Fèt Gede

11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

Groupe Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augustin

11 traditions culturelles haïtiennes que vous ne connaissiez pas

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Si vous savez déjà un peu sur Haïti, vous avez probablement une idée de notre magnifique pays, situé sur l’île enchanteresse d’Hispaniola que nous partageons avec la République Dominicaine. Il est possible, cependant, que vous n’ayez pas encore entendu parler de certaines des traditions culturelles haïtiennes les plus uniques, connues uniquement des locaux.

Pour satisfaire votre curiosité, nous avons rassemblé une sélection de nos traditions les plus anciennes, allant de la vie quotidienne dans nos communautés rurales à l’effervescence de nos villes et à notre riche culture culinaire.

groupe d'Haïtiens assis sur des chaises et sur un porche dans une cour
Récit Krik-krak à Cayes Jacmel
Photo: Anton Lau

1. « Krik-Krak »

Tout vrai Haïtien sait que l’exclamation « krik ? » est toujours suivie d’un excellent « krak », ou histoire, car raconter des contes fait partie intégrante des traditions culturelles d’Haïti. Que ce soit sous une tonnelle en buvant du thé au citronnelle avec de la cannelle ou dans le confort d’une pièce chaude, les plus jeunes se rassemblent autour des plus âgés pour écouter leurs récits d’antan.

Si vous voulez attirer l’attention d’un ami haïtien, profitez de chaque occasion pour lancer un « krik ? » et il répondra inévitablement par un « krak ». Mais attention, votre histoire doit être à la hauteur!

Ça a l’air intéressant, n’est-ce pas ? Découvrez l’histoire de cette tradition unique et l’impact du krik-krak dans la culture haïtienne. De plus, pour une excellente lecture, le livre Krik? Krak! est une compilation de fascinants contes haïtiens d’Edwidge Danticat, l’une des auteures haïtiennes les plus célèbres à ce jour.

Travailleurs dans un konbit aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

2. Konbit

Si vous traversez certaines régions rurales d’Haïti pendant la saison de labour, ne soyez pas surpris de voir tous les villageois travailler ensemble ou sur les terres des uns et des autres. Cette forme d’organisation sociale dans nos sociétés rurales est une part essentielle de notre culture et l’une des plus anciennes traditions haïtiennes qui perdurent jusqu’à ce jour.

Tandis que les hommes manient joyeusement leurs kouto digo (hachettes) et machettes pour déterrer et travailler la terre avant le prochain semis, les femmes préparent les repas. De plus, le mot « konbit » en créole haïtien est devenu un terme utilisé pour désigner la vie en harmonie et les pratiques de voisinage uniques à la communauté haïtienne.

bâtiment peint de couleurs vives dans une communauté vaudou
Lakou Soukri aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

3. Lakou

Imaginez vivre dans une patrie au sein d’une autre, où chaque individu fait partie intégrante d’une société plus large dédiée à un bien commun. En Haïti, un tel lieu est connu sous le nom de lakou. Il est courant de voir des familles haïtiennes partager des espaces communs autour de leurs unités familiales centrales.

Le lakou sert de cocon éducatif dans lequel les plus jeunes membres peuvent apprendre à partager et à vivre en harmonie avec leurs voisins grâce à leurs aînés. Ceux qui grandissent dans la commune ont la responsabilité, un jour, de revenir honorer leur famille, chercher des conseils avisés et s’excuser publiquement auprès des esprits vaudou ou des loas qui pourraient avoir été offensés.

De nombreuses communautés rurales haïtiennes dépendent de l’organisation sociale que les lakou offrent pour avancer dans la vie quotidienne. Elles ne se contentent pas de labourer la terre ensemble, mais partagent aussi et pratiquent leur croyance en le vaudou haïtien. Le culte des esprits est profondément ancré dans le lakou, et des lakou bien connus comme Souvans, Soukri et Badio perpétuent cette tradition culturelle unique à Haïti.

Préparations de Beny Chans à Kabik
Photo: Anton Lau

4. Beny chans

Cela pourrait sembler étrange au premier abord, mais si vous tombez sur un grand bol d’eau rempli d’herbes et de feuilles en voyageant à travers Haïti, alors vous avez rencontré un « beny chans« . Traditionnellement utilisé comme douche d’herbes pour les femmes après l’accouchement, il est également considéré comme une potion pour la chance, pour trouver une âme sœur, voire pour la protection lors d’un voyage qui changera la vie.

Si vous n’avez pas grandi en Haïti, vous pourriez être réticent à plonger vos mains dans ce mélange inhabituel. Pourtant, pour les locaux, cela fait partie intégrante de la culture haïtienne unique – à tel point qu’il ne serait pas surprenant qu’un Haïtien vivant à l’étranger revienne en Haïti pour recevoir cette onction sacrée la veille du Nouvel An.

Vous vous sentez aventureux ? Allez-y, essayez-le. Mais n’oubliez pas de puiser dans vos racines afro-caribéennes avec notre guide pour un retour aux sources.

un prêtre vaudou et un praticien effectuant une danse
Rituel lors d’une cérémonie vaudou
Photo: Pierre Michel Jean

5. Cérémonie vaudou et danse

Voici l’une des traditions culturelles haïtiennes qui éveillera sans doute votre curiosité. Oubliez le concept mainstream d’un groupe de satanistes assoiffés de sang se rassemblant dans une église gothique délabrée – il s’agit là du stéréotype hollywoodien par excellence. Pensez plutôt à une véritable expérience spirituelle où les participants entrent dans un état de transe, en harmonie avec des entités spirituelles puissantes.

La culture haïtienne n’est pas la seule à avoir le vaudou comme pratique religieuse, des rituels similaires sont activement pratiqués dans des endroits comme le « Deep South » en Louisiane ou le pays insulaire africain du Bénin. Dans des pays comme le Brésil et Cuba, la pratique de la santería est encore courante dans de nombreuses communautés. La tradition vaudou haïtienne, cependant, comporte des éléments issus de siècles de syncrétisme, résultant en un mélange des traditions spirituelles africaines, chrétiennes et taïnos.

Le vaudou est une forte tradition culturelle dans l’imaginaire collectif haïtien—et il est présent dans les peintures, la musique, les danses et la littérature haïtiennes. Plus qu’une simple religion ou spiritualité, le vaudou est un patrimoine immatériel que tous les Haïtiens partagent, qu’ils se considèrent comme de véritables pratiquants ou non.

Prêt pour une expérience unique ? Découvrez comment assister à une cérémonie vaudou en Haïti.

homme haïtien vêtu d'une chemise violette avec des os humains célébrant le Fèt Gede
Fèt Gede à Port-au-Prince
Photo: Franck Fontain

6. Fèt Gede

Les morts occupent une place de grande importance dans la vie quotidienne haïtienne, et les honorer constitue l’une des traditions culturelles les plus sacrées. Pour ce faire, tout le mois de novembre est consacré chaque année à des cérémonies visant à apaiser les morts et à communiquer avec eux. Les esprits qui règnent sur le monde des morts dans le panthéon vaudou haïtien sont Bawon Samdi et Grann Brigitte.

Les Gédé symbolisent les esprits de ceux qui sont passés dans l’autre monde. Lors des cérémonies organisées en leur honneur, ils reviennent pour apporter de la joie au peuple avec leurs danses frénétiques et leurs paroles osées.

Chaque célébration haïtienne du jour des morts est remplie d’une aura d’excitation et de mysticisme, que vous pouvez découvrir par vous-même dans ce journal photo d’une célébration de la Fèt Gede aux Gonaïves.

groupe d'Haïtiens marchant en jouant des trompettes lors des festivités de rara
Orchestre rara défilant à Bois Moquette
Photo: Franck Fontain

7. Rara

Toutes les traditions culturelles haïtiennes n’ont pas des origines aussi sombres que celles liées à la mort. En fait, certaines d’entre elles sont plutôt joyeuses, et le Rara en est un parfait exemple. Ces groupes qui défilent à pied dans les rues pendant les week-ends précédant le Carnaval et la période de Pâques constituent l’une des pratiques culturelles les plus connues d’Haïti.

Ces groupes animés de bons vivants jouent divers instruments, tels que le bambou, le vaccin, les cymbales, et parfois même des trompettes et d’autres instruments à vent. Leur répertoire va des parodies de chansons populaires aux chansons originales et celles écrites pour des occasions spéciales.

Chaque groupe est précédé par un homme portant un drapeau, une femme vêtue des couleurs du groupe, et de jeunes filles qui lancent la procession. Suivent les musiciens et le reste du groupe joyeux qui danse au rythme de la musique.

Aujourd’hui, la pratique du Rara n’est pas uniquement propre à Haïti ; d’autres pays des Caraïbes comme Cuba et la République Dominicaine, où elle est connue sous le nom de Gaga, ont adopté cette tradition culturelle en provenance d’Haïti.

Découvrez les véritables origines de la tradition Rara d’Haïti et rejoignez la célébration!

Un groupe de Lansèt Kod à Jacmel
Photo: Jean Oscar Augus

8. Lansèt kòd

Si vous visitez Haïti pendant la période du Carnaval, vous aurez sans aucun doute l’occasion d’être témoin de l’une des traditions culturelles les plus inoubliables : la célèbre procession des Lansèt Kòd. Certains Haïtiens vous diront qu’ils en ont été traumatisés lorsqu’ils étaient enfants. Ces groupes qui envahissent les rues de villes comme Jacmel, Jérémie ou Cap-Haïtien lors des dimanches précédant le Carnaval ont plus que ce qu’il faut pour impressionner.

Vêtus de cornes de taureau sur la tête et de fouets à la main, ces hommes aux muscles saillants et torse nu envahissent les rues, entièrement recouverts de peinture noire. Oui, vous avez bien lu : ils sont totalement couverts d’une substance noire comme du pétrole brut. Tout au long de la procession du Carnaval, ils offriront une performance qui restera gravée dans votre mémoire pendant un certain temps.

Découvrez-en plus sur la tradition des Lansèt Kòd ici!

Une ligne de danseurs se produisant lors du carnaval à Jacmel, Haïti
Carnaval à Jacmel
Photo: Franck Fontain

9. Carnaval

Le carnaval haïtien est l’un des plus largement reconnus des Caraïbes. Celui organisé à Jacmel a été décrété fête nationale en raison de son attrait artistique, attirant de nombreux touristes chaque année. C’est une manifestation culturelle aux couleurs vives où vous pourrez admirer le talent des artisans haïtiens à travers des thèmes rappelant la flore et la faune du pays.

Cette célébration populaire n’est pas seulement l’occasion pour les artistes et artisans de montrer leurs talents ou d’attirer les visiteurs, mais c’est aussi un moyen pour la population d’exprimer ses problèmes avec les autorités en place. C’est une fête où tous les niveaux de la société se rassemblent sans honte, sans se soucier des barrières sociales.

Si vous souhaitez faire partie des festivités ce février, alors vous feriez bien de vous préparer à faire la fête comme un Haïtien lors du Carnaval de Jacmel.

Un bol de soupe joumou
Soupe Joumou
Photo: Franck Fontain

10. Soup Joumou

Si vous rendez visite à une famille haïtienne le jour du Nouvel An, vous serez agréablement surpris par une pratique culinaire aussi ancienne qu’Haïti : la préparation traditionnelle de la Soupe Joumou. Alors oubliez votre envie de manger autre chose et laissez notre succulente soupe séduire vos papilles.

Préparée à partir d’une base de giraumont (courge turban), d’où la soupe tire son nom, ainsi que de légumes et de tubercules, ce plat est un incontournable dans tous les foyers haïtiens le jour du Nouvel An. Ne soyez pas surpris de voir des gens intégrer la Soupe Joumou à chaque repas servi pendant toute la célébration. C’est tout simplement délicieux.

Cette tradition remonte au 1er janvier 1804, lorsque la jeune nation choisit ce délicieux plat – jusqu’alors réservé aux colonisateurs et invités spéciaux – pour célébrer leur liberté fraîchement acquise.

Vous voulez découvrir ce qui rend la Soupe Joumou si unique ? Plongez dans l’histoire de ce plat et apprenez les bases pour préparer la meilleure Soupe Joumou.

Fête champêtre à Saut d’Eau
Photo: Franck Fontain

11. Fête champêtre

Chaque ville en Haïti a son propre saint patron vers lequel les habitants se tournent pour confesser leurs peines et leurs joies ou formuler des pétitions spéciales. Ces célébrations culturelles des saints patrons, également appelées fêtes champêtres, sont d’un autre niveau.

Indépendamment de leurs croyances religieuses, les habitants d’autres villes provinciales, ainsi qu’une foule de curieux et de touristes, se dirigent vers les villes principales de chaque village pour célébrer la fête dédiée au saint patron.

Aux côtés des pèlerins religieux, il y a aussi les fêtards qui sont là uniquement pour profiter du festival après la Grande Messe de la paroisse locale. Parmi les fêtes champêtres les plus populaires en Haïti figurent les célébrations de Notre-Dame du Mont-Carmel à Saut d’Eau et de Notre-Dame à Petit-Goâve.

Rassemblez-vous avec les locaux et partez en pèlerinage à Saut d’Eau, que ce soit pour des raisons spirituelles ou simplement pour célébrer et faire la fête avec la foule.


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en décembre 2022.


Journal photo: Fèt Gede – Une célébration de la vie lors du Jour des Morts

Foule rassemblée dans un cimetière haïtien avec une grande croix pour le rituel de Fèt Gede
Foule rassemblée pour la Fèt Gede aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Fèt Gede : Une célébration de la Vie le Jour des Morts

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Tous les ans, se déroulent en Haïti, tout au long du mois de Novembre, des festivités qui, pour un outsider, peuvent sembler, eh bien, assez étranges ! En particulier, la Fête Gédé (Jour des Morts) et la Toussaint, qui impliquent des processions troublantes vers le cimetière de chaque ville à travers le pays.

La foule qui se rassemble est un groupe varié, composé de personnes simplement curieuses ainsi que de personnes de toutes les différentes confessions, y compris le vodou haïtien. Ils se réunissent pour marcher vers le cimetière principal de chaque ville, tout en suivant le spectacle unique que propose la procession. Et quel est ce spectacle, exactement ? Des pratiquants du vodou pris en possession par les Gede, les esprits pour lesquels ces célébrations éblouissantes en Haïti sont organisées.

Vodouisant tenant une machette et des mouchoirs colorés
Un vodouisant célébrant la Fête Gédé, cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Dans la spiritualité vodou, les Gede sont les esprits des morts. Ils sont responsables d’accompagner les défunts sur le chemin vers l’autre monde, mais aussi de veiller sur les vivants. Ils constituent ainsi le pont entre le monde des vivants et celui des morts. Deux grandes divinités Gede du panthéon vodou haïtien sont Baron Samedi et Grann Brigitte.

pierre tombale dans un cimetière haïtien pendant le rituel de la Fête Gédé
Rituels de la Fête Gédé au cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Ceux qui sont possédés par les esprits gédé donnent le ton à la fête, qui est véritablement carnavalesque. Vous pourriez entendre des mots crus, voir des danses osées et assister à d’autres performances extravagantes. Tout cela offre un grand divertissement pour la foule plus docile qui suit le mouvement.

vodouisant haïtien vêtus de blanc remplissant une bouteille transparente avec un liquide
Un temple vaudou à l’intérieur du cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Enjayée par de l’alcool, ainsi que par des infusions à base de piments forts qu’ils aspergent sur leur corps, la procession se dirige vers le cimetière principal. Saisis par les esprits des morts, les possédés jurent et réalisent une performance tout à fait remarquable.

pierre tombale dans un cimetière haïtien avec deux bouteilles de soda et des fleurs
Offrandes sur une pierre tombale pendant la Fèt Gede, Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Le spectacle de la procession attire une foule considérable, et les possédés se distinguent facilement grâce aux couleurs rituelles de Baron Samedi qu’ils portent (blanc, noir et violet). Certains se couvrent même entièrement de poudre blanche ou dessinent des scènes lugubres sur leur corps. D’autres choisissent de revêtir l’habit préféré de Baron Samedi, qui comprend un chapeau noir, un monocle et une canne. Ensemble, cela crée un véritable Carnaval des Morts qui a lieu chaque année dans les cimetières haïtiens.

vodouisant haïtien vêtus de blanc remplissant une bouteille transparente avec un liquide
Préparation pendant la Fèt Gede aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Ce Festival des Morts, qui comprend des rituels et des danses tout au long du mois de novembre, témoigne du lien intime qui existe entre le monde des vivants et le monde des morts dans la spiritualité vodou. Pour les pratiquants du vodou, la Fête Gédé est en réalité plus une célébration de la vie. Les esprits gede qui reviennent par l’intermédiaire de leurs hôtes lors de la possession peuvent attester de cette façon de penser. Ils sont animés par la joie et sont des esprits qui aiment rire, danser et s’amuser.

pratiquant du vodou haïtien dansant lors du rituel de Fête Gédé, avec une foule qui observe
Pratiquants du vodou pendant la Fête Gédé aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Toutes ces performances extravagantes ont un seul objectif : divertir. Le festival n’est pas un moment de larmes ou de regrets, mais plutôt un temps pour honorer la mémoire des défunts. Cela implique notamment de préparer le festival en nettoyant les cimetières et en rénovant les tombes.

Ceux qui ont navigué vers « le pays sans chapeau » — une expression haïtienne qui signifie « l’au-delà », car personne n’est enterré avec son chapeau — demeurent présents dans la vie quotidienne et sont néanmoins célébrés comme il se doit lors de ce festival qui leur est dédié. Dans la spiritualité vodou, ceux qui ont pris le large pour le monde des morts jouent un rôle important dans la vie de tous les jours. Les esprits de ceux qui ont disparu, portant le nom de Gede, sont respectés comme des gardiens, des conseillers ou des esprits vengeurs par ceux qui restent.

La Fête Gede en Haïti est quelque peu similaire au Jour des Morts tel qu’il est pratiqué dans d’autres régions du monde (par exemple, le Dia de los Muertos). La différence réside toutefois dans la place que les morts occupent dans la croyance vodou et dans le syncrétisme qui sous-tend les différentes croyances des Haïtiens.

cimetière haïtien avec sculpture et ciel bleu parsemé de nuages
Monument pour l’esprit Gede Brav, cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

En tant qu’héritage des traditions africaines ancestrales, le Vodou réserve une place importante à ceux qui ont quitté ce monde pour le suivant. Dans la procession des Gede, différentes personnes incarnent différentes divinités, notamment Baron Samedi, Baron Lacroix, Baron Criminel, Grann Brigitte et tous les autres esprits Gede. Bien plus que de simples gardiens de la mort et des cimetières, les Gede sont aussi des gardiens de la vie.

Ainsi, la célébration de la Fête Gédé n’est pas seulement une commémoration des morts, mais une célébration où les défunts peuvent participer par le biais de la possession sous la forme des esprits Gédé.

haïtiens rassemblés au cimetière pour le rituel vaudou de la Fête Gédé
Une prêtresse vaudou dirigeant une cérémonie pour l’esprit Brav Gédé, au cimetière des Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Au cimetière principal de Port-au-Prince, où se tient chaque année la plus grande itération de ce festival, les catholiques viennent prier pour les âmes de leurs défunts à la petite chapelle de Notre-Dame des Douleurs, les protestants se rassemblent sur les tombes de leurs proches disparus, et les pratiquants du vaudou viennent pour la plus grande célébration de la Fête Gédé dans tout Haïti.

pratiquants vaudous haïtiens allumant une bougie pendant la Fèt Gédé
Un rituel vaudou lors d’une cérémonie durant la Fèt Gédé aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Le festival se situe à la croisée des syncrétismes religieux en Haïti, avec des catholiques et des protestants rejoignant la procession vers les cimetières, chacun adorant à sa manière mais partageant tous les mêmes pensées pour les défunts, pensées teintées des croyances sur lesquelles reposent ces célébrations extraordinaires.

pratiquante vaudou haïtienne au cimetière portant une robe noire et violette
Une cérémonie vaudou pour l’esprit Brav Gede lors de la Fèt Gede, Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

Même si la Fête Gédé se déroule autour de la Toussaint et du Jour des Morts, c’est une célébration très différente de celles que l’on peut voir ailleurs. C’est un véritable moment de communion entre les morts et les vivants, ces derniers apportant du café, du maïs grillé, du manioc, du clairin (rhum) ou le plat préféré de l’être cher disparu.

homme haïtien tenant une partie de crâne humain pour la Fête gede
Fête Gédé aux Gonaïves
Photo: Jean Oscar Augustin

On pourrait même être tenté de dire que la Fête Gede est bien plus qu’un simple ensemble de pratiques fondées sur certaines croyances au sujet de la mort : elle constitue plutôt une véritable philosophie de la vie, une vie qui doit être vécue comme un carnaval. Si nous profitons de chaque instant, ce ne sont pas les Gede qui nous contrediront !


Rédigé par Costaguinov Baptiste.

Publié en octobre 2022.