Lansèt kod

Lansèt Kòd – la tradition haïtienne dont vous n’avez probablement jamais entendu parler

Le rituel final des Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Lansèt Kòd – la tradition haïtienne dont vous n’avez probablement jamais entendu parler

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Embarquez pour un voyage de découverte culturelle avec le Carnaval haïtien – où musique, danse et expression artistique prennent vie. Au milieu des parades animées et des costumes colorés, une tradition se distingue par son originalité et son charme captivant : le Lansèt Kòd.

Ce spectacle vieux de plusieurs siècles, où des participants intrépides se couvrent de peinture noire et courent dans les rues, est une scène que vous n’oublierez pas de sitôt. Mais attention, le Lansèt Kòd peut paraître étrange, voire intimidant pour le spectateur non averti. Pourtant, pour ceux qui osent l’expérimenter, c’est une véritable immersion dans la culture haïtienne.

Pour plonger plus profondément dans la tradition haïtienne du Lansèt Kòd, nous avons voyagé jusqu’à Jacmel, le centre du patrimoine culturel dans le département du sud-est d’Haïti, pour assister à la préparation des déguisements, à l’énergie palpitante et au spectacle de la procession qui culmine à qui culmine au coucher du soleil.

Un garçon se faisant peindre le visage pour le Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Adopter l’excentricité : dans les coulisses

Un dimanche matin pendant la saison du carnaval à Jacmel, la paisible ville côtière s’éveille peu à peu avec le lever du soleil. L’air, salé par la proximité de l’océan, se mêle à un ciel d’un bleu éclatant. Dans un lakou de quartier, un groupe de jeunes hommes se rassemble, prêts à se déguiser pour leur sortie hebdomadaire. Ils bougent au rythme de la musique méringue qui résonne depuis un téléphone portable, tout en ajustant leurs costumes faits de pantalons découpés et de shorts en lambeaux.

Costume de carnaval du Lansèt Kòd en cours de création
Photo: Jean Oscar Augustin

Des cornes en papier mâché, fraîchement peintes, sèchent au soleil tandis que des motos passent en vrombissant, ajoutant au bruit de la rue. Pour parfaire leur apparence, certains participants tiennent de longs fouets, prêts à claquer alors qu’ils défilent dans la ville. L’excentricité est encouragée et pleinement assumée dans ces groupes, certains arborant des minijupes et des perruques aux teintes variées de brun, blond et multicolore.

Charbon de bois mélangé avec du sirop de canne à sucre
Photo: Jean Oscar Augustin

Dans un coin de la cour, le chef prépare l’élément central de leur déguisement – un mélange de poudre de charbon et de sirop de canne. Le résultat est une substance noire, épaisse et luisante. L’air est imprégné d’un doux parfum sucré alors que les jeunes hommes s’enduisent de ce mélange de la tête aux pieds, ne laissant visibles que leurs chemises en lambeaux, perruques, cornes et fouets comme seuls autres éléments de leur tenue.

Application de la peinture noire
Photo: Jean Oscar Augustin

Les amis s’entraident pour appliquer la peinture noire, laissant leur peau collante et huileuse. Enfin, avec leurs déguisements achevés, les Lansèt Kòd sont prêts à envahir les rues de Jacmel.

Un père Lansèt Kòd et son fils
Photo: Jean Oscar Augustin

L’origine du Lansèt Kòd : Un regard sur son histoire

La tradition haïtienne du Lansèt Kòd (qui signifie rope throwers en anglais ou lanceurs de cordes en français) plonge ses racines dans l’histoire de la colonie française de Saint-Domingue (l’actuelle Haïti). Pendant la période coloniale, des carnavals inspirés des styles européens étaient organisés à Saint-Domingue, mettant en scène des costumes somptueux et des festivités grandioses.

Les personnes réduites en esclavage, interdites de participer à ces carnavals, organisaient leurs propres mini-carnavals dans leurs arrière-cours. Elles s’habillaient de vêtements en lambeaux et portaient des fouets, la peau enduite d’un mélange de graisse et de cendres. Elles imitaient et se moquaient ainsi du comportement de leurs maîtres.

Cette tradition a été initialement créée pour tourner en dérision les maîtres esclavagistes, qui assistaient aux carnavals vêtus de leurs habits d’apparat. Cependant, après l’indépendance d’Haïti, les nouveaux libres adoptèrent la tradition du carnaval européen et y insufflèrent leur propre musique et culture.

Aujourd’hui, la tradition du Lansèt Kòd est une célébration de la culture et de l’indépendance haïtiennes. Dans l’imaginaire collectif haïtien, les Lansèt Kòd sont également devenus un symbole de bonne conduite pour les enfants, une sorte de croque-mitaine utilisé pour inciter les plus jeunes à bien se comporter.

Les Lansèt Kòd dans les rues de Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

La Marque de la Main Noire

Alors que le groupe de Lansèt Kòd quitte le lakou pour s’aventurer dans les rues, ils apportent avec eux un sentiment de dezod (signifiant chaos et désordre en créole haïtien). Leurs corps peints en noir contrastent fortement avec les maisons aux couleurs vives de Jacmel. Avec des pas martelés de manière synchronisée et des chants, ils attirent l’attention de tous autour d’eux. Au centre du groupe, un membre brandit un mât avec leur bannière flottant fièrement.

Et soudain, ils se mettent tous à courir.

Le groupe de Lansèt Kòd courant à travers Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

D’une manière apparemment chorégraphiée, ils se dispersent en petits groupes, courant dans les ruelles étroites de la ville tout en essayant, de façon ludique, de toucher les autres avec leurs mains peintes en noir. La chasse est lancée.

Alors que les Lansèt Kòd se mettent à poursuivre des passants sans méfiance, ils laissent leur marque sous forme d’une empreinte de main noire. Cela peut sembler étrange ou même effrayant, mais tout cela est bon enfant et fait partie de la tradition. En fait, la majorité des personnes qui reçoivent cette « bénédiction » de peinture noire sont des amis de l’entourage des Lansèt Kòd.

La chasse des Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Cependant, il y a une chose à garder en tête : les Lansèt Kòd ont une affection particulière pour les vêtements blancs. Si vous portez votre plus belle robe ou votre chemise blanche préférée, préparez-vous à finir avec une empreinte de main noire dans le dos.

La marque noire
Photo: Jean Oscar Augustin

Les marques noires laissées par les Lansèt Kòd ont une signification plus profonde, évoquant le proverbe haïtien « Pito nou lèd, nou la », qui signifie « Nous sommes peut-être laids, mais nous sommes là ». Cette déclaration puissante est liée au système brutal de l’esclavage et symbolise l’idée que la liberté et la survie, même si cela implique d’être « laid », sont préférables à la soumission sous la domination française.

Un passager de moto marqué
Photo: Jean Oscar Augustin

Une tradition caribéenne partagée

La tradition culturelle haïtienne du Lansèt Kòd se retrouve sous différentes formes à travers les Caraïbes. Lors du carnaval de Trinidad, les participants du Jouvert (signifiant « lever du jour » en français) se couvrent le corps de diverses substances, y compris de l’huile et de la peinture corporelle, pour faire la fête dans les rues. Jouvert célèbre un esprit rebelle, contrastant avec l’attrait des paillettes, des couleurs et des plumes qui dominent le carnaval traditionnel.

À la Grenade, des groupes appelés Jab-Jab participent au carnaval annuel. Le nom vient du mot français « diable », et le Jab-Jab est essentiellement une immense fête de rue où les participants se couvrent d’huile, de boue ou de graisse et portent des cornes de bétail pour incarner le Jab-Molassie ou « diable mélasse ».

Ces traditions trouvent leurs racines dans les festivités d’avant-Carême des anciennes colonies françaises, où la classe aisée se parait de costumes élaborés et dansait au son de la musique orchestrale. Pendant ce temps, les anciens esclaves, disposant de ressources limitées, se couvraient de cendres de canne brûlée, de graisse et d’autres matériaux, en un clin d’œil satirique aux jours de l’esclavage. La musique de l’époque était créée en frappant des boîtes de biscuits, des barils d’huile et en soufflant dans des conques. Aujourd’hui, ces traditions ont été préservées et continuent de donner à la région des Caraïbes son caractère vibrant et distinctif.

Les Lansèt Kòd passant devant l’Alliance Française
Photo: Jean Oscar Augustin

Le rituel final

Le groupe Lansèt Kòd maintient une énergie intense en traversant les rues de Jacmel en ce dimanche ensoleillé de janvier. Ils courent à travers les routes sinueuses, y compris la Rue Seymour Pradel et la pittoresque Rue du Commerce, bordées de maisons historiques en pain d’épices. Le groupe arrête la circulation aux intersections, provoquant des klaxons de voitures et incitant les passants soit à fuir, soit à se rapprocher pour une vue de plus près.

Une course finale
Photo: Franck Fontain

Au fil de la journée et au fur et à mesure que les rues escarpées de la ville sont arpentées, la fatigue semble peu probable. Le groupe est revigoré par leur excitation commune et une dose de clairin, la liqueur haïtienne traditionnelle.

Alors que le soleil descend sous l’horizon dans la baie de Jacmel, les groupes qui s’étaient dispersés se rejoignent sur la promenade de Lakou New York, au bord de l’océan. Rires et conversations emplissent l’air tandis que les membres échangent des histoires de leur journée. L’ambiance est empreinte de joie et de camaraderie.

Les membres du groupe courent dans l’océan
Photo: Jean Oscar Augustin

Enfin, au signal du chef, un membre agite le drapeau du groupe, symbole de leur lien et de leur fierté. Le reste du groupe se dirige alors vers l’océan pour le dernier rituel de la journée. Les vagues s’écrasent contre leurs corps, emportant les derniers vestiges de la peinture noire et toute trace des festivités du jour. Une purification rituelle avant la performance du dimanche suivant.

Le rituel final des Lansèt Kòd
Photo: Jean Oscar Augustin

Plongez dans l’action

Envie de vous joindre aux festivités et de découvrir la tradition unique du Lansèt Kòd en Haïti ? Vous pouvez le faire en visitant Jacmel, Jérémie, Cap-Haïtien, Les Cayes ou d’autres grandes villes d’Haïti pendant la saison du carnaval. Jacmel est considérée comme la meilleure destination pour son histoire riche et ses activités animées de pré-carnaval. Les groupes de Lansèt Kòd y commencent leurs performances hebdomadaires dès le premier dimanche de janvier, et continuent chaque dimanche jusqu’aux Trois Jours Gras, où a lieu le grand défilé du carnaval.

Pendant les Trois Jours Gras, les lanceurs de corde jouent un rôle unique dans le défilé principal du carnaval. Non seulement ils représentent les personnes asservies de la colonie de Saint-Domingue, mais ils contribuent également à maintenir l’ordre durant la parade. En contraste frappant avec leur image habituelle de fauteurs de chaos, ils poursuivent joyeusement quiconque tente de perturber le défilé.

Alors, si vous envisagez de perturber le défilé, préparez-vous à être poursuivi par les lanceurs de corde. Et qui sait, vous finirez peut-être bien noirci.

Pour une expérience encore plus unique, envisagez de rejoindre un Lansèt Kòd pour leur performance du dimanche. Ils accueillent volontiers de nouveaux participants et vous intégreront avec plaisir dans cette tradition excentrique et symbolique. Pour en savoir plus, parlez-en à vos amis locaux, à votre hôte, à votre guide ou à votre opérateur touristique.


Rédiger par Costaguinov Baptiste.

Publié en janvier 2023.


11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

Groupe Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

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Si vous savez déjà un peu sur Haïti, vous avez probablement une idée de notre magnifique pays, situé sur l’île enchanteresse d’Hispaniola que nous partageons avec la République Dominicaine. Il est possible, cependant, que vous n’ayez pas encore entendu parler de certaines des traditions culturelles haïtiennes les plus uniques, connues uniquement des locaux.

Pour satisfaire votre curiosité, nous avons rassemblé une sélection de nos traditions les plus anciennes, allant de la vie quotidienne dans nos communautés rurales à l’effervescence de nos villes et à notre riche culture culinaire.

groupe d'Haïtiens assis sur des chaises et sur un porche dans une cour
Récit Krik-krak à Cayes Jacmel
Photo: Anton Lau

1. « Krik-Krak »

Tout vrai Haïtien sait que l’exclamation « krik ? » est toujours suivie d’un excellent « krak », ou histoire, car raconter des contes fait partie intégrante des traditions culturelles d’Haïti. Que ce soit sous une tonnelle en buvant du thé au citronnelle avec de la cannelle ou dans le confort d’une pièce chaude, les plus jeunes se rassemblent autour des plus âgés pour écouter leurs récits d’antan.

Si vous voulez attirer l’attention d’un ami haïtien, profitez de chaque occasion pour lancer un « krik ? » et il répondra inévitablement par un « krak ». Mais attention, votre histoire doit être à la hauteur!

Ça a l’air intéressant, n’est-ce pas ? Découvrez l’histoire de cette tradition unique et l’impact du krik-krak dans la culture haïtienne. De plus, pour une excellente lecture, le livre Krik? Krak! est une compilation de fascinants contes haïtiens d’Edwidge Danticat, l’une des auteures haïtiennes les plus célèbres à ce jour.

Travailleurs dans un konbit aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

2. Konbit

Si vous traversez certaines régions rurales d’Haïti pendant la saison de labour, ne soyez pas surpris de voir tous les villageois travailler ensemble ou sur les terres des uns et des autres. Cette forme d’organisation sociale dans nos sociétés rurales est une part essentielle de notre culture et l’une des plus anciennes traditions haïtiennes qui perdurent jusqu’à ce jour.

Tandis que les hommes manient joyeusement leurs kouto digo (hachettes) et machettes pour déterrer et travailler la terre avant le prochain semis, les femmes préparent les repas. De plus, le mot « konbit » en créole haïtien est devenu un terme utilisé pour désigner la vie en harmonie et les pratiques de voisinage uniques à la communauté haïtienne.

bâtiment peint de couleurs vives dans une communauté vaudou
Lakou Soukri aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

3. Lakou

Imaginez vivre dans une patrie au sein d’une autre, où chaque individu fait partie intégrante d’une société plus large dédiée à un bien commun. En Haïti, un tel lieu est connu sous le nom de lakou. Il est courant de voir des familles haïtiennes partager des espaces communs autour de leurs unités familiales centrales.

Le lakou sert de cocon éducatif dans lequel les plus jeunes membres peuvent apprendre à partager et à vivre en harmonie avec leurs voisins grâce à leurs aînés. Ceux qui grandissent dans la commune ont la responsabilité, un jour, de revenir honorer leur famille, chercher des conseils avisés et s’excuser publiquement auprès des esprits vaudou ou des loas qui pourraient avoir été offensés.

De nombreuses communautés rurales haïtiennes dépendent de l’organisation sociale que les lakou offrent pour avancer dans la vie quotidienne. Elles ne se contentent pas de labourer la terre ensemble, mais partagent aussi et pratiquent leur croyance en le vaudou haïtien. Le culte des esprits est profondément ancré dans le lakou, et des lakou bien connus comme Souvans, Soukri et Badio perpétuent cette tradition culturelle unique à Haïti.

Préparations de Beny Chans à Kabik
Photo: Anton Lau

4. Beny chans

Cela pourrait sembler étrange au premier abord, mais si vous tombez sur un grand bol d’eau rempli d’herbes et de feuilles en voyageant à travers Haïti, alors vous avez rencontré un « beny chans« . Traditionnellement utilisé comme douche d’herbes pour les femmes après l’accouchement, il est également considéré comme une potion pour la chance, pour trouver une âme sœur, voire pour la protection lors d’un voyage qui changera la vie.

Si vous n’avez pas grandi en Haïti, vous pourriez être réticent à plonger vos mains dans ce mélange inhabituel. Pourtant, pour les locaux, cela fait partie intégrante de la culture haïtienne unique – à tel point qu’il ne serait pas surprenant qu’un Haïtien vivant à l’étranger revienne en Haïti pour recevoir cette onction sacrée la veille du Nouvel An.

Vous vous sentez aventureux ? Allez-y, essayez-le. Mais n’oubliez pas de puiser dans vos racines afro-caribéennes avec notre guide pour un retour aux sources.

un prêtre vaudou et un praticien effectuant une danse
Rituel lors d’une cérémonie vaudou
Photo: Pierre Michel Jean

5. Cérémonie vaudou et danse

Voici l’une des traditions culturelles haïtiennes qui éveillera sans doute votre curiosité. Oubliez le concept mainstream d’un groupe de satanistes assoiffés de sang se rassemblant dans une église gothique délabrée – il s’agit là du stéréotype hollywoodien par excellence. Pensez plutôt à une véritable expérience spirituelle où les participants entrent dans un état de transe, en harmonie avec des entités spirituelles puissantes.

La culture haïtienne n’est pas la seule à avoir le vaudou comme pratique religieuse, des rituels similaires sont activement pratiqués dans des endroits comme le « Deep South » en Louisiane ou le pays insulaire africain du Bénin. Dans des pays comme le Brésil et Cuba, la pratique de la santería est encore courante dans de nombreuses communautés. La tradition vaudou haïtienne, cependant, comporte des éléments issus de siècles de syncrétisme, résultant en un mélange des traditions spirituelles africaines, chrétiennes et taïnos.

Le vaudou est une forte tradition culturelle dans l’imaginaire collectif haïtien—et il est présent dans les peintures, la musique, les danses et la littérature haïtiennes. Plus qu’une simple religion ou spiritualité, le vaudou est un patrimoine immatériel que tous les Haïtiens partagent, qu’ils se considèrent comme de véritables pratiquants ou non.

Prêt pour une expérience unique ? Découvrez comment assister à une cérémonie vaudou en Haïti.

homme haïtien vêtu d'une chemise violette avec des os humains célébrant le Fèt Gede
Fèt Gede à Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

6. Fèt Gede

Les morts occupent une place de grande importance dans la vie quotidienne haïtienne, et les honorer constitue l’une des traditions culturelles les plus sacrées. Pour ce faire, tout le mois de novembre est consacré chaque année à des cérémonies visant à apaiser les morts et à communiquer avec eux. Les esprits qui règnent sur le monde des morts dans le panthéon vaudou haïtien sont Bawon Samdi et Grann Brigitte.

Les Gédé symbolisent les esprits de ceux qui sont passés dans l’autre monde. Lors des cérémonies organisées en leur honneur, ils reviennent pour apporter de la joie au peuple avec leurs danses frénétiques et leurs paroles osées.

Chaque célébration haïtienne du jour des morts est remplie d’une aura d’excitation et de mysticisme, que vous pouvez découvrir par vous-même dans ce journal photo d’une célébration de la Fèt Gede aux Gonaïves.

groupe d'Haïtiens marchant en jouant des trompettes lors des festivités de rara
Orchestre rara défilant à Bois Moquette
Photo: Franck Fontain

7. Rara

Toutes les traditions culturelles haïtiennes n’ont pas des origines aussi sombres que celles liées à la mort. En fait, certaines d’entre elles sont plutôt joyeuses, et le Rara en est un parfait exemple. Ces groupes qui défilent à pied dans les rues pendant les week-ends précédant le Carnaval et la période de Pâques constituent l’une des pratiques culturelles les plus connues d’Haïti.

Ces groupes animés de bons vivants jouent divers instruments, tels que le bambou, le vaccin, les cymbales, et parfois même des trompettes et d’autres instruments à vent. Leur répertoire va des parodies de chansons populaires aux chansons originales et celles écrites pour des occasions spéciales.

Chaque groupe est précédé par un homme portant un drapeau, une femme vêtue des couleurs du groupe, et de jeunes filles qui lancent la procession. Suivent les musiciens et le reste du groupe joyeux qui danse au rythme de la musique.

Aujourd’hui, la pratique du Rara n’est pas uniquement propre à Haïti ; d’autres pays des Caraïbes comme Cuba et la République Dominicaine, où elle est connue sous le nom de Gaga, ont adopté cette tradition culturelle en provenance d’Haïti.

Découvrez les véritables origines de la tradition Rara d’Haïti et rejoignez la célébration!

Un groupe de Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augus

8. Lansèt kòd

Si vous visitez Haïti pendant la période du Carnaval, vous aurez sans aucun doute l’occasion d’être témoin de l’une des traditions culturelles les plus inoubliables : la célèbre procession des Lansèt Kòd. Certains Haïtiens vous diront qu’ils en ont été traumatisés lorsqu’ils étaient enfants. Ces groupes qui envahissent les rues de villes comme Jacmel, Jérémie ou Cap-Haïtien lors des dimanches précédant le Carnaval ont plus que ce qu’il faut pour impressionner.

Vêtus de cornes de taureau sur la tête et de fouets à la main, ces hommes aux muscles saillants et torse nu envahissent les rues, entièrement recouverts de peinture noire. Oui, vous avez bien lu : ils sont totalement couverts d’une substance noire comme du pétrole brut. Tout au long de la procession du Carnaval, ils offriront une performance qui restera gravée dans votre mémoire pendant un certain temps.

Découvrez-en plus sur la tradition des Lansèt Kòd ici!

Une ligne de danseurs se produisant lors du carnaval à Jacmel, Haïti
Carnaval à Jacmel
Photo: Franck Fontain

9. Carnaval

Le carnaval haïtien est l’un des plus largement reconnus des Caraïbes. Celui organisé à Jacmel a été décrété fête nationale en raison de son attrait artistique, attirant de nombreux touristes chaque année. C’est une manifestation culturelle aux couleurs vives où vous pourrez admirer le talent des artisans haïtiens à travers des thèmes rappelant la flore et la faune du pays.

Cette célébration populaire n’est pas seulement l’occasion pour les artistes et artisans de montrer leurs talents ou d’attirer les visiteurs, mais c’est aussi un moyen pour la population d’exprimer ses problèmes avec les autorités en place. C’est une fête où tous les niveaux de la société se rassemblent sans honte, sans se soucier des barrières sociales.

Si vous souhaitez faire partie des festivités ce février, alors vous feriez bien de vous préparer à faire la fête comme un Haïtien lors du Carnaval de Jacmel.

Un bol de soupe joumou
Soupe Joumou
Photo: Franck Fontain

10. Soup Joumou

Si vous rendez visite à une famille haïtienne le jour du Nouvel An, vous serez agréablement surpris par une pratique culinaire aussi ancienne qu’Haïti : la préparation traditionnelle de la Soupe Joumou. Alors oubliez votre envie de manger autre chose et laissez notre succulente soupe séduire vos papilles.

Préparée à partir d’une base de giraumont (courge turban), d’où la soupe tire son nom, ainsi que de légumes et de tubercules, ce plat est un incontournable dans tous les foyers haïtiens le jour du Nouvel An. Ne soyez pas surpris de voir des gens intégrer la Soupe Joumou à chaque repas servi pendant toute la célébration. C’est tout simplement délicieux.

Cette tradition remonte au 1er janvier 1804, lorsque la jeune nation choisit ce délicieux plat – jusqu’alors réservé aux colonisateurs et invités spéciaux – pour célébrer leur liberté fraîchement acquise.

Vous voulez découvrir ce qui rend la Soupe Joumou si unique ? Plongez dans l’histoire de ce plat et apprenez les bases pour préparer la meilleure Soupe Joumou.

Fête champêtre à Saut d’Eau
Photo: Franck Fontain

11. Fête champêtre

Chaque ville en Haïti a son propre saint patron vers lequel les habitants se tournent pour confesser leurs peines et leurs joies ou formuler des pétitions spéciales. Ces célébrations culturelles des saints patrons, également appelées fêtes champêtres, sont d’un autre niveau.

Indépendamment de leurs croyances religieuses, les habitants d’autres villes provinciales, ainsi qu’une foule de curieux et de touristes, se dirigent vers les villes principales de chaque village pour célébrer la fête dédiée au saint patron.

Aux côtés des pèlerins religieux, il y a aussi les fêtards qui sont là uniquement pour profiter du festival après la Grande Messe de la paroisse locale. Parmi les fêtes champêtres les plus populaires en Haïti figurent les célébrations de Notre-Dame du Mont-Carmel à Saut d’Eau et de Notre-Dame à Petit-Goâve.

Rassemblez-vous avec les locaux et partez en pèlerinage à Saut d’Eau, que ce soit pour des raisons spirituelles ou simplement pour célébrer et faire la fête avec la foule.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en décembre 2022.