maxan soit considéré comme un artiste de l’école Saint-Soleil, il affirme peindre dans deux styles distincts. Le premier se caractérise par des formes fantastiques, colorées et allongées, s’élevant sur un fond vibrant. C’est un univers pictural ancré dans le monde du rêve, inspiré par ses propres visions.

Ces toiles influencées par le Vodou vont des miniatures aux fresques murales, mais elles ont toutes en commun un mouvement vibrant et une énergie dansante. Ce sont les œuvres d’un talent naturel, né d’expérimentations et de moments de vision. Un thème prédominant traverse son travail : la libération du poids écrasant du quotidien. Visuellement, ses peintures traduisent cette quête d’évasion que tant de personnes recherchent – et trouvent – lors des cérémonies religieuses, des danses ou des festivals de musique.

Le second style de Maxan marque un changement radical d’ambiance, de forme et de couleur. La palette est plus pâle et le thème résolument politique. Selon le livre Artistes Haïtiens publié par l’APAM, Maxan a été profondément marqué par le coup d’État de 1991, qui a renversé Jean-Bertrand Aristide et déclenché une vague de violence contre les civils.

Maxan s’est tourné vers le surréalisme pour documenter les atrocités et les assassinats politiques à travers des couleurs vives. Ces événements, il les a vécus, et c’est par l’art qu’il a choisi d’exprimer ses réactions. Mais avant tout, Maxan est un esprit jovial et généreux. Ses mains rugueuses laissent couler des élans de générosité sans retenue. Il offre à ses nouveaux amis des peintures magistrales comme s’il s’agissait de simples tablettes de chocolat et échange volontiers avec les artistes dont il admire le travail.

Atelier de Maxan Jean Louis, Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

« Il n’y a pas assez de place »

Maxan a constitué une impressionnante collection d’art au cours des 30 dernières années. Les quatre pièces principales de sa maison sont recouvertes du sol au plafond de tableaux, réalisés aussi bien par des artistes haïtiens que par des créateurs internationaux.

Il y a un avantage à avoir été maçon et à rester proche de la communauté du bâtiment. Maxan fait régulièrement tendre des toiles de 3 à 6 mètres de haut et travaille sur trois d’entre elles en même temps. Il adore les formats sauvages et non conventionnels : plus les dimensions sont « dezod » – désordonnées ou atypiques – mieux c’est. Les murs gris de son imposante maison sont souvent recouverts de ses peintures éclatantes, où dominent l’orange, le vert et un rouge intense.

Avec un rythme de création aussi prolifique, Maxan doit concevoir ses fresques pour être mobiles. Pour libérer de l’espace et accueillir de nouvelles œuvres monumentales, il a vendu ses toiles à des expatriés, des ambassades et des collectionneurs privés. Il se souvient qu’en 2017, un collectionneur a visité son atelier et est reparti avec 27 peintures.

Atelier de Maxan Jean Louis, Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

Où trouver l’art de Maxan

En Haïti, les œuvres de Maxan se retrouvent dans les galeries les plus prestigieuses et les foyers d’amateurs d’art. Au-delà des Caraïbes, son travail s’exporte jusqu’en France, en Roumanie et aux Pays-Bas. Pour les passionnés d’art, il peut être difficile de concilier cette réputation internationale avec son atelier improvisé et son sourire malicieux. Maxan est le plus souvent aperçu filant à travers Port-au-Prince à l’arrière d’une moto, une casquette de baseball vissée sur la tête, vêtu d’un T-shirt ample et d’un pantalon cargo.

De nombreuses semaines, il prend cette direction pour se rendre au Lycée Français, où il enseigne les arts plastiques aux enfants de diplomates et aux jeunes Haïtiens inscrits dans le système français. Le soutien français à la promotion de la culture haïtienne, et à Maxan en particulier, est de longue date.

Sa première grande exposition a eu lieu à l’Ambassade de France en 2005. Chaque été, il se rend en France avec le groupe haïtien PROM-ART HAITI pour participer à des échanges culturels et exposer ses œuvres récentes lors d’une exposition collective. À l’été 2018, il a également voyagé en Roumanie et au Maroc.

Envie d’en savoir plus ? Appelez le +509 3637 7042 pour organiser une visite de l’atelier de Maxan.


Rédigé par Emily Bauman.

Publié en mai 2019