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Votre guide ultime du Carnaval en Haïti

Costumes de carnaval, Jacmel
Photo: Franck Fontain

Votre guide ultime du Carnaval en Haïti

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Le Carnaval en Haïti n’est pas seulement un festival, c’est une véritable institution culturelle qui coule dans les veines de son peuple. Pour les Haïtiens, la musique est un mode de vie, et pendant le Carnaval, c’est comme si tout le pays s’animait dans un arc-en-ciel de couleurs, de sons et de rythmes.

Mais ce n’est pas seulement une fête — le Carnaval est une expérience transformative qui bouscule les choses et inspire le changement.

Alors, continuez à lire pour découvrir ce qui rend le Carnaval en Haïti si unique et, qui sait, peut-être planifier votre propre voyage pour vous joindre à la fête !

Costumes de carnaval à Jacmel
Photo: Franck Fontain

Une brève histoire du Carnaval en Haïti

Commençons par le début : la tradition du Carnaval (ou kanaval en créole haïtien) en Haïti a débuté pendant la période coloniale dans les grandes villes comme Port-au-Prince, Cap-Haïtien et Jacmel. À cette époque, les esclaves n’étaient pas autorisés à participer. Les propriétaires d’esclaves cherchaient à priver le peuple de tout ce qui était possible, notamment des éléments associés au mode de vie de l’élite blanche propriétaire d’esclaves en Haïti.

Mais les esclaves organisaient leurs propres mini-carnavals dans leurs arrière-cours et leurs quartiers. Avec des costumes faits de haillons et leur peau couverte de cendres et de graisse, ils imitaient et ridiculisaient les maîtres esclavagistes. Cette pratique a donné naissance à l’une des plus anciennes traditions du pays, celle des Lansèt Kòd. Découvrez-en plus sur cette figure emblématique de l’imaginaire collectif haïtien.

Au fil des décennies, le Carnaval a évolué pour devenir une fête nationale et l’événement culturel le plus important d’Haïti. Aujourd’hui, l’ambiance peut être décrite comme celle de gigantesques fêtes de rue, mais c’est aussi une vitrine à ciel ouvert pour les créations artistiques et l’artisanat.

Au-delà des célébrations, de la nourriture, de l’alcool et de la musique, le Carnaval haïtien revêt également un aspect politique. Le festival offre aux Haïtiens l’opportunité d’exprimer leurs doléances populaires, à travers les costumes, les paroles des meringues et les chansons diffusées. Les paroles contiennent souvent des revendications et des allégories de la vie sociale, délivrées au rythme de la musique et à plein volume. De nombreux costumes et personnages du carnaval sont également conçus comme des satires et des commentaires sur l’actualité.

Personnages du carnaval, Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

Costumes colorés et personnages surprenants

Si vous assistez un jour au Carnaval en Haïti (et croyez-nous, vous devriez), la première chose qui attirera votre attention sera les costumes époustouflants portés par les troupes du carnaval. Fabriqués en papier mâché, ces tenues donnent vie à la flore et à la faune du pays avec des couleurs vives et des motifs complexes. Vous verrez tout, des oiseaux exotiques comme les perroquets et les toucans aux costumes inspirés par le passé colonial de l’île.

Mais les costumes ne sont pas la seule chose qui rend le Carnaval haïtien si unique. Le festival est également le lieu d’une large gamme de personnages colorés, à la fois réels et fictifs. Vous pourriez croiser une représentation géante de Barack Obama ou de Vladimir Poutine, ou encore une interprétation fantaisiste du choléra ou du COVID-19. Et n’oubliez pas les figures historiques, comme les héros de l’indépendance haïtienne et les Taïnos, les premiers habitants de l’île.

Chaque costume et personnage du Carnaval haïtien a une histoire unique à raconter, représentant différents aspects de la culture, de l’histoire et du folklore du pays. Vous souhaitez plonger plus profondément dans le monde fascinant du Carnaval haïtien ? Consultez ce guide visuel, où nous dévoilons l’histoire et les significations riches derrière les costumes colorés du Carnaval de Jacmel.

Participants du carnaval dansant, Jacmel
Photo: Franck Fontain

Musique, rythmes et battements du Carnaval

La musique du Carnaval haïtien est un mélange unique d’influences européennes et africaines, créant un son à la fois vivant et expressif, composé de percussions, d’instruments en bambou, de trompettes et d’accordéons. Au cœur du carnaval se trouve le Rara, une bann a pye (littéralement « bandes à pied » ou fanfare) étroitement liée à la pratique du vodou.

En plus du Rara, le carnaval est également influencé par d’autres genres musicaux plus modernes comme le compas bien connu, le rap créole, la musique racine, et le raboday, un genre musical populaire qui a émergé au milieu des années 2000. Ce genre est basé sur un style musical traditionnel appelé Rasin, qui mélange les rythmes vodou avec la musique pop-rock moderne. Le raboday se caractérise souvent par ses rythmes énergiques et son utilisation prononcée des percussions, et c’est un favori pendant la saison du carnaval et lors des soirées dansantes à travers Haïti. Et enfin, n’oublions pas la meringue, l’un des styles de musique haïtienne les plus populaires que vous entendrez pendant le carnaval.

Vendeur de kleren à JérémiePhoto: Franck Fontain

Les saveurs du Carnaval à ne pas manquer

Beignets
Un incontournable de la tradition du kanaval haïtien, les beignets sont une délicatesse à ne pas manquer pendant la saison du carnaval en Haïti. Contrairement aux beignets traditionnels, qui sont généralement une pâte frite gonflée, les beignets haïtiens sont plats et faits à base de bananes.

Ces petites gourmandises délicieuses ressemblent à de mini-crêpes, mais avec une texture croquante, et sont généreusement saupoudrées de sucre. Ne manquez pas l’occasion de goûter à ces douceurs sucrées, car elles sont rarement disponibles en dehors de la saison du carnaval.

Kleren
Une autre saveur locale à essayer pendant le carnaval est le trampe – une variété du moonshine local connu sous le nom de kleren (ou clairin pour les francophones et anglophones). Ce type de rhum artisanal a une tradition séculaire en Haïti et fait partie intégrante de la culture du pays. Le trampe désigne le kleren qui a macéré pendant des semaines, voire des mois, avec des fruits et des épices locaux, créant ainsi des mélanges uniques et savoureux.

Pendant le carnaval, vous trouverez des marchands ambulants proposant de grandes jarres de kleren avec différentes saveurs, ainsi que des promesses de bienfaits pour la santé et de propriétés aphrodisiaques. Il existe de nombreux parfums populaires de trampe locaux parmi lesquels choisir, comme le Kenep, qui offre une douceur subtile grâce au fruit haïtien également connu sous le nom de quenepe ou limoncello.

Bwa kochon est une autre saveur populaire, infusée avec de l’écorce, du bois et des feuilles, offrant un goût extra fort et terreux. Grenadya est une saveur acidulée et sucrée, préparée avec des fruits de la passion, tandis que Lanni est un trampe doux infusé à la cannelle, à l’anis étoilé ou au fenouil.

Carnavaliers à Jacmel
Photo: Franck Fontain

Quand a lieu le Carnaval en Haïti

Le Carnaval en Haïti n’est pas un événement d’un jour, comme vous pourriez le connaître dans d’autres pays. En fait, il s’étend de janvier jusqu’à la grande parade des Trois Jours Gras en février ou mars. Tout au long de la saison, des festivités et des célébrations ont lieu chaque dimanche dans plusieurs grandes villes d’Haïti.

Que vous soyez un amateur d’art ou que vous souhaitiez simplement faire la fête, plusieurs destinations s’offrent à vous pour vivre pleinement l’expérience.

Où vivre l’expérience du Kanaval haïtien

Jacmel
Le carnaval de Jacmel est un incontournable pour les amateurs d’art, avec ses masques en papier mâché extraordinaires et ses costumes splendides confectionnés par des artisans et artistes locaux. Le carnaval de cette paisible ville côtière est considéré comme l’un des plus beaux des Caraïbes, en raison de la créativité et de la magnificence de ses expositions artistiques. Pendant la saison du carnaval, Jacmel accueille plusieurs événements et activités, qui culminent avec les trois jours de célébration des Trois Jours Gras.

Vous voulez faire la fête comme un Haïtien au Carnaval de Jacmel ? Lisez ceci d’abord !

Port-au-Prince

Le Carnaval de Port-au-Prince est le plus populaire en Haïti, attirant une grande foule de festivaliers venus profiter de l’ambiance explosive de musique et de danse. La parade met en vedette des créations artistiques, des fanfares et de grands chars, mais le véritable point fort réside dans les groupes musicaux qui défilent au Champ de Mars, la plus grande place publique de la ville. Ici, les groupes et artistes haïtiens les plus célèbres rivalisent pour déterminer qui aura le meilleur slogan, char ou chanson du carnaval.

Cap-Haïtien
Si vous recherchez une expérience de carnaval plus paisible, Cap-Haïtien est un excellent choix. La parade a lieu chaque année sur le Boulevard du Cap-Haïtien, en bord de mer, où se trouvent également certains des meilleurs restaurants de la ville. Le Carnaval de Cap-Haïtien est réputé pour son ambiance ordonnée et calme, ce qui en fait une excellente option pour les familles et ceux qui préfèrent une célébration plus détendue.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en avril 2023.


Rencontrez les personnages colorés du carnaval de Jacmel

Figures de carnaval en papier mâché
Photo: Jean Oscar Augustin

Rencontrez les personnages colorés du carnaval de Jacmel

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Êtes-vous prêt pour un carnaval comme nul autre ? Un carnaval où des créatures mythiques, une riche histoire et des costumes vibrants se rencontrent dans un spectacle festif ? Alors faites vos valises et dirigez-vous vers Jacmel, sur la côte sud d’Haïti, où le célèbre carnaval de la ville vous attend.

Pour de nombreux Haïtiens, la phrase « Lage m pou m al nan kanaval » (Je suis prêt à aller au carnaval) résonne comme une mélodie familière, car elle est tirée d’une célèbre chanson de carnaval en méringue. Mais le carnaval de Jacmel n’est pas un Mardi Gras ordinaire. C’est une célébration de la culture et de la société haïtiennes, exprimée à travers un défilé de tenues colorées et de masques en papier mâché fascinants.

Peinture corporelle au carnaval de Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

La ville de Jacmel, connue comme la capitale culturelle d’Haïti, possède une riche tradition artistique, notamment dans le domaine du papier mâché. Le carnaval en est un témoignage, mettant en avant des figures mythiques de l’imaginaire collectif haïtien, comme le Chaloska, le Lanset Kod et le Yawe. Cependant, le casting de personnages et les costumes de carnaval évoluent constamment, intégrant des figures inspirées du panthéon vaudou, d’événements actuels et de personnalités notables, ce qui fait de chaque édition une critique unique et vivante de l’histoire d’Haïti.

Rejoignez-nous pour plonger dans le monde fascinant du carnaval de Jacmel, où les personnages et les traditions qui définissent la riche histoire d’Haïti sont célébrés de la manière la plus originale et joyeuse qui soit.

Êtes-vous prêt? Allons-y !

Costume de carnaval Chaloska
Photo: Jean Oscar Augustin

Le seul et l’unique Chaloska

Le défilé du carnaval de Jacmel présente certains des personnages les plus intrigants, dont des groupes de jeunes hommes vêtus de frac et de haut-de-forme. Ces personnages représentent le général Charles Oscar Etienne, qui était infâme pour sa cruauté à Port-au-Prince et à Jacmel. Le général a acquis une notoriété pour ses actes de violence contre les prisonniers politiques qui s’opposaient au gouvernement du président Vilbrun Guillaume Sam.

Après l’assassinat du président et de son général dévoué par une foule en colère en 1915, le carnaval de Jacmel a créé le personnage de Chaloska pour se moquer des traits frappants de l’ancien général, tels que sa taille et ses dents proéminentes. Le costume, complété par des épaulettes, une casquette et un ensemble de dents exagérées, sert de satire colorée de l’infâme général.

Figures de carnaval en papier mâché
Photo: Jean Oscar Augustin

Flore et faune du carnaval

Imaginez que vous êtes assis à l’une des nombreuses échoppes du carnaval haïtien, et soudain, vous apercevez une énorme tête de crocodile dépassant de la foule dans le défilé. Un peu plus loin, une fleur d’hibiscus fait son apparition, vous voyez un coq de votre taille et des dragons, plein de dragons.

Le défilé du carnaval peut vous transporter dans des univers surréalistes lorsque vous vous y attendez le moins. Avec de grands masques et des costumes représentant des arbres, des fruits tropicaux, des fleurs colorées et des animaux, le carnaval de Jacmel célèbre la flore et la faune tropicales d’Haïti. C’est aussi un moyen de préserver une tradition chère à cette ville côtière, la technique du papier mâché – lisez-en plus ici !

Lanset Kod au carnaval de Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

Les Lansèt Kòd et leurs farces

Chaque dimanche précédant le défilé du carnaval, vous pourriez croiser des groupes d’hommes et de femmes complètement couverts d’un mélange brillant et collant, noir comme du charbon, composé de sirop de canne à sucre et de charbon. Ce sont les Lansèt Kòd (lanceurs de cordes en français).

Parfois, ils paradent avec des fouets à la main et portent des accessoires surprenants tels que des perruques multicolores, des mini-jupes et des strings, ou des porte-voix fixés à leurs têtes et à leurs bras. Pour le novice du carnaval, ils peuvent sembler étranges, effrayants, voire grotesques. Ne vous inquiétez pas, c’est le but. L’origine de cette tradition remonte à l’époque coloniale, comme beaucoup d’autres pratiques de la culture haïtienne.

Ces lanceurs de cordes sont connus pour leurs plaisanteries et leurs espiègleries. Si vous avez l’idée originale de porter du blanc pour le défilé, vous risquez de vous retrouver avec une empreinte de main noire dans le dos !

Suivez les pas d’un groupe de lansèt kòd alors qu’ils courent à travers Jacmel !

Le Yawe au carnaval de Jacmel
Photo: Franck Fontain

Yawe: Une tradition unique du carnaval !

Le carnaval de Jacmel est spécial par sa capacité à vous transporter d’un monde à un autre en un clin d’œil. Les personnages du défilé peuvent soudainement laisser place à une atmosphère inquiétante remplie de crânes et de squelettes. Ce sont les Zombies (zonbi en créole), l’un des mystères du folklore haïtien et du Vodou qui a captivé l’imagination des gens du monde entier et alimenté des fantasmes incroyables et improbables.

Le concept de zombies est profondément enraciné dans la culture haïtienne et précède son appropriation par Hollywood et le reste du monde. Bien avant de devenir un thème grand public dans les films d’horreur et les jeux vidéo, les zombies en Haïti symbolisaient les morts revenus d’entre les morts et éternellement asservis.

Alors, qu’attendez-vous ? Visitez Jacmel pendant le kanaval pour vous rapprocher de ces personnages !

Fèy Bannann
Photo: Jean Oscar Augustin

Fèy Bannann

Le Fèy Bannan est un groupe masqué qui capture l’essence à la fois étrange et intrigante : habillés de la tête aux pieds avec des feuilles de bananier sèches, ne laissant qu’un petit trou pour les yeux. Certains disent que leur costume rend hommage au personnage folklorique allemand Knecht Ruprecht, qui punissait les enfants désobéissants. Peut-être que cette tradition a été apportée à Jacmel par la jeune bourgeoisie allemande, avec les cheveux du personnage transformés en feuilles de bananier sèches.

Cependant, le Fèy Bannan pourrait avoir un message plus profond au cœur de son existence. Une autre histoire suggère que ce costume de carnaval a été créé par un agriculteur sage, en tant que critique satirique de la bourgeoisie jacmelienne à une époque où leurs bananes étaient exportées, enrichissant uniquement les riches. Le masque sert de message aux exploiteurs, un rappel qu’ils ont tout pris, et que la seule chose qui reste est les feuilles de bananier qu’ils utilisent pour se couvrir.

Personnage de carnaval Ti Brino
Photo: Jean Oscar Augustin

Ti Brino: L’Âne Masqué

Même les animaux participent aux festivités du carnaval de Jacmel ! Alors ne soyez pas surpris si vous voyez un âne habillé de baskets Converse et d’un chapeau en paille. Et la folie ne s’arrête pas là.

Le personnage connu dans la ville sous le nom de Ti Brino est suivi par une foule de jeunes garçons entièrement peints de couleurs néon vives – rappelant quelque chose tout droit sorti d’Alice au pays des merveilles. L’histoire raconte que le nom curieux de ce costume de carnaval appartient à la première personne qui a eu l’idée originale de faire défiler un âne lors du carnaval.

Costumes de carnaval de zombies
Photo: Jean Oscar Augustin

Entrez dans l’univers des zombies

Le carnaval de Jacmel est spécial par sa capacité à vous transporter d’un monde à un autre en un clin d’œil. Les personnages du défilé peuvent soudainement donner place à une ambiance lugubre remplie de crânes et de squelettes. Ce sont les zombies (zonbi en créole haïtien), l’un des mystères du folklore haïtien et du Vodou qui a captivé l’imagination des gens à travers le monde et alimenté des fantasmes incroyables et improbables.

Le concept de zombies est profondément enraciné dans la culture haïtienne et précède son appropriation par Hollywood et le reste du monde. Bien avant de devenir un thème grand public dans les films d’horreur et les jeux vidéo, les zombies en Haïti symbolisaient les morts revenus d’entre les morts et éternellement asservis.

Lisez-en plus sur les mythiques zombies haïtiens ici !

Papa Juif
Photo: Jean Oscar Augustin

L’Énigmatique Juif Errant

Préparez-vous à être émerveillé alors que le Carnaval de Jacmel dévoile l’une de ses figures les plus intrigantes : le Juif Errant. Surnommé « Papa Juif », cet homme âgé, avec sa longue barbe blanche et son habillement rappelant les patriarches bibliques tels qu’Abraham et Moïse, défile majestueusement dans le cortège avec un bâton à la main.

Le personnage du Juif Errant est un mystère en soi. Comment a-t-il trouvé son chemin vers le Carnaval de Jacmel ? Sa légende le dépeint comme une figure mondaine, appartenant partout et nulle part à la fois. Ce personnage sert de rappel de l’héritage chrétien des carnavals, comme en témoigne la présence d’autres personnages, tels que des anges et des démons issus de la tradition chrétienne.

Costume de carnaval des autochtones des Caraïbes
Photo: Jean Oscar Augustin

La Figure Historique de l’Endyen

Ils portent des jupes courtes, des couronnes de plumes et du roucou sur le visage. Le personnage endyen évoque une partie de l’histoire d’Haïti, à savoir l’époque où l’île était habitée par les Tainos, les Arawaks et d’autres tribus indigènes des Caraïbes. Bien que ces peuples soient aujourd’hui disparus, de nombreux éléments de leur culture pacifique subsistent, comme leurs œuvres d’art et leur cuisine. Le carnaval haïtien rend hommage à ces peuples chaque année à travers le personnage endyen.

Parmi les natifs représentés, vous pouvez observer la belle reine Anacaona, reconnue pour sa beauté et son grand talent de poétesse, ou le roi Caonabo, célèbre pour son courage face à l’invasion espagnole de l’île. Ce couple est souvent présenté en première ligne de la section indienne du défilé.

Un groupe de Zel Mathurin au carnaval de Jacmel
Photo: Franck Fontain

Le redoutable Zel Mathurin

Dernier personnage de notre liste, nous avons de redoutables petits diables en costumes de satin aux couleurs vives, arborant des ailes en bois et des masques en papier mâché menaçants.

Ce sont les Zel Mathurins. Ils défilent en formation et créent une atmosphère étrange en frappant leurs ailes pour produire un son inquiétant, incarnant Lucifer et ses démons. Ces figures s’inspirent de la tradition biblique de l’enfer et suivent généralement les anges dans le défilé du carnaval.

Alors, qu’attendez-vous ? Visitez Jacmel pendant le kanaval pour vous rapprocher de ces personnages !


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en février 2023.


Lansèt Kòd – la tradition haïtienne dont vous n’avez probablement jamais entendu parler

Le rituel final des Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Lansèt Kòd – la tradition haïtienne dont vous n’avez probablement jamais entendu parler

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Embarquez pour un voyage de découverte culturelle avec le Carnaval haïtien – où musique, danse et expression artistique prennent vie. Au milieu des parades animées et des costumes colorés, une tradition se distingue par son originalité et son charme captivant : le Lansèt Kòd.

Ce spectacle vieux de plusieurs siècles, où des participants intrépides se couvrent de peinture noire et courent dans les rues, est une scène que vous n’oublierez pas de sitôt. Mais attention, le Lansèt Kòd peut paraître étrange, voire intimidant pour le spectateur non averti. Pourtant, pour ceux qui osent l’expérimenter, c’est une véritable immersion dans la culture haïtienne.

Pour plonger plus profondément dans la tradition haïtienne du Lansèt Kòd, nous avons voyagé jusqu’à Jacmel, le centre du patrimoine culturel dans le département du sud-est d’Haïti, pour assister à la préparation des déguisements, à l’énergie palpitante et au spectacle de la procession qui culmine à qui culmine au coucher du soleil.

Un garçon se faisant peindre le visage pour le Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Adopter l’excentricité : dans les coulisses

Un dimanche matin pendant la saison du carnaval à Jacmel, la paisible ville côtière s’éveille peu à peu avec le lever du soleil. L’air, salé par la proximité de l’océan, se mêle à un ciel d’un bleu éclatant. Dans un lakou de quartier, un groupe de jeunes hommes se rassemble, prêts à se déguiser pour leur sortie hebdomadaire. Ils bougent au rythme de la musique méringue qui résonne depuis un téléphone portable, tout en ajustant leurs costumes faits de pantalons découpés et de shorts en lambeaux.

Costume de carnaval du Lansèt Kòd en cours de création
Photo: Jean Oscar Augustin

Des cornes en papier mâché, fraîchement peintes, sèchent au soleil tandis que des motos passent en vrombissant, ajoutant au bruit de la rue. Pour parfaire leur apparence, certains participants tiennent de longs fouets, prêts à claquer alors qu’ils défilent dans la ville. L’excentricité est encouragée et pleinement assumée dans ces groupes, certains arborant des minijupes et des perruques aux teintes variées de brun, blond et multicolore.

Charbon de bois mélangé avec du sirop de canne à sucre
Photo: Jean Oscar Augustin

Dans un coin de la cour, le chef prépare l’élément central de leur déguisement – un mélange de poudre de charbon et de sirop de canne. Le résultat est une substance noire, épaisse et luisante. L’air est imprégné d’un doux parfum sucré alors que les jeunes hommes s’enduisent de ce mélange de la tête aux pieds, ne laissant visibles que leurs chemises en lambeaux, perruques, cornes et fouets comme seuls autres éléments de leur tenue.

Application de la peinture noire
Photo: Jean Oscar Augustin

Les amis s’entraident pour appliquer la peinture noire, laissant leur peau collante et huileuse. Enfin, avec leurs déguisements achevés, les Lansèt Kòd sont prêts à envahir les rues de Jacmel.

Un père Lansèt Kòd et son fils
Photo: Jean Oscar Augustin

L’origine du Lansèt Kòd : Un regard sur son histoire

La tradition haïtienne du Lansèt Kòd (qui signifie rope throwers en anglais ou lanceurs de cordes en français) plonge ses racines dans l’histoire de la colonie française de Saint-Domingue (l’actuelle Haïti). Pendant la période coloniale, des carnavals inspirés des styles européens étaient organisés à Saint-Domingue, mettant en scène des costumes somptueux et des festivités grandioses.

Les personnes réduites en esclavage, interdites de participer à ces carnavals, organisaient leurs propres mini-carnavals dans leurs arrière-cours. Elles s’habillaient de vêtements en lambeaux et portaient des fouets, la peau enduite d’un mélange de graisse et de cendres. Elles imitaient et se moquaient ainsi du comportement de leurs maîtres.

Cette tradition a été initialement créée pour tourner en dérision les maîtres esclavagistes, qui assistaient aux carnavals vêtus de leurs habits d’apparat. Cependant, après l’indépendance d’Haïti, les nouveaux libres adoptèrent la tradition du carnaval européen et y insufflèrent leur propre musique et culture.

Aujourd’hui, la tradition du Lansèt Kòd est une célébration de la culture et de l’indépendance haïtiennes. Dans l’imaginaire collectif haïtien, les Lansèt Kòd sont également devenus un symbole de bonne conduite pour les enfants, une sorte de croque-mitaine utilisé pour inciter les plus jeunes à bien se comporter.

Les Lansèt Kòd dans les rues de Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

La Marque de la Main Noire

Alors que le groupe de Lansèt Kòd quitte le lakou pour s’aventurer dans les rues, ils apportent avec eux un sentiment de dezod (signifiant chaos et désordre en créole haïtien). Leurs corps peints en noir contrastent fortement avec les maisons aux couleurs vives de Jacmel. Avec des pas martelés de manière synchronisée et des chants, ils attirent l’attention de tous autour d’eux. Au centre du groupe, un membre brandit un mât avec leur bannière flottant fièrement.

Et soudain, ils se mettent tous à courir.

Le groupe de Lansèt Kòd courant à travers Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

D’une manière apparemment chorégraphiée, ils se dispersent en petits groupes, courant dans les ruelles étroites de la ville tout en essayant, de façon ludique, de toucher les autres avec leurs mains peintes en noir. La chasse est lancée.

Alors que les Lansèt Kòd se mettent à poursuivre des passants sans méfiance, ils laissent leur marque sous forme d’une empreinte de main noire. Cela peut sembler étrange ou même effrayant, mais tout cela est bon enfant et fait partie de la tradition. En fait, la majorité des personnes qui reçoivent cette « bénédiction » de peinture noire sont des amis de l’entourage des Lansèt Kòd.

La chasse des Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Cependant, il y a une chose à garder en tête : les Lansèt Kòd ont une affection particulière pour les vêtements blancs. Si vous portez votre plus belle robe ou votre chemise blanche préférée, préparez-vous à finir avec une empreinte de main noire dans le dos.

La marque noire
Photo: Jean Oscar Augustin

Les marques noires laissées par les Lansèt Kòd ont une signification plus profonde, évoquant le proverbe haïtien « Pito nou lèd, nou la », qui signifie « Nous sommes peut-être laids, mais nous sommes là ». Cette déclaration puissante est liée au système brutal de l’esclavage et symbolise l’idée que la liberté et la survie, même si cela implique d’être « laid », sont préférables à la soumission sous la domination française.

Un passager de moto marqué
Photo: Jean Oscar Augustin

Une tradition caribéenne partagée

La tradition culturelle haïtienne du Lansèt Kòd se retrouve sous différentes formes à travers les Caraïbes. Lors du carnaval de Trinidad, les participants du Jouvert (signifiant « lever du jour » en français) se couvrent le corps de diverses substances, y compris de l’huile et de la peinture corporelle, pour faire la fête dans les rues. Jouvert célèbre un esprit rebelle, contrastant avec l’attrait des paillettes, des couleurs et des plumes qui dominent le carnaval traditionnel.

À la Grenade, des groupes appelés Jab-Jab participent au carnaval annuel. Le nom vient du mot français « diable », et le Jab-Jab est essentiellement une immense fête de rue où les participants se couvrent d’huile, de boue ou de graisse et portent des cornes de bétail pour incarner le Jab-Molassie ou « diable mélasse ».

Ces traditions trouvent leurs racines dans les festivités d’avant-Carême des anciennes colonies françaises, où la classe aisée se parait de costumes élaborés et dansait au son de la musique orchestrale. Pendant ce temps, les anciens esclaves, disposant de ressources limitées, se couvraient de cendres de canne brûlée, de graisse et d’autres matériaux, en un clin d’œil satirique aux jours de l’esclavage. La musique de l’époque était créée en frappant des boîtes de biscuits, des barils d’huile et en soufflant dans des conques. Aujourd’hui, ces traditions ont été préservées et continuent de donner à la région des Caraïbes son caractère vibrant et distinctif.

Les Lansèt Kòd passant devant l’Alliance Française
Photo: Jean Oscar Augustin

Le rituel final

Le groupe Lansèt Kòd maintient une énergie intense en traversant les rues de Jacmel en ce dimanche ensoleillé de janvier. Ils courent à travers les routes sinueuses, y compris la Rue Seymour Pradel et la pittoresque Rue du Commerce, bordées de maisons historiques en pain d’épices. Le groupe arrête la circulation aux intersections, provoquant des klaxons de voitures et incitant les passants soit à fuir, soit à se rapprocher pour une vue de plus près.

Une course finale
Photo: Franck Fontain

Au fil de la journée et au fur et à mesure que les rues escarpées de la ville sont arpentées, la fatigue semble peu probable. Le groupe est revigoré par leur excitation commune et une dose de clairin, la liqueur haïtienne traditionnelle.

Alors que le soleil descend sous l’horizon dans la baie de Jacmel, les groupes qui s’étaient dispersés se rejoignent sur la promenade de Lakou New York, au bord de l’océan. Rires et conversations emplissent l’air tandis que les membres échangent des histoires de leur journée. L’ambiance est empreinte de joie et de camaraderie.

Les membres du groupe courent dans l’océan
Photo: Jean Oscar Augustin

Enfin, au signal du chef, un membre agite le drapeau du groupe, symbole de leur lien et de leur fierté. Le reste du groupe se dirige alors vers l’océan pour le dernier rituel de la journée. Les vagues s’écrasent contre leurs corps, emportant les derniers vestiges de la peinture noire et toute trace des festivités du jour. Une purification rituelle avant la performance du dimanche suivant.

Le rituel final des Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Plongez dans l’action

Envie de vous joindre aux festivités et de découvrir la tradition unique du Lansèt Kòd en Haïti ? Vous pouvez le faire en visitant Jacmel, Jérémie, Cap-Haïtien, Les Cayes ou d’autres grandes villes d’Haïti pendant la saison du carnaval. Jacmel est considérée comme la meilleure destination pour son histoire riche et ses activités animées de pré-carnaval. Les groupes de Lansèt Kòd y commencent leurs performances hebdomadaires dès le premier dimanche de janvier, et continuent chaque dimanche jusqu’aux Trois Jours Gras, où a lieu le grand défilé du carnaval.

Pendant les Trois Jours Gras, les lanceurs de corde jouent un rôle unique dans le défilé principal du carnaval. Non seulement ils représentent les personnes asservies de la colonie de Saint-Domingue, mais ils contribuent également à maintenir l’ordre durant la parade. En contraste frappant avec leur image habituelle de fauteurs de chaos, ils poursuivent joyeusement quiconque tente de perturber le défilé.

Alors, si vous envisagez de perturber le défilé, préparez-vous à être poursuivi par les lanceurs de corde. Et qui sait, vous finirez peut-être bien noirci.

Pour une expérience encore plus unique, envisagez de rejoindre un Lansèt Kòd pour leur performance du dimanche. Ils accueillent volontiers de nouveaux participants et vous intégreront avec plaisir dans cette tradition excentrique et symbolique. Pour en savoir plus, parlez-en à vos amis locaux, à votre hôte, à votre guide ou à votre opérateur touristique.


Rédiger par Costaguinov Baptiste.

Publié en janvier 2023.


11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

Groupe Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

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Si vous savez déjà un peu sur Haïti, vous avez probablement une idée de notre magnifique pays, situé sur l’île enchanteresse d’Hispaniola que nous partageons avec la République Dominicaine. Il est possible, cependant, que vous n’ayez pas encore entendu parler de certaines des traditions culturelles haïtiennes les plus uniques, connues uniquement des locaux.

Pour satisfaire votre curiosité, nous avons rassemblé une sélection de nos traditions les plus anciennes, allant de la vie quotidienne dans nos communautés rurales à l’effervescence de nos villes et à notre riche culture culinaire.

groupe d'Haïtiens assis sur des chaises et sur un porche dans une cour
Récit Krik-krak à Cayes Jacmel
Photo: Anton Lau

1. « Krik-Krak »

Tout vrai Haïtien sait que l’exclamation « krik ? » est toujours suivie d’un excellent « krak », ou histoire, car raconter des contes fait partie intégrante des traditions culturelles d’Haïti. Que ce soit sous une tonnelle en buvant du thé au citronnelle avec de la cannelle ou dans le confort d’une pièce chaude, les plus jeunes se rassemblent autour des plus âgés pour écouter leurs récits d’antan.

Si vous voulez attirer l’attention d’un ami haïtien, profitez de chaque occasion pour lancer un « krik ? » et il répondra inévitablement par un « krak ». Mais attention, votre histoire doit être à la hauteur!

Ça a l’air intéressant, n’est-ce pas ? Découvrez l’histoire de cette tradition unique et l’impact du krik-krak dans la culture haïtienne. De plus, pour une excellente lecture, le livre Krik? Krak! est une compilation de fascinants contes haïtiens d’Edwidge Danticat, l’une des auteures haïtiennes les plus célèbres à ce jour.

Travailleurs dans un konbit aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

2. Konbit

Si vous traversez certaines régions rurales d’Haïti pendant la saison de labour, ne soyez pas surpris de voir tous les villageois travailler ensemble ou sur les terres des uns et des autres. Cette forme d’organisation sociale dans nos sociétés rurales est une part essentielle de notre culture et l’une des plus anciennes traditions haïtiennes qui perdurent jusqu’à ce jour.

Tandis que les hommes manient joyeusement leurs kouto digo (hachettes) et machettes pour déterrer et travailler la terre avant le prochain semis, les femmes préparent les repas. De plus, le mot « konbit » en créole haïtien est devenu un terme utilisé pour désigner la vie en harmonie et les pratiques de voisinage uniques à la communauté haïtienne.

bâtiment peint de couleurs vives dans une communauté vaudou
Lakou Soukri aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

3. Lakou

Imaginez vivre dans une patrie au sein d’une autre, où chaque individu fait partie intégrante d’une société plus large dédiée à un bien commun. En Haïti, un tel lieu est connu sous le nom de lakou. Il est courant de voir des familles haïtiennes partager des espaces communs autour de leurs unités familiales centrales.

Le lakou sert de cocon éducatif dans lequel les plus jeunes membres peuvent apprendre à partager et à vivre en harmonie avec leurs voisins grâce à leurs aînés. Ceux qui grandissent dans la commune ont la responsabilité, un jour, de revenir honorer leur famille, chercher des conseils avisés et s’excuser publiquement auprès des esprits vaudou ou des loas qui pourraient avoir été offensés.

De nombreuses communautés rurales haïtiennes dépendent de l’organisation sociale que les lakou offrent pour avancer dans la vie quotidienne. Elles ne se contentent pas de labourer la terre ensemble, mais partagent aussi et pratiquent leur croyance en le vaudou haïtien. Le culte des esprits est profondément ancré dans le lakou, et des lakou bien connus comme Souvans, Soukri et Badio perpétuent cette tradition culturelle unique à Haïti.

Préparations de Beny Chans à Kabik
Photo: Anton Lau

4. Beny chans

Cela pourrait sembler étrange au premier abord, mais si vous tombez sur un grand bol d’eau rempli d’herbes et de feuilles en voyageant à travers Haïti, alors vous avez rencontré un « beny chans« . Traditionnellement utilisé comme douche d’herbes pour les femmes après l’accouchement, il est également considéré comme une potion pour la chance, pour trouver une âme sœur, voire pour la protection lors d’un voyage qui changera la vie.

Si vous n’avez pas grandi en Haïti, vous pourriez être réticent à plonger vos mains dans ce mélange inhabituel. Pourtant, pour les locaux, cela fait partie intégrante de la culture haïtienne unique – à tel point qu’il ne serait pas surprenant qu’un Haïtien vivant à l’étranger revienne en Haïti pour recevoir cette onction sacrée la veille du Nouvel An.

Vous vous sentez aventureux ? Allez-y, essayez-le. Mais n’oubliez pas de puiser dans vos racines afro-caribéennes avec notre guide pour un retour aux sources.

un prêtre vaudou et un praticien effectuant une danse
Rituel lors d’une cérémonie vaudou
Photo: Pierre Michel Jean

5. Cérémonie vaudou et danse

Voici l’une des traditions culturelles haïtiennes qui éveillera sans doute votre curiosité. Oubliez le concept mainstream d’un groupe de satanistes assoiffés de sang se rassemblant dans une église gothique délabrée – il s’agit là du stéréotype hollywoodien par excellence. Pensez plutôt à une véritable expérience spirituelle où les participants entrent dans un état de transe, en harmonie avec des entités spirituelles puissantes.

La culture haïtienne n’est pas la seule à avoir le vaudou comme pratique religieuse, des rituels similaires sont activement pratiqués dans des endroits comme le « Deep South » en Louisiane ou le pays insulaire africain du Bénin. Dans des pays comme le Brésil et Cuba, la pratique de la santería est encore courante dans de nombreuses communautés. La tradition vaudou haïtienne, cependant, comporte des éléments issus de siècles de syncrétisme, résultant en un mélange des traditions spirituelles africaines, chrétiennes et taïnos.

Le vaudou est une forte tradition culturelle dans l’imaginaire collectif haïtien—et il est présent dans les peintures, la musique, les danses et la littérature haïtiennes. Plus qu’une simple religion ou spiritualité, le vaudou est un patrimoine immatériel que tous les Haïtiens partagent, qu’ils se considèrent comme de véritables pratiquants ou non.

Prêt pour une expérience unique ? Découvrez comment assister à une cérémonie vaudou en Haïti.

homme haïtien vêtu d'une chemise violette avec des os humains célébrant le Fèt Gede
Fèt Gede à Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

6. Fèt Gede

Les morts occupent une place de grande importance dans la vie quotidienne haïtienne, et les honorer constitue l’une des traditions culturelles les plus sacrées. Pour ce faire, tout le mois de novembre est consacré chaque année à des cérémonies visant à apaiser les morts et à communiquer avec eux. Les esprits qui règnent sur le monde des morts dans le panthéon vaudou haïtien sont Bawon Samdi et Grann Brigitte.

Les Gédé symbolisent les esprits de ceux qui sont passés dans l’autre monde. Lors des cérémonies organisées en leur honneur, ils reviennent pour apporter de la joie au peuple avec leurs danses frénétiques et leurs paroles osées.

Chaque célébration haïtienne du jour des morts est remplie d’une aura d’excitation et de mysticisme, que vous pouvez découvrir par vous-même dans ce journal photo d’une célébration de la Fèt Gede aux Gonaïves.

groupe d'Haïtiens marchant en jouant des trompettes lors des festivités de rara
Orchestre rara défilant à Bois Moquette
Photo: Franck Fontain

7. Rara

Toutes les traditions culturelles haïtiennes n’ont pas des origines aussi sombres que celles liées à la mort. En fait, certaines d’entre elles sont plutôt joyeuses, et le Rara en est un parfait exemple. Ces groupes qui défilent à pied dans les rues pendant les week-ends précédant le Carnaval et la période de Pâques constituent l’une des pratiques culturelles les plus connues d’Haïti.

Ces groupes animés de bons vivants jouent divers instruments, tels que le bambou, le vaccin, les cymbales, et parfois même des trompettes et d’autres instruments à vent. Leur répertoire va des parodies de chansons populaires aux chansons originales et celles écrites pour des occasions spéciales.

Chaque groupe est précédé par un homme portant un drapeau, une femme vêtue des couleurs du groupe, et de jeunes filles qui lancent la procession. Suivent les musiciens et le reste du groupe joyeux qui danse au rythme de la musique.

Aujourd’hui, la pratique du Rara n’est pas uniquement propre à Haïti ; d’autres pays des Caraïbes comme Cuba et la République Dominicaine, où elle est connue sous le nom de Gaga, ont adopté cette tradition culturelle en provenance d’Haïti.

Découvrez les véritables origines de la tradition Rara d’Haïti et rejoignez la célébration!

Un groupe de Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augus

8. Lansèt kòd

Si vous visitez Haïti pendant la période du Carnaval, vous aurez sans aucun doute l’occasion d’être témoin de l’une des traditions culturelles les plus inoubliables : la célèbre procession des Lansèt Kòd. Certains Haïtiens vous diront qu’ils en ont été traumatisés lorsqu’ils étaient enfants. Ces groupes qui envahissent les rues de villes comme Jacmel, Jérémie ou Cap-Haïtien lors des dimanches précédant le Carnaval ont plus que ce qu’il faut pour impressionner.

Vêtus de cornes de taureau sur la tête et de fouets à la main, ces hommes aux muscles saillants et torse nu envahissent les rues, entièrement recouverts de peinture noire. Oui, vous avez bien lu : ils sont totalement couverts d’une substance noire comme du pétrole brut. Tout au long de la procession du Carnaval, ils offriront une performance qui restera gravée dans votre mémoire pendant un certain temps.

Découvrez-en plus sur la tradition des Lansèt Kòd ici!

Une ligne de danseurs se produisant lors du carnaval à Jacmel, Haïti
Carnaval à Jacmel
Photo: Franck Fontain

9. Carnaval

Le carnaval haïtien est l’un des plus largement reconnus des Caraïbes. Celui organisé à Jacmel a été décrété fête nationale en raison de son attrait artistique, attirant de nombreux touristes chaque année. C’est une manifestation culturelle aux couleurs vives où vous pourrez admirer le talent des artisans haïtiens à travers des thèmes rappelant la flore et la faune du pays.

Cette célébration populaire n’est pas seulement l’occasion pour les artistes et artisans de montrer leurs talents ou d’attirer les visiteurs, mais c’est aussi un moyen pour la population d’exprimer ses problèmes avec les autorités en place. C’est une fête où tous les niveaux de la société se rassemblent sans honte, sans se soucier des barrières sociales.

Si vous souhaitez faire partie des festivités ce février, alors vous feriez bien de vous préparer à faire la fête comme un Haïtien lors du Carnaval de Jacmel.

Un bol de soupe joumou
Soupe Joumou
Photo: Franck Fontain

10. Soup Joumou

Si vous rendez visite à une famille haïtienne le jour du Nouvel An, vous serez agréablement surpris par une pratique culinaire aussi ancienne qu’Haïti : la préparation traditionnelle de la Soupe Joumou. Alors oubliez votre envie de manger autre chose et laissez notre succulente soupe séduire vos papilles.

Préparée à partir d’une base de giraumont (courge turban), d’où la soupe tire son nom, ainsi que de légumes et de tubercules, ce plat est un incontournable dans tous les foyers haïtiens le jour du Nouvel An. Ne soyez pas surpris de voir des gens intégrer la Soupe Joumou à chaque repas servi pendant toute la célébration. C’est tout simplement délicieux.

Cette tradition remonte au 1er janvier 1804, lorsque la jeune nation choisit ce délicieux plat – jusqu’alors réservé aux colonisateurs et invités spéciaux – pour célébrer leur liberté fraîchement acquise.

Vous voulez découvrir ce qui rend la Soupe Joumou si unique ? Plongez dans l’histoire de ce plat et apprenez les bases pour préparer la meilleure Soupe Joumou.

Fête champêtre à Saut d’Eau
Photo: Franck Fontain

11. Fête champêtre

Chaque ville en Haïti a son propre saint patron vers lequel les habitants se tournent pour confesser leurs peines et leurs joies ou formuler des pétitions spéciales. Ces célébrations culturelles des saints patrons, également appelées fêtes champêtres, sont d’un autre niveau.

Indépendamment de leurs croyances religieuses, les habitants d’autres villes provinciales, ainsi qu’une foule de curieux et de touristes, se dirigent vers les villes principales de chaque village pour célébrer la fête dédiée au saint patron.

Aux côtés des pèlerins religieux, il y a aussi les fêtards qui sont là uniquement pour profiter du festival après la Grande Messe de la paroisse locale. Parmi les fêtes champêtres les plus populaires en Haïti figurent les célébrations de Notre-Dame du Mont-Carmel à Saut d’Eau et de Notre-Dame à Petit-Goâve.

Rassemblez-vous avec les locaux et partez en pèlerinage à Saut d’Eau, que ce soit pour des raisons spirituelles ou simplement pour célébrer et faire la fête avec la foule.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en décembre 2022.